Apparu pour la première fois en Israël il y a plus de trois décennies, le poisson-lion (Rascasse volante), une espèce dangereuse, se rapproche des eaux marocaines.
Parti de Rotterdam le 29 juin dernier, le “ Navire de Culture ”, l’Oosterschelde, a accosté vendredi 8 juillet dans le port de Casablanca avec à son bord des artistes des deux pays. Depuis hier, ce majestueux voilier a repris la mer et vogue vers Agadir (22/07 au 24/07). Il fera ensuite escale à Al Hoceima (30/07 au 01/08) avant de remettre le cap sur l’Europe et, plus précisément, sur Amsterdam (17/08 au 21/08).
Alors que la musique battait son plein sur le podium érigé pour l’occasion, l’Oosterschelde a fait une apparition très remarquée samedi 9 juillet vers 17h au large de la Corniche d’Aïn Diab et a jeté l’ancre face à l’accès 8. Sur la plage, entourés des membres et invités de la “Fondation MarocPays-Bas 400 ans ”, MM. Sajid, Maire de Casablanca et Bolsius, Vice-bourgmestre de Rotterdam ont soufflé de concert dans les cornes de brume sous l’œil étonné de nombreux Casablancais. Pendant quatre jours, la Corniche a fait la fête avec 4Tuoze Matroze et ses chants marins hollandais, Jan Wouters Oostenrijk & Anne Chris qui ont fusionné leurs accords jazzy avec ceux du groupe chaabi Kasba et la musique classique teintée d’influences orientales de Weshm ou celtiques du quatuor Amsterdam Viola & Cello. Sans oublier Jamel Benhaddou et la danse moderne de Conny Janssen. A l’origine de cette initiative originale, accueillie chaleureusement par le public casablancais, la “ Fondation MarocPays-Bas 400 ans ”, présidée par le Professeur H. Wesseling. Le “ Navire de Culture ” s’inscrit par ailleurs dans le cadre de l’Année MarocPays-Bas 2005. En effet, depuis le début de l’année, plusieurs manifestations centrées sur l’influence réciproque entre les cultures marocaines et néerlandaises ont déjà eu lieu tant au Maroc qu’aux Pays-Bas et d’autres évènements sont programmés d’ici la fin du mois de décembre. A titre d’exemple citons une forte participation batave au semi-marathon de Marrakech en janvier dernier, la kermesse hollandaise, La Nuit du Maroc organisée à Amsterdam la semaine dernière ou encore le jumelage entre les parcs de l’Hermitage de Casablanca et De Plantage à Schiedam. A noter également, l’exposition d’une collection d’objets d’art marocains couvrant une période de 5000 ans qui se déroule actuellement à Amsterdam et suscite beaucoup d’intérêt.
400 ans d’histoire
Si le magnifique trois-mâts hollandais n’a pas mis le cap sur le nouveau Monde et San Francisco comme dans la chanson d’Hugues Auffray mais bien sur le Maroc, ce n’est pas un hasard. Le Docteur H. Obdeijn, professeur d’histoire à la retraite et ex-conseiller culturel de l’Ambassade des Pays-Bas à Rabat explique : « En 2002, j’ai publié un livre intitulé “Geschiedenis van Morokko” (Histoire du Maroc). Lors de la rédaction de cet ouvrage, j’ai constaté que le premier ambassadeur néerlandais - un commerçant du nom de Peter Coy - envoyé auprès du sultan du Maroc avait débarqué à Safi en 1605. A l’époque le Maroc et les Pays-Bas, qui s’appelaient encore la République des Provinces-Unies, avaient pour ennemi commun, l’Espagne. Comme le sultan avait besoin d’alliés européens pour se fournir en armes modernes et les ports marocains représentaient un refuge idéal pour les bateaux néerlandais en route vers les Indes pourchassés par les Espagnols, un traité de coopération fut signé par les deux nations. Avec quelques amis néerlandais et marocains, nous avons alors décidé de créer une association pour célébrer le 400ème anniversaire des relations diplomatiques entre nos deux pays ». Et quel symbole plus approprié qu’un bateau pour célébrer cet évènement ! Le budget de cette épopée maritime moderne, financé par le Ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas, les Villes d’Amsterdam et de Casablanca, les Ministères du Tourisme et de la Culture marocains et d’autres institutions publiques et privées, s’élève à 600 000 Euro.
Les néerlandais d’origine marocaine
Forte de 350 000 personnes, la population marocaine constitue la communauté immigrée la plus nombreuse des Pays-Bas au même titre que les turques. A l’issue de la seconde guerre mondiale, les pays européens ont besoin de main-d’œuvre étrangère pour se reconstruire. Motivés par l’espoir d’une vie meilleure, près de 120 000 travailleurs marocains, majoritairement originaires du Rif, arrivent aux Pays-Bas dans le courant des années soixante. Dès les années 70 et 80, leur séjour initialement ponctuel devient définitif. Confrontés à un mode de vie, une culture et une religion inconnue, les néerlandais ignorent ces immigrés au nom de la tolérance jusqu’à ce que la seconde génération commence à faire valoir ses droits. Depuis plus de 40 ans, la majorité de ces immigrés, souvent titulaires de la double nationalité, sont parfaitement intégrés à la population néerlandaise et contribuent largement au développement du pays. Cependant, l’opinion publique a tendance à s’acharner sur la faible minorité à problèmes.
Briser le cercle infernal des clichés
Outre l’anniversaire du débarquement de Coy, la Fondation Maroc/Pays-Bas a pour but d’améliorer l’image des marocains et du Maroc au sein de la population néerlandaise. Il suffit d’un assassinat, tel celui du cinéaste Théo Van Gogh en novembre 2004 ou d’un attentat revendiqué par des islamistes pour ébranler un équilibre encore fragile entre communautés de cultures différentes, pour que peur et méfiance ressurgissent tels des spectres. Selon M. Obdeijn, il est impératif de “ promouvoir l’autre face du Maroc, de stimuler des projets qui lient la culture marocaine à la culture néerlandaise et vice versa et de renforcer les contacts entre les deux nations par le biais d’échanges de connaissances et d’expériences dans des domaines variés”. “Se connaître, ne signifie pas qu’on s’aime mais la connaissance est la condition sine qua non de l’amour” conclu-t-il.
Dommage que le “Navire de Culture” n’ait bénéficié que d’une publicité très discrète de la part des organisat
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