Le grand mystère des transferts MRE

13 février 2004 - 16h41 - Economie - Ecrit par :

En 2001, ce fut l’effet du passage à l’euro. Les ressortissants marocains éparpillés dans les quatre coins de l’euroland ont déterré leurs bas de laine pour rapatrier leur argent au pays. Ce qui nous a valu un montant record de transferts de 36,85 milliards de dirhams.

En 2002, on avançait l’effet 11 septembre pour justifier le maintien du niveau de ce poste de la balance des paiements au-dessus de la barre des 30 milliards. En 2003, bien qu’il n’y ait pas eu d’événements majeurs, la tendance ne s’est pas renversée. Les transferts RME se sont établis à 34 milliards, faisant 7,4% de mieux que l’année d’avant. La barre des 30 milliards devient ainsi structurelle. Chose qui n’est pas pour déplaire ni à l’Office des changes ni à son ministère de tutelle. Mais l’origine des fonds fait jaser plus d’un observateur.
Certes, les actions de séduction envers la communauté marocaine installée à l’étranger se sont multipliées ces dernières années. Mais il est difficile de justifier la croissance phénoménale des transferts par ces seules actions. Et pour cause, une corrélation pourrait être établie entre la croissance économique dans les pays d’accueil et l’épargne des travailleurs étrangers puisque ces derniers sont, généralement, les premiers touchés par une crise économique. Paradoxalement, les dernières années durant lesquelles les transferts RME ont explosé coïncident avec un essoufflement des économies européennes, comme le démontrent les différentes fermetures d’usines de géants mondiaux.
La croissance des transferts RME est d’autant plus intrigante qu’elle intervient à une période où le "business" du trafic de drogue a prospéré. Ces transferts ne seraient-ils donc pas un moyen de blanchiment d’argent ? Les responsables de l’Office des changes restent catégoriques par rapport à cette question. "Il ne pourrait s’agir d’actions de blanchiment d’argent, puisque ce montant est le cumul de transferts de petites sommes. L’argent émanant du trafic de la drogue est généralement réinvesti dans la contrebande oudans tout autre trafic, ce qui le laisse bien loin du circuit officiel. De plus, des organismes internationaux suivent de près ces transferts. Vous imaginez bien qu’ils ne se seraient pas gênés de nous aviser s’ils avaient constaté quoi que ce soit de suspect", rétorquent-ils, tout en admettant que les transferts des MRE ne sont soumis à aucun contrôle quant aux origines des fonds. Un point qui ne devrait pas être négligé dans l’élaboration de la loi anti-blanchiment, aujourd’hui au stade de projet.

Le Journal Hebdo

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Transferts des MRE - Politique économique - MRE

Ces articles devraient vous intéresser :

Des ferries géants (GNV) pourraient bientôt desservir le Maroc

GNV vient de lancer la commande de quatre grands navires auprès du Chinois Guangzhou Shipyard International (GSI). Ils pourraient desservir le Maroc.

MRE : comment rapatrier votre voiture en cas d’imprévu ?

Le régime d’Admission Temporaire (AT) permet aux Marocains Résidant à l’Étranger (MRE) d’importer temporairement leur véhicule au Maroc. Des situations imprévues peuvent empêcher le propriétaire de réexporter lui-même son véhicule. La douane marocaine...

Les adieux interdits dans les aéroports marocains

Au Maroc, il n’est toujours pas possible de dire au revoir à un proche, à un Marocain résidant à l’étranger (MRE) ou à un voyageur à l’intérieur de la salle d’embarquement de l’aéroport. Une mesure à laquelle les familles marocaines s’opposent.

Le Maroc veut le retour des MRE

Le Maroc met les moyens pour faire revenir ses cerveaux. Une enveloppe budgétaire conséquente, et inédite, vient d’être spécifiquement allouée pour inciter les compétences marocaines expatriées à contribuer à l’effort national de recherche et...

Un MRE impliqué dans une vaste affaire de blanchiment d’argent

Aidée par l’Autorité Nationale du Renseignement Financier (ANRF), une banque a réussi à démasquer un blanchiment d’argent à la suite d’un virement depuis l’île de Nauru, un paradis fiscal très réputé situé dans le Pacifique. Le bénéficiaire est un...

Maroc : ces logements désertés par les MRE

Le Maroc fait face à un phénomène croissant : celui des « logements fantômes ». Selon les estimations, plus de 2 millions d’appartements seraient inoccupés dans le pays. Un chiffre qui donne le vertige, alors même que l’accès au logement demeure un...

Immobilier au Maroc : les MRE surveillés ?

Des promoteurs immobiliers sont accusés de ne pas avoir déclaré d’importantes sommes reçues auprès de Marocains résidant à l’étranger (MRE) en vue de l’achat d’appartements au Maroc.

Transferts de fonds des MRE : une manne financière en forte croissance pour le Maroc

Les transferts de fonds effectués par les Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont atteint 108,67 milliards de dirhams (MMDH) à fin novembre 2024, marquant une augmentation de 2,8 % par rapport à la même période en 2023. Ces chiffres, publiés par...

Marocains du monde : est-il interdit d’introduire des médicaments au Maroc ?

La réglementation marocaine autorise les voyageurs, notamment les Marocains résidant à l’étranger (MRE), à importer des médicaments destinés à leur usage personnel durant un séjour temporaire. Ce cadre légal vise à concilier les besoins thérapeutiques...

Une Marocaine "perd" son nom en Belgique

Depuis 2019, une Belgo-Marocaine de 73 ans mène des démarches administratives infernales afin de faire rectifier son nom de famille.