Le maire de Marrakech et son adjoint dans de sales draps

14 mars 2020 - 21h00 - Maroc - Ecrit par : G.A

Poursuivis pour dilapidation de deniers publics, le maire de Marrakech et son adjoint ont été entendus par le juge d’instruction près de la cour d’appel de la ville ocre. Les deux accusés auraient passé des marchés de gré à gré, lors de la COP 22.

Mercredi, Younès Benslimane, premier adjoint au maire de Marrakech, député sous la bannière du PJD, et président de l’arrondissement de Marrakech-ville, a été entendu par le juge d’instruction, Youssef Zitouni, chargé des crimes financiers près de la cour d’appel. Le maire, Mohamed Larbi Belcaid, issu du même parti, avait été traduit devant le même juge pour une enquête préliminaire pour les mêmes chefs d’inculpation. Les deux hommes, ainsi que d’autres responsables du conseil communal et des entrepreneurs, avaient été interrogés par la BNPJ, avant d’être déférés devant le procureur du roi de Marrakech pour les mêmes motifs.

Au total, 50 marchés, dont le montant est estimé à 300 millions de dirhams, ont été passés de gré à gré. Selon le360, "ces marchés ont été divisés en lots et accordés à des sous-traitants. Du coup, plus de cinq entreprises bénéficiaires ont été chargées de réaliser les travaux d’un seul marché, violant ainsi le code des marchés publics".

Le juge d’instruction a décidé de fixer au 15 avril prochain, la date de l’instruction approfondie. Par la même occasion, le juge entendra le secrétaire régional de l’Association marocaine de défense des droits de l’homme à Marrakech, en tant que plaignant. Abdelilah Tatouche a beaucoup de choses à dire sur la façon dont le maire et son adjoint ont géré les marchés en les octroyant à une société qui n’a même pas participé à l’appel d’offres.

Plus grave encore, "cette entreprise avait présenté l’offre la moins avantageuse, avec un coût de 4 130 000 de dirhams au lieu de 3 570 000, prix retenu lors de l’appel d’offres". Selon le plaignant, le maire adjoint a récidivé le 25 août 2016 en annulant un autre marché relatif à l’éclairage public pour privilégier la même entreprise, avec en toile de fond, la surévaluation du marché qui est passé de 1 430 000 à 5 000 000 de dirhams. Et comme il n’y a jamais deux sans trois, le même responsable a encore signé un marché négocié d’un montant de 39 millions de dirhams relatif à l’alimentation en énergie des bus électriques à batterie.

Autant d’incohérences et de légèretés dans la gestion de ces marchés, qui justifient la poursuite en justice du maire et de son adjoint.

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