« Ils (les jeunes radicalisés, NDLR) ne sont pas nés terroristes, mais on les pousse à être terroristes tout simplement », a déclaré Latifa Ibn Ziaten dans une interview accordée à Actu.fr en marge d’une conférence à Carrières-sous-Poissy (Yvelines) animée dans le cadre de la journée internationale de la Paix, le 21 septembre, après la diffusion du reportage Latifa, une femme dans la République. Selon la militante franco-marocaine, il y a un travail énorme à faire sur l’éducation. Un travail avec cette jeunesse ».
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« Un travail aussi sur les adultes, qui doivent travailler sur eux-mêmes. C’est l’adulte qui conduit le jeune, et le jeune est conduit par les parents. S’il n’y a pas un parent derrière un jeune, il y aura des drames et des échecs. On ne peut pas s’en sortir comme ça », a-t-elle ajouté, notant qu’aujourd’hui, dans certaines familles, le train de l’éducation s’est arrêté, les parents ont perdu confiance. « Ce train, il faut le remettre en route ». « Il y a un travail à faire aujourd’hui avec les parents, l’école, les professeurs et surtout les prisons parce que c’est là où on peut tomber dans la radicalisation. C’est la meilleure école pour eux, et ça, je peux vous le dire, car j’en ai fait des maisons d’arrêts, j’ai vu comment ça se passe. Vous savez, un prisonnier, il faut travailler avec lui », a expliqué la fondatrice de l’association « Imad Ibn Ziaten pour la jeunesse et la paix ».
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Latifa Ibn Ziaten affirme avoir sauvé en 10 ans beaucoup de jeunes et même des familles entières. « Une fille part en Syrie, les parents y vont aussi pour la récupérer, finalement ils tombent dans le panneau, et j’arrive à les récupérer. » Mais beaucoup d’efforts restent à consentir pour tenter d’en finir avec le fanatisme religieux. Fort ce constat, Latifa Ibn Ziaten appelle les politiques à jouer leur partition. « Les politiciens ont un travail énorme : mixité de l’établissement scolaire, ouvrir les cités, ne pas laisser les gens sur le bas-côté ». Elle les a par ailleurs invités à ne plus créer la haine en fermant les mosquées et en laissant les fidèles sans mosquée. « Quand une personne est mauvaise, on la retire, mais on laisse la mosquée ouverte ».