Investissements : Le Maroc veut séduire

24 décembre 2007 - 01h33 - Economie - Ecrit par : L.A

Longtemps anesthésiés, les opérateurs marocains semblent se réveiller et croire en un potentiel économique qui ne demande qu’à se développer dans leur mère patrie. Plusieurs secteurs présentent d’ailleurs des atouts qui ont convaincu l’étranger. À commencer par le tourisme, secteur en plein essor. Les constructions ou projets d’hôtels poussent comme des champignons. Il faut dire que les autorités ont fait du tourisme leur cheval de bataille, espérant attirer 10 millions d’amoureux du soleil et de l’hospitalité marocaine à l’aube de 2010.

Ce qui est en revanche moins connu, c’est la volonté marocaine de s’inscrire comme incontournables acteurs de secteurs où on ne les attend pas forcément. L’aéronautique en fait partie, avec des centaines de petites mains affairées à la construction des harnais électriques qui équipent les Airbus et bien d’autres avions volant à travers le monde. Le textile a lui aussi réussi à négocier son virage suite à la concurrence asiatique en se recentrant sur la qualité et une réactivité (réassort) que ne peut concurrencer l’Asie.

Dans le domaine des centres d’appel, tout comme en Europe de l’Est, l’attrait du Maroc s’est aussi rapidement fait sentir auprès des acteurs européens.

"Aujourd’hui, le Maroc se détache peu à peu de cette image de pays rural où l’agriculture est l’un des seuls pouvoyeurs de main-d’oeuvre", se réjouit Moulay Hafid Elalamy, président du patronat marocain. "Les investissements se chiffrent désormais en milliards de dirhams et on peut aborder les banques en demandant des millions d’euros de crédit sans se voir claquer la porte au nez. Naturellement, c’est dans le domaine du tourisme que ces investissements sont les plus visibles, avec notamment la construction de 105 hôtels à Marrakech."

La formation, gros point noir

Mais ce qui effraie encore les investisseurs étrangers, c’est le manque de formation du personnel marocain. De nombreuses entreprises ont d’ailleurs développé elles-mêmes des programmes de formation. "C’est un des gros points noirs , concède Moulay Hafid Elalamy. Mais dans de nombreux domaines, notre savoir-faire commence à porter ses fruits. En matière de centres d’appel notamment, nous sommes reconnus pour offrir un niveau de qualité équivalent, si pas supérieur, à ce qui se fait en Europe, pour un coût moindre de l’ordre de 50 à 60 %. De même, en ce qui concerne le textile, la qualité est notre meilleur atout. Ce n’est pas pour rien que Zara a multiplié ses usines au Maroc. Le cycle de vie des produits a également changé, et le Maroc présente une réactivité nettement plus importante que l’Asie à ce niveau. Les délais de commande n’excèdent pas une à deux semaines. La Chine ne peut rivaliser avec nous dans ce domaine."

Ce que les observateurs étrangers espèrent également, c’est que les richesses qui seront ainsi dégagées ne se cantonneront pas aux milieux des investisseurs aisés, alors qu’une grande partie de la population vit toujours dans la pauvreté et l’analphabétisme.

"La difficulté du Maroc, pointe Moulay Hamid Elalamy, c’est que la densité de population est très faible. C’est pourquoi nous essayons de regrouper les habitants en petits centres pour que tous aient accès à l’école. Et il ne faut pas oublier non plus qu’en augmentant notre pouvoir d’attraction auprès des investisseurs, nous créerons de l’emploi et de la richesse. Les sociétés qui réaliseront de gros bénéfices paieront donc aussi beaucoup d’impôts. C’est cet argent réinvesti qui permettra à tout le peuple marocain d’élever son niveau de vie."

La Dernière Heure - V. S.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Investissement - Sous-traitance - Offshoring - Moulay Hafid Elalamy

Ces articles devraient vous intéresser :

Des centaines de milliards de dirhams pour transformer le Maroc

Le Maroc accélère la transformation de ses infrastructures dans la perspective de la Coupe d’Afrique des nations 2025 et de la Coupe du monde 2030. Des investissements importants sont mobilisés pour soutenir les projets d’envergure en cours et à venir.

Le Palace de La Mamounia change de mains

Le géant mondial du phosphate, OCP, est devenu l’actionnaire majoritaire de l’hôtel La Mamounia à la suite de la cession par l’État de sa part dans l’établissement. Cette opération s’inscrit dans le cadre de la politique de désinvestissement des actifs...

Achraf Hakimi transforme son amour du Maroc en bijou

Après l’hôtellerie, Achraf Hakimi, latéral droit marocain du PSG, qui a fraîchement décroché sa première Ligue des champions, investit dans la joaillerie, en donnant vie à un collier qui rend hommage à ses racines marocaines.

Vols chers, procédures lourdes : les raisons d’un désamour des MRE

Des groupes parlementaires critiquent le ministre de l’Investissement et de la Convergence des politiques publiques, Karim Zidane, à cause de ce qu’ils ont qualifié de participation « faible » des Marocains du monde aux investissements.

MRE : des milliards qui boostent les banques, mais pas l’économie

Malgré leur hausse continue, les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) ne contribuent pas à la croissance économique du Maroc, révèle un récent rapport gouvernemental, notant que la part de ces fonds dédiée à l’investissement reste...

Le Maroc courtise l’argent des MRE, mais ignore leurs revendications politiques

Le récent remaniement ministériel a confirmé le peu d’intérêt du gouvernement pour les revendications de la communauté marocaine établie à l’étranger. Malgré les appels à la création d’un ministère dédié, le gouvernement n’a pas jugé bon de répondre à...

Maroc : ces logements désertés par les MRE

Le Maroc fait face à un phénomène croissant : celui des « logements fantômes ». Selon les estimations, plus de 2 millions d’appartements seraient inoccupés dans le pays. Un chiffre qui donne le vertige, alors même que l’accès au logement demeure un...

Une feuille de route ambitieuse pour le tourisme marocain

Le Maroc va investir cette année 8 milliards de dirhams dans l’hébergement touristique, ce qui lui permettrait de disposer de 7 700 lits supplémentaires, a déclaré lundi Fatim Zahra-Ammor, la ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie...

Les transferts des MRE mal utilisés ?

Les transferts de fonds des Marocains de la diaspora contribuent à la stabilité macroéconomique du Maroc, relève une récente note d’orientation publiée par le Bureau sous-régional pour l’Afrique du Nord de la Commission économique des Nations Unies...

Immobilier en Espagne : les Marocains parmi les principaux acheteurs

Le marché immobilier espagnol reste un eldorado pour les investisseurs étrangers. Selon les dernières données, ces derniers ont acquis 15 % des logements vendus au cours du dernier trimestre, soit un point de plus qu’il y a dix ans. Parmi eux se...