Jusqu’à vendredi, les magistrats de la huitième chambre s’appliqueront à décortiquer ce vaste réseau né en 1995 et dont le démantèlement, en mai 2000, envoie aujourd’hui vingt-sept prévenus devant la justice. Ces hommes et ces femmes, âgés de 29 à 60 ans, sont soupçonnés d’avoir participé à une véritable entreprise d’importation de cannabis que les enquêteurs de la police judiciaire et de la sûreté départementale avaient à l’époque baptisée « les caravanes du Maroc ». La drogue remontait d’Afrique du Nord en France, via l’Espagne, dissimulée dans le double plancher de caravanes ou de camping-cars. Ces véhicules étaient « affrétés » par deux réseaux parallèles et notamment par une famille établie dans les Yvelines. Cette dernière y possédait d’ailleurs deux bars, à Plaisir et aux Clayes-sous-Bois, qui auraient servi de lieu de contact ou de recrutement. Car il fallait effectivement trouver les passeurs, ceux qui descendraient au Maroc avec une caravane, pendant l’été... souvent en famille, pour ne pas éveiller les soupçons. Et qui remonteraient un mois plus tard, chargés de plusieurs centaines de kilos de cannabis. Une petite moitié des prévenus de ce procès a accepté le marché.
Deux prévenus toujours en fuite En contrepartie, outre les « vacances » tous frais payés au Maroc, ils recevaient entre 15 240 et 22 870 €. Et à chaque fois que la caravane changeait de main, les commanditaires renouvelaient la carte grise. Certains passeurs ont fait plusieurs voyages et d’autres, effrayés par les risques de cette expédition, ont renoncé après un seul aller-retour. Il est arrivé que quelques véhicules ne puissent être chargés sur place et doivent remonter à vide. C’est justement l’un d’eux que des gendarmes de Niort (Deux-Sèvres) ont repéré, en mars 1999 : leur chien avait marqué l’arrêt devant la caravane. Les militaires ont alors découvert la cache que dissimulait le plancher surélevé. Ce premier signalement sera mis en rapport, sept mois plus tard, avec l’interpellation d’un homme par la BAC de Nanterre (Hauts-de-Seine). Les policiers l’ont surpris en train de casser le faux plancher d’une caravane, qui recelait cette fois 200 kg de cannabis. L’essentiel des interpellations devait avoir lieu courant mai 2000, dans les Yvelines et dans l’Eure-et-Loir. Elles mettront un coup d’arrêt à ce réseau apparemment bien organisé, structuré et doté de solides moyens. Six des vingt-sept personnes supposées être impliquées dans ce trafic comparaîtront détenues devant le tribunal. Par contre, deux prévenus sont toujours en fuite et font l’objet d’un mandat d’arrêt.
Gaëtane Bossaert pour Le Parisien