Le PJD brandit la menace de coup d’Etat

18 mars 2003 - 17h48 - Maroc - Ecrit par :

Dimanche 16 mars, la salle omnisports du complexe Moulay Abdellah à Rabat n’a pas suffi aux milliers de personnes venues des quatre coins du Maroc, pour assister au meeting du PJD. La condition de la femme et de la famille était le thème central de la rencontre.

Environ, 20.000 personnes, dont deux tiers de femmes, avaient répondu à l’appel du secrétariat général du troisième parti au Parlement. Des dizaines d’autocars avaient été mobilisés pour la circonstance. « Le parti n’a payé ni le transport ni la nourriture », tient à préciser un membre du comité organisateur.
Comme à l’accoutumée, l’ordre était le maître mot de la manifestation. A l’entrée, deux files bien distinctes : l’une pour les hommes et l’autre pour les femmes. Niveau gradins, la même séparation était faite.
En attendant le coup d’envoi de la rencontre, des jeunes réchauffaient l’ambiance de chants ayant trait essentiellement au thème de la femme. Une ambiance digne d’une campagne électorale.
Plusieurs responsables d’autres formations politiques ont fait le déplacement ce jour-là. Il y avait entre autres, Mahjoubi Aherdane (MNP) et Bouaâzza Ikken (UD). La célèbre actrice Touria Jabrane était également aux premières loges. Les organisateurs lui ont d’ailleurs rendu hommage en lui décernant un prix, au même titre que plusieurs autres femmes artistes, poètes et scientifiques.
Soumaya Benkhaldoune, députée du PJD, était modératrice. Plusieurs responsables du parti, hommes et femmes, ainsi que le président du mouvement Attawhid Wal Islah, Ahmed Raïssouni, ont prononcé des discours. L’ensemble des interventions rappelaient les positions du PJD au sujet de la Moudawana. Elles se résument en une phrase : oui à la réforme du code du statut personnel, mais dans le respect de la chariâ. En d’autres termes, la notion d’égalitarisme systématique exigée par plusieurs associations féministes est rejetée en bloc par le PJD. Bassima Hakkaoui, députée et présidente de l’association des femmes du PJD, a estimé pour sa part que « la violence qu’exercent certains maris sur leurs femmes, le harcèlement qu’elles subissent sur le lieu de travail et l’exploitation médiatique de leur corps (NDLR : allusion faite au concours des Miss) sont un signe de manque d’éducation et de valeurs morales dans la société ».
Rappelons que le président de la Commission de la réforme de la Moudawana, M’hamed Boucetta, s’est déjà mis à dos plusieurs militantes féministes à cause de ses propos tenus sur les colonnes de L’Economiste. Mais jusqu’à présent, sa démarche est soutenue par le PJD.
El Khatib « redoute un coup d’Etat militaire au Maroc »

A l’occasion d’une manifestation sur le statut de la femme, dimanche 16 mars, le secrétaire général du PJD, le Dr Abdelkrim El Khatib, a prononcé un discours explosif.
Il a estimé que "la situation actuelle au Maroc est extrêmement préoccupante : certains ne veulent plus d’un Roi Amir Al Mouminine et sont en train d’arrêter des jeunes qu’ils accusent de Salafistes". Et d’ajouter que "les événements que traversent le pays rappellent d’autres Etats arabes, où des généraux à la solde des services secrets américains et sionistes ont opéré des coups d’Etat confisquant par la suite l’ensemble des libertés".
En conclusion, El Khatib a exhorté les 20.000 personnes présentes à "faire attention et à rester vigilants".

Abdelmohsin EL HASSOUNI pour www.leconomiste.com

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Rabat - Rencontre - Moudawana (Code de la famille) - Partis politiques - Femme marocaine - Parti de la Justice et du Développement (PJD) - Menaces

Ces articles devraient vous intéresser :

Ramadan et menstrues : le tabou du jeûne brisé

Chaque Ramadan, la question du jeûne pendant les menstrues revient hanter les femmes musulmanes. La réponse n’est jamais claire, noyée dans un tabou tenace.

« Le mariage avant l’école »

Les propos d’Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), et par ailleurs ancien chef de gouvernement sur le mariage et l’éducation des jeunes filles font polémique.

Ce qui pourrait changer pour le mariage des MRE

Des modifications du Code de la famille marocain (Moudawana) sont envisagées. Sept propositions d’amendements, préalablement approuvées par le Conseil supérieur des oulémas, ont été présentées fin 2024 au Roi Mohammed VI par le ministre des Habous et...

Maroc : les chiffres alarmants sur la corruption des députés

Sur les 30 députés à la Chambre des représentants poursuivis ou condamnés pour des faits de corruption, de détournement de fonds publics ou d’abus de pouvoir, 16 proviennent de la majorité (RNI, PAM et l’Istiqlal). C’est le constat fait par Jeune Afrique.

Maroc : un manuel scolaire aux couleurs "LGBT" fait polémique

Le Parti de la justice et du développement (PJD) a demandé le retrait des manuels scolaires dont les couvertures sont aux couleurs du drapeau LGBT.

« Tu mourras dans la douleur » : des féministes marocaines menacées de mort

Au Maroc, plusieurs féministes, dont des journalistes et des artistes, font l’objet d’intimidations et de menaces de mort sur les réseaux sociaux, après avoir appelé à plus d’égalité entre l’homme et la femme dans le cadre de la réforme du Code de la...

Une jeune Marocaine "lynchée" après avoir épousé un homme du Golfe

Le mariage d’une jeune femme marocaine avec un homme originaire du Golfe déclenche de vives critiques sur les réseaux sociaux. Des experts dénoncent une société encore profondément intolérante face aux unions mixtes.

« Épouse-moi sans dot » : un hashtag qui fait polémique au Maroc

Le hashtag « Épouse-moi sans dot » qui s’est rapidement répandu sur les réseaux sociaux ces derniers jours, a suscité une avalanche de réactions au Maroc. Alors que certains internautes adhèrent à l’idée, d’autres la réprouvent fortement.

Love is Blind, Habibi : un candidat irakien insulte les Marocaines

L’émission de téléréalité « Love is Blind, Habibi », sur Netflix, fait face à une vague de critiques suite aux propos tenus par un candidat irakien, Khatab, à l’encontre des Marocaines. Lors d’une interview radio, celui-ci a tenu des propos moqueurs...

Un enfant né d’un viol ouvre une brèche dans le droit marocain

Saisie par une jeune maman qui cherche à obtenir une indemnisation pour son fils issu d’un viol, la cour de cassation marocaine a rendu une décision qui va faire date.