Maroc-Algérie : l’amitié brisée

Autrefois proches, les peuples marocain et algérien « ne se connaissent plus, ne se parlent plus, ne s’aiment plus » à cause des tensions entre les deux pays au sujet de la question du Sahara. C’est du moins le constat fait par François Soudan, directeur de la rédaction de Jeune Afrique.

Autres temps, autres mœurs, dit-on. Dans son dernier éditorial, François Soudan, directeur de la rédaction du magazine Jeune Afrique, montre comme le Maroc et l’Algérie sont passés de pays voisins proches et dont les peuples s’aiment et s’entraident à des pays et peuples divisés par la question du Sahara. Selon la publication, les Marocains ont longtemps cru que la grande majorité des Algériens ne suivaient pas leurs dirigeants, que la crise avec le Maroc ne les concernait pas, que le Sahara ne les intéressait pas, qu’ils avaient d’autres priorités, et qu’une fois les frontières ouvertes, on verrait des scènes de fraternité partout. « Mais des décennies de slogans, de querelles et de malentendus ont fait leur effet, génération après génération. Aujourd’hui, chez les jeunes des deux côtés, les préjugés, la méfiance et les malentendus réciproques dominent. Les médailles olympiques ne sont plus une source de fierté commune, mais de concurrence », fait remarquer le journaliste français. Selon lui, les peuples des deux pays « ne se connaissent plus, ne se parlent plus, ne s’aiment plus. »

Pour appuyer son propos, François Soudan rappelle l’époque où l’amour et la fraternité entre les deux pays étaient célébrés : « Il fut un temps où Hassan II invitait l’ambassadeur algérien, Saad Dahlab, à assister aux réunions du Conseil du gouvernement chaque fois que les relations bilatérales figuraient à l’ordre du jour… Un temps où les Lions (équipe nationale du Maroc) et les Guerriers du désert (équipe nationale d’Algérie) célébraient ensemble leurs victoires… Un temps où les gens voyageaient d’Oujda à Tlemcen comme s’ils rendaient visite à leur famille ». Depuis 2021 année où l’Algérie a rompu de façon unilatérale ses relations diplomatiques avec le Maroc, le royaume ne cesse d’avancer sur le plan diplomatique notamment sur la question du Sahara, suscitant l’agacement d’Alger, protectrice du Polisario et de certains Algériens.