Maroc : Les avocats victimes du “Chergui”

Au Maroc, le secteur de la production d’avocats, comme bien d’autres filières, a été durement touché par la vague de chaleur extrême et le phénomène du “Chergui” qui frappe le royaume cet été.

Le secteur a subi des « dommages sévères », notamment dans la province de Larache où « les températures élevées enregistrées en juillet et août ont causé des pertes estimées entre 20 et 25 % pour les producteurs et les récoltes d’avocats », selon des professionnels de la filière. « La vague de chaleur récente n’a pas affecté toutes les zones de la même manière ; l’intensité et l’ampleur des dommages diffèrent, ce qui rend les prévisions moins sombres qu’en ce qui circule sur certaines plateformes sociales », explique auprès de Hespress le président de l’Association marocaine de l’avocat. Le responsable précise que « les affirmations faisant état de pertes atteignant la moitié de la production sont totalement dénuées de réalisme […] elles visent uniquement à justifier une future hausse des prix en exploitant ces exagérations dans des pratiques spéculatives ».

Il ajoute que « la production de cette saison devrait avoisiner les 100 000 tonnes, contre plus de 130 000 tonnes l’an dernier », indiquant que « l’entrée en production de nouvelles exploitations ces dernières années viendra renforcer la capacité exportatrice du secteur ». Le responsable souligne en outre que « certains producteurs ont choisi de retarder la récolte dans l’attente d’une amélioration des prix, tandis que d’autres s’orienteront directement vers la commercialisation dès le lancement officiel de la saison en novembre prochain ». Le professionnel alerte par ailleurs contre « les tentatives de certains spéculateurs de manipuler artificiellement le marché afin de faire grimper les prix. » Quant aux exportations, « leur volume attendu devrait se maintenir à un niveau proche de celui de la saison précédente malgré les défis », affirme-t-il, appelant à la mise en place de subventions publiques pour les petits exploitants. « Le soutien à cette catégorie est essentiel pour garantir la continuité de la production et préserver la compétitivité du secteur, surtout sur le marché international ».

Allant dans le même sens, un professionnel représentant une entreprise de la filière avocat à Larache, a déclaré que « l’impact du chergui et des fortes chaleurs de juillet était manifeste, surtout qu’il a coïncidé avec la période de maturation des avocatiers ». À l’en croire, « la campagne 2025/2026 devrait enregistrer une baisse d’environ 30 % à cause de la chaleur et des conditions climatiques difficiles ». Pour éviter le pire, il invite les autorités compétentes à « réaliser un recensement sur le terrain et à effectuer des visites dans les exploitations du nord-ouest du Royaume pour évaluer l’ampleur des dégâts et mesurer les pertes ». Et d’alerter : « Le marché local pourrait lui aussi pâtir d’une baisse de la production, compte tenu des engagements liés aux exportations, ce qui risque de provoquer une hausse du prix final pour les consommateurs ».

De son côté, un expert en import-export, soutient que « l’essentiel est de mettre en place un véritable mécanisme de protection des exportateurs contre les effets du changement climatique et les fluctuations des marchés internationaux ». Selon lui, « la filière avocat constitue, à elle seule, une source majeure de devises pour l’économie marocaine. Mais les pertes considérables enregistrées cette saison, en raison des températures excessives, pèseront lourdement sur la performance des exportations et sur les emplois qui en dépendent ». Pour ces raisons, il appelle les ministères de l’Agriculture et du Commerce extérieur à mettre en place « un programme spécial de soutien aux exportations face aux changements climatiques, car cela représente aujourd’hui une priorité absolue ». L’année dernière, le Maroc a produit près de 120 000 tonnes d’avocats, dont 105 000 tonnes ont été exportées. Un record dans l’histoire de la filière.