Comment des « investisseurs » étrangers ont planté le Maroc

7 avril 2009 - 10h36 - Economie - Ecrit par : L.A

Depuis plusieurs semaines, les informations se multiplient sur l’arrêt des travaux de plusieurs grands chantiers lancés en grande pompe les années précédentes. Colony Capital à Taghazout, Sama Dubaï à Rabat (Bouregreg), Renault Nissan à Tanger, Emaar à l’Oukaïmedden, Rabat, Tanger et Casablanca, Al Qudhra Holding à Bouznika et Larache, sont les plus couramment cités, mais bien d’autres seraient ainsi mis en sommeil, voire carrément annulés.

Bien évidemment, les pouvoirs publics restent très discrets sur ce scandale qui tendrait à prouver que notre cher gouvernement a bel et bien été berné par des investisseurs peu sérieux, voire des groupement (pour certains venus d’Orient), qui auraient voulu essentiellement spéculer grâce au foncier acquis à bas prix plutôt que d’engager réellement des projets de développement infrastructurel ou touristique, d’aménagement territorial ou des ensembles immobiliers.

L’effet d’annonce a vécu et c’est avec une amertume certaine que les citoyens, qui se baladent aux abords de nos grandes villes, constatent la présence de grands panneaux annonçant telle ou telle réalisation qui, en vérité, ne verra jamais le jour.

Le Maroc, tel un gogo, est donc tombé dans le panneau et ces arnaques qui ne devraient pas rester impunies ou dissimulées. Des responsabilités, sans aucun doute, devraient être déterminées et assumées, notamment par ceux qui ont pris le risque d’engager la signature de l’Etat, sa crédibilité, sa réputation, mais aussi ses institutions, des terrains et des fonds dans des opérations quasiment fictives !

Si l’on peut comprendre, en raison des l’impact de la crise financière et économique internationale, le report probable de certains grands projets tel celui du terminal Tanger Med II, fruit d’un partenariat entre le groupe Akwa et le Danois APM, le lâchage de Nissan (parti investir en Espagne) au détriment du site de Tanger pour lequel Renault est toujours officiellement engagé, ce sont les grosses opérations foncières et immobilières d’opérateurs, prétendument riches et puissants, originaires du Golfe qui interpellent aujourd’hui les pouvoirs publics. De même, les défaillances d’aménageurs occidentaux flamboyants, candidats dans le cadre du Plan Azur, ne devraient plus être passées sous silence par un gouvernement embarrassé et pris à son propre piège des effets d’annonces surdimensionnés.

Ainsi, qu’en est-il vraiment aujourd’hui de l’avenir de la station prévue à Taghazout. Colony Capital, à qui on a fait les yeux doux pendant des mois et des mois, est-il toujours dans la course ? Ne sait-on pas, en haut lieu, que ses managers auraient récemment fait le tour des aménageurs développeurs locaux et des fonds d’investissements touristiques et hôteliers pour leur céder le projet ?

Pour plusieurs observateurs avertis et des acteurs importants du secteur, les jeux seraient faits et le show récent du PDG de Colony avec plusieurs haut responsables gouvernementaux à Agadir n’était , en fait, que « le chant du cygne »…

Il serait donc fortement question que Taghazout retombe dans l’escarcelle d’un opérateur national de premier ordre, lequel, d’ailleurs, avait été à l’origine de ce projet avant d’être évincé par le groupe Dallal Baraka qui, par la suite, prouva avec un éclat particulier son incompétence…

Mais ce qui vaut pour Colony vaut également pour le Belge Thomas et Piron, partenaire des projets Port Lixus (Larache) et actionnaire de la SAEMOG (Essaouira Mogador) et de la SAVO (Ouarzazate). Celui qui était arrivé au Maroc en fanfare, accompagné du Batave Orco, (qui a été le premier à jeter l’éponge après de juteuses plus-values au bon moment), précédé de sa réputation de spécialiste des parcours golfiques, est désormais out et c’est le Groupe Alliances Développement International, que dirige M. Alami Lazraq, qui sauve les trois projets. En effet, ADI s’est porté acquéreur de 83,5% de Port Lixus, 20% de la SAEMOG (où évolue Risma) et 20% de SAVO, accompagné d’un autre opérateur touristique et hôtelier marocain, le fonds H Partners, co-brandé par Attijariwafa bank et la Banque Populaire.

On retiendra donc de ces péripéties, que le Maroc, qui a un temps cru en l’apport extérieur en capital et en expertise, pour le tourisme, l’aménagement territorial ou l’immobilier, doit en réalité compter sur ses propres forces et quelques opérateurs de qualité qui sont présents au Maroc depuis longtemps tel Accor, actionnaire du fonds Risma et premier hôtelier du Royaume, la Somed ou le CMKD. Les « gros » investisseurs et autres « grands professionnels » venus de Dubaï, de Bruxelles, d’Amsterdam ou de Madrid (Fadesa) sont sortis en catimini, non sans réaliser, pour la plupart, de belles affaires... Un tel scandale restera-t-il impuni ?

Alliances, le chevalier blanc

Alliances Développement International s’affirme désormais comme le premier aménageur et développeur national, mais aussi comme le premier groupe immobilier et touristique intégré du pays. Il agit ainsi quasiment en chevalier blanc et prouve que la réalité de l’heure s’exprime par la montée en puissance, les capacités financières et techniques et l’expertise de groupes nationaux opérant de longue date dans leurs métiers de base, eux qui sont aptes à s’allier avec les meilleurs et les plus sérieux des étrangers.

La longue relation qui unit par exemple Alliance à Accor n’est un secret pour personne et a permis à l’un et l’autre partenaires de réaliser de grands projets, dans le tourisme et l’hôtellerie à Casablanca, Marrakech, Ouarzazate, Agadir, Essaouira, etc. C’est sans doute pour cela que M. Yann Caillère, numéro 2 d’Accor, a fait l’éloge de M. Alami Lazraq lors de l’inauguration récente du Suitehôtel de Marrakech, au moment où ADI entrait dans la SAEMOG, et pourrait apporter une participation précieuse dans d’autres projets (Sofitel Agadir notamment).

Source : La Nouvelle Tribune - Fahd Yata

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Sujets associés : Investissement - Tanger Med - Bouregreg - Plan Azur - Crise économique

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