Le Nouvel An Amazigh sera désormais un jour férié officiel au Maroc, selon une décision qui vient d’être prise par le roi Mohammed VI.
Les écritures, “tirra”, sont associées dans la poésie amazighe au destin des hommes. Chaque être ne fait que subir et vivre “ce qui est écrit”, ce qui est décidé. Et c’est le talb, “fkkih”, qui est le détenteur du pouvoir d’écrire et de lire, accéder à un univers reservé aux initiés. Le talb est un guerisseur, celui qui comprend le sens des écritures, qui les déchiffre et peut, également, influer et changer le destin d’un être. Les vers qui suivent nous donne un aperçu sur quelques postures attribués au ttalb dans la poésie amazighe.
Dans ce vers, le Ttalb est ce guerissuer impuissant face au “mauvais oeil”. Ses recettes ne peuvent rien contre le pouvoir maléfique de l’oeil :
Ur illi ddwa n unna tewwet titt
Mghar izri kull zi ttelba
Point de remède au mauvais oeil
Le pouvir des tolba est inéfficace.
Ici, le ttalb est proche du sorcier qui exhorte les forces invisibles, les domine et réussi, par le biais d’un rituel silencieux, à déterrer un trésor enfoui dans les profondeurs de la terre. Le silence, opposé au “radotage”, nous renseigne sur un rituel que seul le professionnel qu’est le ttalb, peut mener à terme :
Ur da ytteri lkenz awal iâddan
Hat ifesti as t ttawin ttelba
Point de radodage pour la quête du trésor
Les tolba le deterre par un rituel du silence
Dans ce vers, le talb est magicien.
Ses écrits ont un pouvoir surnaturel : amener l’amant à se plier aux exigences de l’amante. Le talb est celui qui, par son pouvoir sur les écritures, et donc les destins, peut obliger l’amoureux à revenir chez son amante :
Meqqat da tessifit imazan,
Meqqar da ttarud gher ttelba
Ata wer cem i gigh g lxader
Tu as beau me contacter par émissaire
Tu as beau consulter les tolbas
Mon ceour ne t’aime pas
Dans ce dernier exemple, le ttalb est toujours magicien, sorcier. C’est lui qui est la cause de la séparation de deux amoureux. Il est source de malheur et détenteur d’un pouvoir surnaturel et maléfique.
A ttalb nna s igan i wmeddakwel ca han rbbi
Ad ac ibby afus nna s as tarud allig i yâeffa
O talb qui m’a séparé de mon amant
Dieu coupera ta main qui a scéllé notre séparation
Ainsi, l’image que nous donne la poésie amazighe du ttlb est essentuiellement “négative”. Elle en fait un individu obscure, muni d’un pouvoir cabalistique qui agit sur le destin des êtres. Cette image figée est à lier au statut du ttalb au sein de la société amazighe, de tradition orale. Le talb est ce lettré qui manipule les écritures. Son statut est proche du sorcier ou du magicien des sociétés africaines.
M. Moukhlis - Le Matin
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