Le Normalien de 41 ans, Maël Renouard a choisi de consacrer son premier roman au monarque marocain, Hassan II, mort depuis plus de 20 ans, mais qui continue de susciter admiration au Maroc et dans le monde. « Au départ, je voulais écrire un petit texte sur Moulay Ismaël. Mais quand j’ai découvert, en me documentant, que Hassan II avait réinstauré une charge d’historiographe du royaume, j’ai trouvé cela très poétique en quelque sorte… », confie-t-il à Jeune Afrique.
L’ouvrage montre un effort poussé de recherche documentaire sur la vie et les œuvres du roi Hassan II et une connaissance pointue de la monarchie marocaine. Pour arriver à une telle précision dans le récit, l’auteur s’est abreuvé à la source des livres écrits par le monarque lui-même, notamment « Le Défi » et « La Mémoire d’un roi » où il parle de sa formation, du Collège royal, du coup d’État des aviateurs. Il a aussi consulté d’autres ouvrages comme « Échec au roi » de François Pédron ou la biographie écrite par Ignace Dalle. Mais, nuance-t-il, « mon livre s’écarte légèrement de la réalité. Il contient des invraisemblances », rappelant qu’il s’agit bien d’une fiction. Dans ce récit de l’historiographe imaginaire du roi Hassan II (Abderrahmane Eljarib de son nom), l’auteur attribue au monarque un certain humour, précisant toutefois que « chez un homme doté d’un pouvoir si absolu, la frontière entre l’humour et la cruauté est très facilement franchie ».
« Rien n’est plus difficile que de cerner et de présenter un chef d’État devenu un grand personnage de l’histoire. Dans ce livre, je ne cherche pas à tracer toute la biographie de Hassan II, ni à rentrer dans sa psychologie », ajoute l’auteur. Une partie du livre révèle d’ailleurs l’un des traits de la personnalité du monarque. Il est décrit par Morgiane, un autre personnage du roman qui s’adressait à l’historiographe : « Il méprise ceux qui le flattent, il déteste ceux qui lui résistent. Aucun rapport avec lui n’est possible. Qu’il ait affaire à un courtisan de basse espèce, et il est impatient de trouver quelqu’un avec qui exercer son intelligence d’égal à égal ; mais qu’il soit en compagnie d’un homme qui ne lui cède en rien par l’esprit, et il est impatient de l’anéantir, car personne ne doit risquer de lui faire de l’ombre ».
Pour l’auteur, le roi Hassan II, comme tout dirigeant, a « ses parts d’ombre ». « Ces genres de dirigeants laissent souvent des traces profondes dans la mémoire collective », conclut l’auteur qui rappelle que Hassan II a régné pendant 39 ans, le plus long règne après Moulay Ismaël, dont le règne a duré 55 ans, ce qui lui vaut d’ailleurs le surnom de « roi soleil ».