Le Maroc veut abriter la première plate-forme chimique mondiale, Jorf Phosphate Hub

14 janvier 2009 - 09h57 - Maroc - Ecrit par : L.A

En dépit de la crise internationale, le Maroc poursuit son développement économique. C’est en tout cas le message qu’il veut faire passer. Lundi 12 janvier, les responsables de l’Office chérifien des phosphates (OCP) et de la Banque centrale populaire (BCP) ont annoncé qu’ils s’engageaient dans un partenariat stratégique à travers une prise de participation croisée. Une première dans le secteur public au Maroc. Mais c’était surtout l’occasion pour l’OCP d’affirmer sa volonté de renforcer sa position de leader mondial des phosphates.

Premier exportateur de ce minerai indispensable à la fabrication des engrais, le royaume dispose de réserves colossales : plus de 50 % des ressources connues de la planète. Les phosphates ont le vent en poupe. Le Maroc le sait et mise sur le fait que les besoins ne cesseront de croître. La sécurité alimentaire continuera de reposer sur l’utilisation des engrais chimiques, estime-t-il. En 2007 et 2008, l’industrie phosphatière a eu du mal à répondre à la demande internationale. Résultat : une envolée des prix. La tonne de phosphate marocain est passée de 40 à 250 dollars.

Pour rester dans la course face à des pays potentiellement concurrents comme l’Arabie saoudite, le royaume se lance dans la diversification. Aux investisseurs étrangers susceptibles de venir fabriquer sur place leurs produits phosphatés, il propose terrain viabilisé, installations, main-d’oeuvre qualifiée, approvisionnement en minerai et en produits intermédiaires, le tout dans le respect de l’environnement.

"Les plus compétitifs"

Le site de Jorf Lasfar (à 200 kilomètres au sud de Rabat, non loin d’El Jadida) est au coeur de cette nouvelle stratégie. Le Maroc souhaite en faire la première plate-forme chimique mondiale, un véritable hub planétaire en matière de phosphates. Pour l’heure, Jorf Phosphate Hub (JPH) est un site étonnant où s’entrechoquent le XXe et le XXIe siècle. Sur les 1800 hectares mis à disposition, seuls 450 sont déjà occupés par des investisseurs étrangers (pakistanais et brésiliens, notamment).

D’un côté, des étendues d’herbes folles où paissent des vaches et des moutons. De l’autre, un enchevêtrement de conduits, de tuyaux, de poutres métalliques, de réservoirs en acier rutilant... Ici, un atelier de production d’acide phosphorique. Là, une unité de stockage d’ammoniaque ou de soufre (importés du Moyen-Orient). Trois cents mètres plus loin, et c’est une centrale électrique ou un laboratoire...

Entre l’ouverture de nouvelles mines de phosphate, la construction de deux pipelines, d’une usine de dessalement d’eau de mer, et l’extension du port de Jorf Lasfar, les investissements devraient s’élever à 4,5 milliards d’euros d’ici à 2012, et 11 milliards d’ici à 2020.

Le pari n’est-il pas trop risqué ? Le directeur général de l’OCP, Mostafa Terrab, et ses adjoints affichent une parfaite sérénité. "Peu importe que le cours baisse sur le marché mondial. Au contraire ! assurent-ils. Avec un phosphate d’excellente qualité, des ressources en quantité et des mines à proximité (ce qui diminue les coûts d’exploitation), nous sommes certains de rester les plus compétitifs."

Source : Le Monde - Florence Beaugé

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Exportations - Jorf Lasfar - Office Chérifien des phosphates (OCP) - Banque Populaire - Banque Chaabi - Phosphates

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : bond spectaculaire des exportations automobiles

Au Maroc, les exportations du secteur automobile ont atteint plus de 141,76 milliards de dirhams à fin décembre 2023, soit une augmentation de 27,4 % par rapport à l’année précédente.

Des tomates marocaines interdites en Europe

Le système d’alerte rapide de l’Union européenne (RASFF) a émis une notification concernant des tomates cerises originaires du Maroc. L’alerte, qualifiée de « grave », fait suite à la détection d’une contamination par un métal non identifié dans un lot...

Le Maroc plus fort que la France sur le marché mondial du melon

L’analyse des exportations mondiales de melons en 2024, basée sur les données COMTRADE des Nations unies, confirme la montée en puissance du Guatemala, devenu premier exportateur en volume devant l’Espagne. Mais les chiffres montrent également que le...

Le Palace de La Mamounia change de mains

Le géant mondial du phosphate, OCP, est devenu l’actionnaire majoritaire de l’hôtel La Mamounia à la suite de la cession par l’État de sa part dans l’établissement. Cette opération s’inscrit dans le cadre de la politique de désinvestissement des actifs...

Comment le Maroc compte révolutionner la formation des jeunes talents du football

La Fédération royale marocaine de football (FRMF), le groupe marocain OCP et d’autres partenaires privés ont signé mardi une convention pour la création d’un Fonds national dédié à la professionnalisation des centres de formation de football et à la...

Maroc : OCP va construire deux usines de dessalement de l’eau de mer

Le groupe marocain OCP va bénéficier d’un prêt de 2,2 milliards de dirhams, soit près de 200 millions d’euros de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) pour la construction de deux usines de dessalement d’eau de mer.

Industrie automobile : Le Maroc se positionne parmi les grands constructeurs mondiaux

L’industrie marocaine, en particulier le secteur automobile, a connu ces dernières années une croissance fulgurante, propulsant le Royaume au rang des concurrents sérieux sur la scène internationale. C’est ce qu’a affirmé Ryad Mezzour, ministre de...

Pastèques marocaines : une dégringolade des exportations vers l’Europe

Les exportations marocaines de pastèque ont enregistré une baisse inquiétante au premier semestre de l’année 2024 en raison de la faible demande des pays européens. Une situation qui affecte les exportateurs, déjà confrontés à la réduction de la...