A qui profitent les accords de libre échange ?

14 février 2008 - 16h20 - Economie - Ecrit par : L.A

Un si bien inquiétant constat que partagent professionnels et gouvernement : le gravissime déficit de la balance commerciale. Un constat dressé lors de la toute récente entrevue qu’a eue l’Association des exportateurs marocains avec le ministre de l’Economie et des Finances. En effet, à fin 2007, le déficit commercial s’est établi à 134,6 milliards de DH. Selon l’Office des changes, il est le résultat d’une évolution de 7,5% des exportations (122 milliards de DH) et de 22% des importations (257 milliards de DH).

Seulement, les points de vue divergent dès lors qu’on évoque les causes de recul du taux de couverture des importations par les exportations. Tout d’abord, il importe de le nuancer, estime Salaheddine Mezouar. « Car, il se situe à 80% si l’on intègre les services, mais dégringole à 47% si on ne considère que les marchandises ». Toujours est-il, tranche le ministre, le gouvernement « est décidé à mettre en place les conditions nécessaires au développement des exportations ». Dans l’objectif, à terme, de renverser la tendance. Mais les inquiétudes émises par les professionnels ont pour principale source l’impact des accords de libre-échange et notamment ceux signés avec les Etats-Unis, les pays arabes et la Turquie.

Et pour cause ! Ces accords fonctionnent à plein régime dans le sens des importations mais peu en faveur du développement de nos exportations. A telle enseigne que d’aucuns se demandent même si le Maroc dispose d’une offre exportable vers certains pays partenaires. A l’opposé, le constat est unanime : des pans entiers du secteur marocain des industries de transformation ont été mis à rude épreuve depuis la mise en œuvre de ces accords. Faudrait-il alors y remédier par quelques mesures d’accompagnement liées à la fiscalité, la logistique ou encore la promotion ? Ou, à défaut d’une offre exportable bien adaptée à ces marchés, opérer une renégociation pure et simple de certains de ces accords ?

Quoi qu’il en soit, une lecture dans les chiffres de l’Office des changes renseigne sur le déséquilibre grandissant de la balance commerciale avec certains groupements économiques et zones d’échanges.

D’emblée, le taux d’ouverture de notre économie, mesuré par les échanges commerciaux sur le PIB, a progressé de 56,1% en 2006 à 63,9% en 2007. Selon un rapport du département du Commerce extérieur, l’effort d’exportation n’a gagné cependant qu’un point par rapport à 2006 et devrait se situer à 20,3% du PIB. Mais ce taux d’ouverture est à apprécier positivement s’agissant des échanges avec le partenaire traditionnel, l’Union européenne en l’occurrence. Si bien que l’essentiel des importations incompressibles en provenance de ce marché demeurent orientées soit vers l’investissement, la production ou l’approvisionnement en denrées de première nécessité.

Analysé sous cet angle, le déficit commercial s’expliquerait plutôt par l’effort d’investissement. Abstraction faite des produits alimentaires, qui ont fortement augmenté sous l’effet des achats des céréales, les biens d’équipement et de demi-produits représentent 45% des importations, soit 85,4% du déficit commercial. Ces deux rubriques ont nécessité une dépense de 114,8 milliards de DH. Les importations des produits énergétiques expliquent le reste. Bien qu’ils s’insèrent parmi les matières premières et autres facteurs de production, leur augmentation est surtout due aux achats de gasoil et fuel. En tout, la facture pétrolière a cumulé à 51,3 milliards de DH.

Exportations : Peu de diversification

Les exportations de marchandises et de services offshoring ont atteint 122,4 milliards de dirhams, en hausse de 7,5% par rapport à 2006, année qui a été, elle-même, caractérisée par de bonnes performances de production et d’exportation.

En 2007, l’offre exportable est restée dominée par cinq groupes de produits qui représentent les 2/3 des exportations marocaines, il s’agit :

• des articles d’habillement : 24% ;
• des phosphates et dérivés : 18,6% ;
• des nouveaux produits à l’export : 11.3% ;
• des produits de la mer : 9,6% ;
• des produits agricoles : 5,8%.

Source : L’Economiste - A. G.

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