Plaidoyer pour la réforme de la Moudawana et mobilisation en faveur de l’équité

27 avril 2003 - 11h32 - Maroc - Ecrit par :

Elles se battent depuis des années pour le droit à l’égalité des chances entre femme et homme. Leur plaidoyer pour la réforme des lois leur a permis de se démarquer et de participer activement à la reconnaissance de la place de la femme.

Pour les membres de l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM), le militantisme pour cette cause ne signifie pas seulement une mission à accomplir, mais une conviction qui, au fil du temps, est devenue l’histoire de toute une vie, celle de l’association.

C’est de cette histoire de militantisme dont il a été question, récemment, lors d’une assemblée générale qu’a organisée l’ADFM à Casablanca. Les membres de cette ONG associés à plusieurs de leurs partenaires et supporters se sont réunis dans une ambiance remplie d’enthousiasme pour dresser le bilan de leurs activités.

La grande marche pour la réforme de la Moudawana a été certainement l’une des plus importantes batailles qu’a menée (et que mène, d’ailleurs toujours) cette association. Et pour cause, la législation régissant les relations familiales est assimilée par l’ADFM à une entrave à la reconnaissance de la place de la femme au sein de la famille. L’association, en fervente militante pour le "Plan d’action pour l’intégration de la femme au développement, a appelé à ce que les lois soient plus indulgentes vis-à-vis de la femme, malgré l’opposition acharnée des conservateurs. Dans ce sens, elle a été parmi les associations ayant présenté un mémorandum devant la commission chargée de la réforme s’appuyant sur le témoignage des femmes victimes d’abus que soutenait le Centre d’écoute "Nejma". L’ADFM s’est fait remarquer, dans ce cadre-là, par sa revendication du rejet du principe de "l’obéissance de la femme en contrepartie de son entretien par l’époux" demandant que les deux conjoints partagent les mêmes devoirs et droits.

L’ADFM a poursuivi sa démarche de lutte en s’intégrant au collectif féminin "Printemps de l’égalité" pour qui le 8 mars, le 1er mai et le 10 décembre (journée mondiale des droits de l’Homme) sont des rendez-vous ponctuels pour attirer l’attention de la société civile sur la question de la femme. L’ADFM a pris part, à cet effet, à la conception de campagnes médiatiques et supervisé leur mise en oeuvre.

Au bilan des réformes toujours, l’ADFM a élargi son panel revendicatif pour englober le code pénal, le code du travail, de la nationalité et la loi sur l’état civil. L’association a émis en collaboration avec des experts des propositions de réforme des textes de loi liés à ces quatre nouvelles composantes. Un travail élaboré sous forme d’un projet qui n’a pu être discuté au Parlement (session d’avril 2002) comme prévu.

L’ADFM s’est aussi intéressée au monde de l’éducation. L’école dans l’optique de cette association n’est pas uniquement un espace de transmission de savoir, mais aussi, d’apprentissage de l’autonomie, du développement de l’esprit de tolérance et de citoyenneté. L’association a procédé à des recherches sur les fondements du système éducatif (programmes, manuels, branches, méthodes...) afin "de mieux cerner et de comprendre la réalité de l’égalité dans l’institution".

Il s’avère que pour cette association, la promotion de la culture de l’égalité soit beaucoup plus un but qu’une ambition. Elle dispose à présent d’une équipe de formatrices bénévoles en éducation à l’égalité pour dispenser des formations au profit, entre autres, d’animateurs de colonie, de militants associatifs et de journalistes. Dans cela, l’ADFM aspire à mettre fin aux stéréotypes et remodeler les mentalités qui ôtent à la femme son acte de présence au sein de la société et de la vie publique. De multiples publications reconstituent les différentes étapes qu’a traversées l’association.

Un vaste mouveement donc en faveur de la reconnaissance de la femme qui s’est confronté à des difficultés parfois insurmontables. L’ADFM n’a pas omis d’en parler, à l’occasion, et de mettre en évidence les turbulences qui freinent ses actions. Sur le plan du financement tout d’abord, elle ne cache pas vivre sans cesse dans le marasme, car elle doit assumer de plus en plus de service et s’acquitter de ses charges fiscales et TVA sur tout achat et service. L’association, sans but lucratif, n’est pas reconnue en tant qu’association de développement social.

