La Mosquée de Paris rencontre quelques déconvenues électorales

8 avril 2003 - 12h11 - France - Ecrit par :

« La satisfaction était générale », rapporte le cabinet de Nicolas Sarkozy. Dans la nuit de dimanche à lundi, ils étaient donc heureux, comme pour les « vraies » élections, les responsables des différentes fédérations musulmanes, réunis au ministère de l’Intérieur jusqu’à 23 heures afin de valider les résultats des premières régions ayant voté pour le CFCM, le Conseil français du culte musulman.

Pourquoi se fâcher ? Ce premier tour ne concernait que huit circonscriptions régionales, seulement 199 lieux de culte, soit 20% du futur CFCM. Malgré la guerre en Irak, qui pouvait laisser craindre un désintérêt, voire un boycott de cette consultation, le taux de participation a été particulièrement élevé, de l’ordre de 87%. Mais, hormis en Alsace et dans les deux départements franciliens des Yvelines et du Val-d’Oise, les grandes régions de peuplement d’origine musulmane n’étaient pas concernées par ce scrutin. Le Nord-Pas-de-Calais, l’Ile-de-France, Rhône-Alpes, la Lorraine et la région Paca voteront dimanche prochain. Dans ces conditions, il est difficile de tirer des conclusions définitives sur les forces et faiblesses de telle ou telle fédération islamique en France.

Si l’on s’en tient au petit échantillon électoral sélectionné dimanche dernier, la compétition semble devoir se réduire à un match entre la FNMF, la Fédération nationale des musulmans de France, et l’UOIF, l’Union des organisations islamiques de France. La première défend les intérêts d’un islam d’origine marocaine, la FNMF s’appuyant sur les représentations consulaires de ce pays. La seconde, l’UOIF, structurée idéologiquement par le fondamentalisme des Frères musulmans, tente de dépasser les clivages entre l’Algérie et le Maroc, grâce à un maillage militant que pourrait envier feu le Parti communiste. Derrière, font plutôt bonne figure les musulmans d’origine turque, regroupés par une logique identitaire sur les listes du CCMTF, le Comité de coordination des musulmans turcs de France, lié à Ankara. Au vrai, seules les listes de la Grande Mosquée de Paris, soutenue par l’Algérie, semblent à la peine.

Ainsi la Mosquée a-t-elle fait pâle figure dans les Yvelines et dans le Val-d’Oise, département où elle bénéficiait a priori de relais à Argenteuil et Pontoise. Ce sont les « Marocains » qui l’ont ici emporté. Mais sous couvert de l’étiquette FNMF, un élu de la mosquée salafiste des Mureaux vient d’être désigné. La Mosquée de Paris a également subi un revers dans la région Centre. Pour le plus grand profit, encore, de la FNMF. Mais, en l’occurrence, c’est encore un intégriste, membre du Tabligh, qui a profité de cette liste « marocaine ».

En Alsace, c’est l’UOIF qui a avancé ses pions. L’entente entre le « marocain » Abdellah Boussouf et les « turcs » proches d’Ankara du CCMTF a été contre-productive. En s’alliant aux intégristes turcs du Milli Görüs, bien structurés à Strasbourg, l’UOIF a réalisé un score inespéré.

Dans son fief d’Aquitaine, l’UOIF, qui bénéficie de l’implantation des étudiants musulmans de Bordeaux, a réalisé un carton plein. Les travailleurs ruraux d’origine marocaine, pourtant nombreux en Gironde et dans le Lot-et-Garonne, ne sont pas parvenus à contrebalancer l’islam citadin de l’UOIF.

La Bretagne, les Pays de la Loire, le Limousin, le Centre et, à plus forte raison, la Corse sont des régions où la population musulmane est trop faible pour qu’on puisse tirer des enseignements de ce premier tour. Dans l’Ouest, les « algériens » sont peu nombreux, ce qui ne pouvait que handicaper la Mosquée de Paris. « Marocains » et « turcs » étaient sans doute surreprésentés dimanche dernier. En deçà de ces clivages « nationaux », on peut d’ores et déjà se demander si l’islam le plus rigoriste ne sortira pas gagnant de ces élections organisées par la République.

Source : http://www.figaro.fr/

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Religion - Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) - Elections

Ces articles devraient vous intéresser :

Des prières rogatoires dans les synagogues marocaines

Après les mosquées, c’est au tour des synagogues au Maroc d’accueillir des prières rogatoires en faveur de la pluie.

Voici la date de l’Aïd al-Adha 2023 au Maroc

Les calculs astronomiques indiquent que la fête de l’Aïd al-Adha 2023 sera célébrée au Maroc cet été. Quelle date retenir ?

Maroc : les salaires des imams vont augmenter

Les imams au Maroc verront leur allocation augmenter de façon progressive pendant les quatre prochaines années. Le roi Mohammed VI en a donné l’instruction, selon le ministère des Habous et des Affaires islamiques

Zakat Al Fitr : voici le montant à payer en France

Le Conseil Français du culte Musulman (CFCM) vient d’annoncer la date du début du ramadan en France, qui commence le 10 mars 2024. Il vient également de donner le montant de la Zakat Al Fitr que devront payer les musulmans en France.

Maroc : ils paient les dettes des plus pauvres

De jeunes Marocains, influenceurs, artistes et personnalités sont à l’origine d’une initiative visant à soutenir les familles dans le besoin en cette période de ramadan, mais aussi à les aider à éponger leurs dettes.

Début de Ramadan au Maroc : décision ce mercredi

Alors que la majorité des pays musulmans débutent officiellement le ramadan ce jeudi 23 mars 2023, les Marocains, eux, devront attendre ce soir la décision du ministère des Habous et des Affaires islamiques.

Gad Elmaleh évoque « le modèle marocain de fraternité judéo-musulmane »

À l’occasion de la sortie de son film « Reste un peu » qui sort le 16 novembre, l’humoriste marocain Gad Elmaleh revient sur la richesse spirituelle du Maroc, « une terre de fraternité judéo-musulmane » dont le modèle n’existe « nulle part ailleurs ».

Officiel : voici la date de l’Aïd al Adha au Maroc

La date de l’Aid al Adha au Maroc est désormais connue. Elle vient d’être annoncée par le ministère des Habous et des affaires islamiques.

Vaucluse : les raisons de l’annulation d’une conférence musulmane

Programmée le 27 novembre à Montfavet, une conférence musulmane organisée par l’association D’Clic Valence, a été reportée au 8 janvier avant d’être annulée. Qui des raisons derrière cette annulation ?

Voici la date de l’Aïd El Fitr au Maroc

Débuté le 12 mars au Maroc, le ramadan, l’un des cinq piliers de l’islam, se profile pour de millions de Marocains. Quand aura lieu l’Aïd El Fitr cette année ?