Le Haut conseil à l’intégration pour le respect des droits des femmes immigrées

7 juillet 2003 - 11h51 - France - Ecrit par :

Le Haut conseil à l’Intégration, dans un avis remis mercredi au Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, a demandé au gouvernement de prendre des mesures pour que soient respectés les droits civils des femmes immigrées, y compris en dénonçant des conventions bilatérales qui leur sont défavorables.

Présidée depuis octobre 2002 par la philosophe Blandine Kriegel, le HCI avait été saisi par le Premier ministre de la question posée, en France, par la persistance de coutumes issues des pays d’émigration : répudiation, polygamie, excision, mariages forcés, néo-esclavage.

"Nous sommes pour favoriser la diversité culturelle, mais à condition qu’elle ne porte pas préjudice aux droits de la personne", affirme à l’AFP Blandine Kriegel.

Les femmes immigrées se heurtent à des conflits de droit entre les codes de la famille étrangers, les conventions internationales signées par la France et les valeurs de la République. A cela s’ajoute l’ignorance dans laquelle elles sont le plus souvent maintenues, selon le HCI.

Des conventions bilatérales, signées par la France, reconnaissent ainsi le droit du mari de répudier sa femme, comme la convention franco-marocaine du 10 août 1981, remarque le HCI.

En général, les droits civils des femmes immigrées sont protégés tant que la situation juridique a lieu en France. En revanche, quand les femmes ont la double nationalité, le juge leur applique la loi du pays où elles se trouvent au moment du litige.

Les femmes d’origine maghrébine ignorent souvent que la nationalité du père ne se perd pas et qu’elles sont soumises à la loi du pays d’origine.

Or, la plupart des situations lésant les femmes, répudiation, mariages forcés, mariage polygamique, naissent lors de vacances au pays d’origine ou même sans la présence de la femme.

Le rapport souligne que la situation des femmes s’est dégradée car certaines traditions sont toujours vivaces en France, alors que les moeurs ont évolué dans le pays d’origine.

Le HCI recommande de suivre l’exemple de plusieurs pays européens qui privilégient la "loi du domicile" à la "loi nationale" et de dénoncer les conventions bilatérales lorsqu’elles sont contraires au principe d’égalité hommes-femmes.

Plus de 70.000 adolescentes sont concernées par la question des mariages forcés, 35.000 jeunes filles ou femmes seraient mutilées ou menacées d’excision en France, et si la polygamie n’est plus autorisée en France, l’ordre public "reconnaît certains effets aux unions conclues à l’étranger", constate le rapport.

Concernant les mariages forcés, qui ont tendance à progresser, selon la plupart des associations entendues par le HCI, ils constituent une "infraction beaucoup plus grave que le mariage blanc", pris en compte, remarque le rapport, dans le projet de loi sur l’immigration soumis à l’Assemblée à partir de jeudi.

Le HCI propose, dans le cadre de la réforme du divorce, que le code civil soit modifié pour prévoir que le ministère public puisse demander l’annulation d’un mariage quand le consentement a été obtenu par fraude, violence ou contrainte.

Même si l’annulation n’est pas reconnue dans le pays d’origine, elle permettra à la jeune fille de retrouver tous ses droits en France.

S’il s’agit de mineures, certains membres du HCI ont été plus loin en demandant que l’époux soit poursuivi pour viol et les parents de l’enfant pour complicité.

AFP

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Intégration - Femme marocaine

Ces articles devraient vous intéresser :

Casablanca : du nouveau sur les circonstances du décès de trois femmes enceintes

On en sait un peu plus sur le décès de trois femmes enceintes dans une clinique privée de Casablanca lors de leurs accouchements par césarienne le 8 janvier 2025.

« Épouse-moi sans dot » : un hashtag qui fait polémique au Maroc

Le hashtag « Épouse-moi sans dot » qui s’est rapidement répandu sur les réseaux sociaux ces derniers jours, a suscité une avalanche de réactions au Maroc. Alors que certains internautes adhèrent à l’idée, d’autres la réprouvent fortement.

Pilules abortives : le Maroc face à un gros problème

Des associations de défense des droits des consommateurs dénoncent la promotion sur les réseaux sociaux de pilules abortives après l’interdiction de leur vente en pharmacie, estimant que cette pratique constitue une « atteinte grave à la vie » des...

Un enfant né d’un viol ouvre une brèche dans le droit marocain

Saisie par une jeune maman qui cherche à obtenir une indemnisation pour son fils issu d’un viol, la cour de cassation marocaine a rendu une décision qui va faire date.

Maroc : des soupçons d’adultère conduisent à un drame

Le corps sans vie d’une jeune femme a été retrouvé au domicile de sa famille dans les environs de Berrechid. Soupçonné d’homicide, son mari en fuite a été arrêté par les éléments de la Gendarmerie royale relevant du centre territorial de Deroua.

Le burkini banni dans plusieurs piscines au Maroc

Au Maroc, l’interdiction du port du burkini à la piscine de certains hôtels empêche les femmes musulmanes de profiter pleinement de leurs vacances d’été. La mesure est jugée discriminatoire et considérée comme une violation du droit des femmes de...

L’actrice Malika El Omari en maison de retraite ?

Malika El Omari n’a pas été placée dans une maison de retraite, a affirmé une source proche de l’actrice marocaine, démentant les rumeurs qui ont circulé récemment sur les réseaux sociaux à son sujet.

« Sexy ! » : le harcèlement de rue dénoncé par une tiktokeuse au Maroc

Une célèbre tiktokeuse vient de visiter le Maroc et elle en vient à la conclusion que c’est le pays le plus sexiste au monde. Elle a toutefois salué l’hospitalité marocaine.

Les Marocaines paieront aussi la pension alimentaire à leurs ex-maris

Au Maroc, les femmes ayant un revenu supérieur à celui de leur conjoint pourraient avoir à verser une pension alimentaire (Nafaqa) à ce dernier en cas de divorce, a récemment affirmé Abdellatif Ouahbi, le ministre de la Justice.

Le Maroc, futur géant de l’aéronautique ?

Le secteur aéronautique marocain est déjà à un taux d’intégration locale de 43 %, l’objectif fixé dans le Plan d’accélération industrielle 2021-2025 étant d’atteindre un taux de 50 % d’ici 2025. Un objectif ambitieux qui pourrait être atteint, en dépit...