La TVM aurait-elle quelque chose contre le patrimoine amazigh ?

TVM avait initié dernièrement des soirées dédiées à la mémoire de plusieurs artistes qui ont marqué le répertoire marocain. Chaque mois, en collaboration avec le théâtre Mohammed V, une soirée est organisée pour le grand public avant une diffusion sur la TVM. Quatre éditions se sont déroulées sans problème même si le public n’a pas été au rendez-vous.

La cinquième soirée est celle qui a été consacrée à Hammou Oulyazid, grande figure de la chanson amazighe et source d’inspiration pour plusieurs générations d’artistes. C’était il y a quelques semaines et les organisateurs ont dû faire avec un nombreux public venu de plusieurs régions du Maroc et dont une grande partie n’a pu accéder à la salle où évoluaient Rouicha, Maghni & Co. Tout s’est bien passé et la première chaîne prévoit une diffusion vers la fin de ce mois de mars.

Cependant, les responsables de la TVM, pour des raisons qui ne s’expliquent pas, ont tenu à gâcher le souvenir de cette soirée. De manière unilatérale, le responsable du service variétés a sucré une bonne partie des cachets réservés aux artistes participants et définis en commun accord avec ces derniers. Ainsi, lundi dernier, quand un Abdelouahed Hajjaoui se présentera à la TVM pour toucher son dû, il aura la grosse surprise de voir son cachet amputé de 4.000 DH. Lui et les membres de sa troupe en ont eu pour 5.000 (au lieu de 9.000). Quand l’artiste a demandé des explications, on lui a répondu qu’il n’était même pas retenu dans le programme de la soirée et qu’il a été “intégré” à la dernière minute. Faux, répond Hajjaoui, du moment que son nom figurait dans la bande-annonce diffusée au moins durant une semaine sur la TVM. Le même service s’est comporté de la même manière avec les autres artistes et troupes amazighes ayant pris part à cette soirée. Il s’agit notamment de Mohamed Rouicha, Maghni et la troupe des Inchaden.

Selon nos informations, les responsables de la TVM ont accepté le devis qui leur a été présenté et qui était de 66.000 DH (le plafond pour ces soirées étant de 70.000 DH). Qu’est-ce qui a poussé la TVM à agir avec si peu de tact ? Pourquoi ce deux poids-deux mesures ? On n’en sait pas trop mais les artistes amazighs ainsi inélégamment traités par la télé de leur pays pensent qu’il s’agit d’une prise de parti contre la culture et le patrimoine amazighs. Au vu de la longue histoire de la dernière télé stalinienne, il est difficile de ne pas prêter crédit à leurs propos.

Liberation