Maroc : un magistrat sévèrement sanctionné

5 février 2025 - 10h00 - Maroc - Ecrit par : P. A

Le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire vient d’ordonner la révocation d’un juge exerçant dans un tribunal de première instance, condamné pour corruption. Le magistrat a été pris en flagrant délit, alors qu’il recevait la somme de 500 dirhams de la part d’un citoyen en échange de la restitution de son permis de conduire.

Les faits remontent au mois de mars 2021, lorsque le juge, alors vice-président d’un tribunal de première instance du royaume, avait arrêté sur la route un automobiliste et saisi son permis de conduire, au motif qu’il avait commis des infractions au Code de la route. Le magistrat a réclamé la somme de 500 dirhams avant de lui restituer son permis. Se sentant lésé, le citoyen a rapporté les faits à la police qui a tendu un piège au juge. C’est ainsi que le magistrat a été pris en flagrant délit de réception de la somme de 500 dirhams exigés à l’automobiliste. Il a été immédiatement présenté devant le juge d’instruction qui a ordonné l’ouverture d’une enquête.

Lors de son audition, le prévenu a déclaré avoir demandé cette somme d’argent pour réparer les dommages subis par son véhicule suite à l’accident survenu avec la voiture du citoyen. Une réponse qui n’a pas convaincu les enquêteurs, le juge n’ayant apporté aucune preuve de l’accident présumé. En février 2022, le magistrat sera condamné pour escroquerie par le tribunal de première instance compétent à une peine d’un an de prison avec sursis et une amende comminatoire de 2 000 dirhams. Un jugement qui sera confirmé par la Cour de cassation.

À lire : Maroc : un magistrat en prison pour corruption

Également saisi du dossier, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire vient de rendre sa décision. Se fondant sur les articles 37 et 40 du statut général de la magistrature, le Conseil a décidé de révoquer le magistrat, estimant que son acte constitue un manquement grave à ses obligations professionnelles et une atteinte à l’honneur de la magistrature. « La dignité et les autres principes qui forment l’éthique judiciaire sont des obligations inhérentes au juge, tant dans sa vie professionnelle que personnelle… », peut-on lire dans la décision.

Le Conseil a souligné que « le manquement d’un juge aux principes d’honneur et de déontologie judiciaire, ou à l’un d’eux, ne porte pas seulement atteinte au juge en faute, mais peut également nuire à l’ensemble du corps judiciaire. Un tel comportement est susceptible d’éroder la confiance dans le pouvoir judiciaire, qui est censé être le garant des droits et des libertés, et pourrait ainsi compromettre la sécurité juridique et judiciaire des citoyens ». Cette décision, ajoute le Conseil, vise à « consolider les principes de transparence et d’intégrité au sein du système judiciaire marocain et de lutter contre toutes les formes de corruption susceptibles d’affecter le prestige de l’autorité judiciaire ».

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Droits et Justice - Corruption

Aller plus loin

Un haut magistrat marocain condamné pour corruption

Le substitut du procureur général du roi de Tanger, précédemment arrêté en flagrant délit de corruption, a été condamné par la Cour d’appel de Rabat à une peine de 6 mois de...

Maroc : un magistrat en prison pour corruption

Accusé de corruption et d’abus de pouvoir entre autres, le substitut du procureur près le tribunal de première instance d’Inzegane a été placé en détention provisoire, sur ordre...

Corruption au Maroc : un magistrat sous les verrous

Soupçonné de faits de corruption et de falsification de documents officiels, un magistrat appartenant à un réseau criminel a été arrêté puis placé en détention préventive, dans...

Maroc : un magistrat en prison pour corruption

Le substitut du procureur général du Roi près la cour d’appel de Tanger, récemment arrêté pour « abus de pouvoir », « corruption » et « chantage », vient d’être placé en...

Ces articles devraient vous intéresser :

Mohamed Ihattaren rattrapé par la justice

Selon un média néerlandais, Mohamed Ihattaren aurait des démêlés avec la justice. Le joueur d’origine marocaine serait poursuivi pour agression et tentative d’incitation à la menace.

Affaire "Hamza Mon Bébé" : Dounia Batma présente de nouvelles preuves

La chanteuse marocaine Dounia Batma confie avoir présenté de nouveaux documents à la justice susceptibles de changer le verdict en sa faveur.

Affaire de viol : Achraf Hakimi devant le juge

L’international marocain du Paris Saint-Germain, Achraf Hakimi, a eu affaire à la justice ce vendredi matin, en lien avec une accusation de viol portée contre lui.

Corruption au Maroc : les chiffres qui révèlent l’étendue des dégâts

Une étude de l’Instance Nationale de la Probité, de la Prévention et de la Lutte contre la Corruption (INPPLC) dresse un état des lieux préoccupant de la corruption au Maroc.

Mohamed Ihattaren risque d’aller en prison

L’avocat de Mohamed Ihattaren, Hendriksen, confirme que le joueur d’origine marocaine est poursuivi en justice pour légère violence envers sa fiancée Yasmine Driouech en février dernier. La date de l’audience n’est pas encore connue.

Maroc : des biens et des comptes bancaires de parlementaires saisis

Au Maroc, les parquets des tribunaux de première instance ont commencé à transmettre aux nouvelles chambres chargées des crimes de blanchiment d’argent les dossiers des présidents de commune et des parlementaires condamnés pour dilapidation et...

Corruption : Rachid M’barki reconnaît les faits

Après avoir juré, sous serment, en mars dernier devant la commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, n’avoir jamais perçu de rémunération occulte en contrepartie de la diffusion d’informations erronées ou très orientées pour...

Affaire Rachid M’Barki : les ramifications d’un réseau d’influence

L’affaire Rachid M’Barki du nom de l’ex-présentateur franco-marocain du journal de la nuit de BFMTV, mis en examen pour « corruption passive » et « abus de confiance » n’a pas fini de livrer tous ses secrets.

Ce fléau qui fait mal au Maroc

Malgré l’adoption en 2015 de la stratégie nationale de lutte, la corruption ne recule pas au Maroc en raison de principales résistances rencontrées, aussi bien au niveau intra-étatique que dans l’ensemble de la société, et en particulier dans le...

Sentiment d’insécurité au Maroc : un écart avec les statistiques officielles ?

Au Maroc, la criminalité sous toutes ses formes est maitrisée, assure le ministère de l’Intérieur dans un récent rapport.