L’investissement privé est en chute libre au Maroc. C’est du moins ce que révèle la banque mondiale dans son nouveau rapport de suivi de l’économie marocaine.
Les intentions des investisseurs italiens sur le Royaume sont on ne peut plus claires. M. Umberto Tromboni, Secrétaire Général du Comité des Opérateurs Italiens au Maroc (COIM), révèle à nos lecteurs l’importance des investissements italiens dans le pays, et les secteurs ciblés. Par ailleurs, il se félicite des avancées accomplies par le Maroc dans les facilitations de toutes sortes. Seul bémol, il déplore que nombre des PME ont quelquefois des difficultés à faire valoir leurs droits devant la justice. Certes, les investissements italiens, à hauteur de 70 milliards de Dhs seulement, paraissent insignifiants par rapport aux 533,6 milliards de Dhs d’Investissements Extérieurs Directs, mais l’élan reste encourageant.
La Nouvelle Tribune : Quels sont les niveaux actuels des investissements italiens au Maroc ?
D’abord, je voudrais souligner que le COIM, Comité des Opérateurs Italiens au Maroc, est une association professionnelle multisectorielle d’entreprises, de cabinets comptables et de bureaux d’études marocains, dans lesquels une part ou la totalité du capital est d’origine italienne. Le but de l’association (non lucratif) est de constituer un lieu de rencontre pour les entreprises italiennes au Maroc et de créer ainsi des synergies permettant de promouvoir les intérêts des Adhérents et contribuer à l’image positive de l’Italie au Maroc.
Cela dit, les données statistiques plus récentes (2003) concernant nos adhérents, montrent que les entreprises membres du COIM cumulent à peu prés 14.000 salariés et le chiffre d’affaires global atteint 6,1 milliards de Dhs. Le capital social globalement investi est d’environ 1,5 milliard de Dhs, dont 56 % d’origine italienne.
En ce qui concerne les investissements italiens en général, la Délégation Commerciale Italienne (ICE) de Casablanca a récemment publié les données relatives au premier semestre 2004 : sur un total de 533,6 milliards de Dhs d’investissements étrangers, seulement 70 milliards (13%) sont d’origine italienne.
Existe-t-il des secteurs qui sont plus privilégiés que d’autres ?
En faisant référence aux mêmes analyses statistiques, les adhérents au COIM sont presque équitablement repartis en quatre secteurs : Bâtiment, Industrie, Services et Commerce. Par effectif et chiffre d’affaires, le secteur de l’Industrie réalise la part du lion avec 81% et 78 % respectivement, suivi par le Bâtiment (11 % et 7 %), les Services (5 % et 10 %) et le Commerce (3 % et 5 %).
En général, le secteur industriel demande des investissements conséquents et pour cela, les entreprises sont peu nombreuses, mais de grande taille. Pour n’en citer que quelques-unes, les suivantes sont des entreprises qui emploient, chacune, environ mille à quatre mille salariés : ST MICROELECTRONICS (construction de composants électroniques), CIMENTS DU MAROC du ITALCEMENTI GROUP (ciment et béton), SEWS CABIND MAROC (faisceaux de câbles pour véhicule automobile), CRISTALSTRASS (lustres et cristallerie).
Ces données se réfèrent aux entreprises qui adhérent au COIM, mais elles reflètent aussi les données générales sur les entreprises italiennes au Maroc publiées par la Délégation Commerciale Italienne (ICE) de Casablanca, qui se situe au premier rang des investissements du secteur bancaire, suivi par l’immobilier, l’industrie et le tourisme.
Dans vos rapports avec le pays hôte quels genres d’entraves rencontrez-vous ?
Les entreprises qui adhèrent au COIM sont de droit marocain et de ce fait nos entrepreneurs rencontrent les mêmes obstacles que leurs homologues marocains, avec de surcroît quelques désavantages liés à leur nationalité d’origine et aux différents lieu d’implantation : ils ne sont pas marocains et donc ils sont exclus d’emblée des facilitations accordées aux nationaux par les lois marocaines, mais n’étant pas résidents en Italie, ils sont dans l’impossibilité de bénéficier des mesures d’incitation économique prévues par le gouvernement italien.
Une enquête visant à identifier les principales difficultés rencontrées par les membres du COIM avait été réalisée il y a trois ans. Bon nombre des obstacles cités ont été levés grâce aux récentes initiatives du gouvernement marocain. Je citerai la réduction des droits de douane, la nouvelle loi sur les contrats de travail, les aides financières pour la formation professionnelle des salariés. Néanmoins, l’un des nœuds le plus souvent cité par nos adhérents, qui sont, rappelons-le, des petites et moyennes entreprises, demeure la difficulté de faire valoir ses droits devant la justice.
De plus, récemment, quelques-uns de nos membres ont connu l’impasse, dans leurs relations avec la Douane, à cause du redressement de la valeur imposée par l’Administration et des modalités de présentation des cautions. Sur ce point, l’Administration des Douanes s’est montrée disponible à discuter et à expliquer les nouvelles modalités de fonctionnement ; cette ouverture représente sans doute un élément rassurant pour nos adhérents.
Daouda MBaye - La Nouvelle Tribune
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