Disparition de Mehdi Ben Barka : 55 ans après, le mystère demeure entier

30 octobre 2020 - 21h30 - France - Ecrit par : J.K

29 octobre 1965, c’était la dernière fois qu’était vu Mehdi Ben Barka, à Paris. La France et le Maroc n’ont jamais expliqué les circonstances de l’enlèvement et de la disparition du principal opposant d’Hassan II, dont le centenaire de naissance et en même temps, les 55 ans de disparition, n’ont pu être commémorés, en raison de la crise sanitaire.

Il y a exactement 55 ans, que Mehdi Ben Barka a été enlevé et embarqué dans un véhicule devant la grande brasserie Lipp, boulevard Saint-Germain à Paris, rappelle La Croix, ajoutant que l’homme, âgé de 45 ans à l’époque, était un militant anticolonialiste, chef de file du mouvement tiers-mondiste, et le plus célèbre opposant aux rois Mohamed V et Hassan II. Son corps n’a jamais été retrouvé.

La juge Ariane Amson, précisément, la onzième, vient d’être chargée d’instruire l’affaire Ben Barka, la plus dense instruction judiciaire toujours ouverte, entourée depuis des décennies, du sceau du secret d’État des deux côtés de la Méditerranée. Cette affaire " n’est pas seulement l’histoire d’un crime politique crapuleux (…) ; elle est une tache d’indignité ", qui salit la France et le Maroc, a déclaré le poète marocain Abdellatif Laâbi.

En 2007, quatre mandats d’arrêt internationaux ont été lancés contre des Marocains impliqués dans l’affaire ; sans succès, à cause du manque de volonté de la France et du Maroc. Actuellement, deux sont vivants, mais très âgés : le général Benslimane, ancien chef de la gendarmerie royale et Miloud Tounsi, alias Chtouki, ex-agent des services secrets, condamné par contumace en 1967, cite la même source. "Voudront-ils seulement soulager leur conscience avant de mourir ? ", se demande Bachir Ben Barka, fils de Mehdi Ben Barka, ajoutant : « Nous avons envoyé trois courriers au président-Macron- qui n’a jamais voulu nous recevoir ».

"Il n’y a rien à attendre du côté marocain, la rancune d’État terrifiante qui prévalait du temps d’Hassan II à l’encontre des opposants, fait malheureusement son retour ces dernières années, sous le règne de Mohammed VI" se désole Abdellatif Laâbi.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Droits et Justice - Mehdi Ben Barka - Disparition - Enlèvement

Aller plus loin

Accusations d’espionnage : de nouvelles révélations sur Mehdi Ben Barka

Suite au démenti de Bachir Ben Barka, fils de Mehdi Ben Barka, chef de file du mouvement tiers-mondiste, le chercheur tchèque Jan Koura, professeur adjoint à l’Université...

Un ancien juge d’instruction accuse le Maroc d’être derrière ses ennuis judiciaires

Patrick Ramaël, ancien juge d’instruction dans l’affaire Mehdi Ben Barka, le chef de file du mouvement tiers-mondiste, et plus célèbre opposant aux rois Mohammed V et Hassan II,...

Elle met en scène sa disparition pour échapper à un mariage difficile

Il y a quelques jours, Rabia H., 29 ans, et originaire de Genk (Limbourg) disparaît sans laisser d’autres traces, que sa voiture retrouvée dans le canal Albert. Même si les...

Réaction de l’USFP suite aux troublantes révélations sur Mehdi Ben Barka

Les troublantes révélations faites sur le militant anticolonialiste Mehdi Ben Barka, chef de file du mouvement tiers-mondiste et panafricaniste suscite des réactions de la part...

Ces articles devraient vous intéresser :

Corruption au Maroc : des élus et entrepreneurs devant la justice

Au Maroc, plusieurs députés et élus locaux sont poursuivis devant la justice pour les infractions présumées de corruption et d’abus de pouvoir.

Maroc : 30 députés éclaboussés par des affaires de corruption

Au total, 30 députés marocains sont poursuivis par la justice en leur qualité de président de commune pour leur implication présumée dans des affaires de corruption, de dilapidation de deniers publics, de chantage, et de falsification de documents...

Hassan Iquioussen vs Gérald Darmanin : la justice se prononce aujourd’hui

Le tribunal administratif de Paris examine l’arrêté d’expulsion de Hassan Iquioussen, pris par le ministère de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en juillet 2022. Cette audience déterminante permettra de statuer sur la possibilité de l’imam de revenir en...

Au Maroc, le mariage des mineures persiste malgré la loi

Le mariage des mineures prend des proportions alarmantes au Maroc. En 2021, 19 000 cas ont été enregistrés, contre 12 000 l’année précédente.

Un agriculteur espagnol attaque la famille royale marocaine

Le Tribunal de l’Union européenne a entendu mardi les arguments de l’entreprise Eurosemillas, spécialisée dans la production de semences sélectionnées, qui demande l’annulation de la protection communautaire des obtentions végétales pour la variété...

Les cafés et restaurants menacés de poursuites judiciaires

Face au refus de nombreux propriétaires de cafés et restaurants de payer les droits d’auteur pour l’exploitation d’œuvres littéraires et artistiques, l’association professionnelle entend saisir la justice.

Maroc : un ministre veut des toilettes pour femmes dans les tribunaux

Le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, s’est indigné face à l’absence de toilettes pour les femmes dans les tribunaux, ce qui selon lui constitue un « véritable problème » pour les détenues.

Maroc : plus de droits pour les mères divorcées ?

Au Maroc, la mère divorcée, qui obtient généralement la garde de l’enfant, n’en a pas la tutelle qui revient de droit au père. Les défenseurs des droits des femmes appellent à une réforme du Code de la famille pour corriger ce qu’ils qualifient...

Affaire "Hamza Mon Bébé" : Dounia Batma présente de nouvelles preuves

La chanteuse marocaine Dounia Batma confie avoir présenté de nouveaux documents à la justice susceptibles de changer le verdict en sa faveur.

Immobilier au Maroc : bonne nouvelle pour les nouveaux acquéreurs

Des changements ont été opérés pour impacter positivement le secteur de l’immobilier. Le délai prévu dans l’article 573 relatif à l’introduction d’une action en justice pour défaut de garantie n’est plus limité à 365 jours.