L’ADFM évoque aussi le problème de la relève, car il faut bien y penser pour que le mouvement puisse se poursuivre. L’association préconise l’ouverture sur des associations-relais à travers plusieurs régions et l’élargissement du champ des idées pour lesquelles elle milite. Elle compte renforcer ses actions par l’intégration des jeunes dans ses programmes.

L’Association démocratique des femmes du Maroc ne ménage aucun effort, fidèle à cet esprit qu’elle a toujours prôné "féministe d’abord et avant tout". Pour elle, le combat ne se termine pas, car à l’approche des élections communales (juin), l’association se mobilise pour défendre la représentativité de la femme sur le plan local et régional.

Leila Hallaoui pour libération ( Casablanca)

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Famille - Moudawana (Code de la famille) - Lois - Femme marocaine

Ces articles devraient vous intéresser :

Achraf Hakimi : « Tout le monde s’est sacrifié pour moi »

Dans une interview, le latéral droit marocain du PSG Achraf Hakimi a témoigné de son amour et de sa reconnaissance à tous ceux qui se sont sacrifiés pour lui, sans manquer d’évoquer son enfance, son attachement à la famille et sa passion pour la mode.

Casablanca : du nouveau sur les circonstances du décès de trois femmes enceintes

On en sait un peu plus sur le décès de trois femmes enceintes dans une clinique privée de Casablanca lors de leurs accouchements par césarienne le 8 janvier 2025.

Au Maroc, les hommes font du baby-sitting, et ça ne plaît pas à tout le monde

Outre les femmes, les hommes proposent eux aussi des services de baby-sitting via des applications. De quoi inquiéter bon nombre d’internautes marocains qui s’interrogent sur la protection de l’enfance et la légitimité de ces services.

Maroc : des centres pour former les futurs mariés

Aawatif Hayar, la ministre de la Solidarité, de l’intégration sociale et de la famille, a annoncé vendredi le lancement, sur l’ensemble du territoire du royaume, de 120 centres « Jisr » dédiés à la formation des futurs mariés sur la gestion de la...

Alerte sur les erreurs d’enregistrement des nouveaux-nés au Maroc

L’Organisation marocaine des droits de l’homme (OMDH) a alerté le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, au sujet du non-enregistrement des nouveau-nés à leur lieu de naissance, l’invitant à trouver une solution définitive à ce problème.

Près de 20 000 hommes battus au Maroc

La députée Aziza Boujrida, membre du groupe Haraki, interpelle la ministre de la Solidarité, de l’Intégration sociale et de la Famille, Naïma Ben Yahya, sur la question de la violence à l’encontre des hommes marocains.

Une Marocaine meurt après avoir pris des pilules achetées sur Instagram

Une Marocaine de 28 ans est décédée après avoir pris des pilules amincissantes achetées auprès d’une inconnue qui faisait la promotion de ces produits sur Instagram.

Le burkini banni dans plusieurs piscines au Maroc

Au Maroc, l’interdiction du port du burkini à la piscine de certains hôtels empêche les femmes musulmanes de profiter pleinement de leurs vacances d’été. La mesure est jugée discriminatoire et considérée comme une violation du droit des femmes de...

Ce qui pourrait changer pour le mariage des MRE

Des modifications du Code de la famille marocain (Moudawana) sont envisagées. Sept propositions d’amendements, préalablement approuvées par le Conseil supérieur des oulémas, ont été présentées fin 2024 au Roi Mohammed VI par le ministre des Habous et...

Les Marocaines pénalisées en cas de divorce ?

Des associations féminines sont vent debout contre la réforme d’Abdelatif Ouahbi, ministre de la Justice, imposant aux femmes ayant un revenu supérieur à celui de leur conjoint de verser une pension alimentaire à leurs ex-maris après le divorce.