Interpellé par un groupe parlementaire sur le droit des Marocains résidant à l’étranger (MRE) à participer aux élections au Maroc, Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur a répondu sans détour.
C’est durant la campagne présidentielle que les Français ont découvert les visages d’hommes et femmes politiques issus de la diversité, dont ceux de Rachida Dati et Najat Vallaud-Belkacem, que certains appellent les « atouts charme » de l’UMP et du Parti socialiste. Aujourd’hui, elles sont en lice pour les élections municipales. Elles ne sont pas les seules.
Nombreux sont les enfants d’immigrés nés de ce côté ou de l’autre de la Méditerranée à vouloir participer à la vie politique française. Au niveau local pour le moment, et peut-être à une autre échelle demain ?
Toutefois, leur démarche n’est pas facile à mener et le chemin reste semé d’embûches. En effet, malgré leurs parcours exemplaires, ces candidats doivent faire face à des problèmes réels et leurs candidatures créent une polémique certaine. Tous les Français ne sont pas prêts à voir ces hommes et femmes politiques au teint basané à la place de leurs maires ou de leurs conseillers municipaux. Pourtant, leur démarche est la preuve d’un changement des mentalités : alors que leurs parents se faisaient discrets, n’étaient que de passage en France et espéraient « rentrer au pays ». Selon la formule consacrée, ces hommes et ces femmes sont en France et veulent participer à la relance de ce pays et ainsi, faire partie de son Histoire.
Combien de candidats de la diversité ?
Ils se donnent tous les moyens pour y parvenir, malgré les possibilités restreintes offertes par les partis et une certaine réticence de la classe politique française à miser sur ces candidats un peu particuliers. Malgré les grands discours et la volonté affichée par les deux partis majoritaires, le Parti socialiste n’a investi qu’une vingtaine de candidats issus de l’immigration dans les villes de plus de 20.000 habitants, tandis que l’UMP a proposé quinze têtes de liste dans les municipalités de plus de 30.000 habitants.
Alors que la droite et la gauche disent vouloir présenter plusieurs centaines de candidats originaires du Maghreb, d’Afrique noire ou d’Asie dans les grandes villes, c’est surtout dans des villes de banlieue à forte population d’origine immigrée que l’on retrouve ces candidats un peu atypiques. Et, en dépit de ce que les partis annoncent, ces candidats connaissent le même sort que les femmes qui se présentent aux élections : ils sont souvent en compétition dans des villes où ils n’ont que peu de chance de remporter la victoire. Et lorsqu’ils peuvent la remporter, ils sont confrontés à de vives polémiques. C’est notamment le cas pour Bagdad Ghezal.
Des candidatures qui créent la polémique
Bagdad Ghezal fait partie des candidats qui devront surmonter des obstacles de taille pour être élu, malgré le soutien de ses concitoyens. Ce secrétaire de la section PS d’Etaples-sur-Mer (Pas-de-calais) depuis 2000, a été élu à une très large majorité par les militants d’Etaples pour conduire la liste PS lors des municipales. Pourtant, malgré cet engouement, ce travailleur social de 51 ans, né de père algérien et de mère marocaine, est au cœur des polémiques : en dépit du soutien du PS et des adhérents locaux, il connaît de grandes difficultés avec la fédération du Pas-de-Calais qui devrait proposer une autre liste. Le 15 décembre 2007, la convention nationale du PS consacrée aux investitures, avait fait de Bagdad Ghezal l’un des symboles de la volonté du parti de faire avancer la cause des candidats issus de la diversité. La direction du PS et François Hollande avaient adressé un message de fermeté à la fédération qui avait décidé de soutenir une liste dissidente, menée par Antoine de Rocquigny du Fayel, un jeune énarque, adhérent depuis peu au PS et propriétaire d’une résidence secondaire à Etaples.
C’est sur la base d’un sondage, qui donnerait la liste du jeune énarque en tête, que la fédération a fait son choix. Afin d’apaiser la situation, Bagdad Ghezal a accepté que les deux listes soient fusionnées en laissant la tête de liste à son « adversaire », mais ce dernier a refusé. Bagdad Ghezal regrette que la fédération pense que
« son nom sur la liste ferait perdre » et il a demandé à la direction nationale du parti d’entamer une procédure d’exclusion de son concurrent pour cause de discrimination raciale. Bien que la convention nationale du PS ait tranché en sa faveur, François Hollande ayant déploré la « frilosité » des cadres du parti, qui estiment souvent que confier la tête de liste à ces candidats est « un risque », la situation ne semble pas s’améliorer à Etaples.
En réalité, l’argument souvent répété selon lequel les Français ne seraient pas prêts à être dirigés par des personnes issues de la diversité, est largement invalidé par l’étude publiée en 2007 par Sylvain Brouard et Vincent Tiberj, deux chercheurs du Cevipof, le Centre de recherches politiques de Sciences Po et du CNRS. Dans le cadre de cette enquête, les chercheurs ont testé deux candidats imaginaires, Guillaume Lachaise et Bilal Yassine, sur deux échantillons représentatifs, l’un issu de l’immigration africaine et turque, l’autre de l’ensemble de la population. Et le résultat est sans appel : la candidat Bilal Yassine recueillerait en effet plus de voix dans les deux échantillons. Pour Vincent Tiberj, ce sont les partis, « encore très monocolores » qui sont « largement responsables de la place insuffisante accordée à la diversité ».
En plus de cette étude, les témoignages des citoyens prouvent qu’ils souhaitent un changement et du renouveau : le désir de la plupart des Français est de voir la classe politique leur ressembler davantage. Les élections législatives n’avaient pas tenu leurs promesses, malgré des candidats de la diversité décidés à gagner et sérieux. Aujourd’hui, dans cette lutte pour les municipales, certains de ces candidats sont heureusement donnés gagnants. Et l’un des plus sérieux participants, n’est autre que Rachida Dati.
Le cas Dati
Rachida Dati, fille d’un ouvrier marocain et d’une mère au foyer algérienne, est sans doute la plus célèbre des personnalités politiques françaises issues de la diversité. Après avoir travaillé dès 2002 aux côtés de Nicolas Sarkozy, elle devient l’une des porte-parole du candidat de la droite lors des élections présidentielles, et se fait ainsi connaître des Français. Aujourd’hui, à 42 ans, la ministre de la Justice, est candidate en tête de liste pour la mairie du 7ème arrondissement de Paris. L’arrondissement est traditionnellement de droite, donc réputé imperdable, mais cela n’empêche pas la polémique. En effet, les habitants de la circonscription parisienne se sont plaints de ce « parachutage ». Depuis l’éviction de David Martinon de Neuilly, certains redoutent que Rachida Dati soit en danger : dans un contexte où la droite est donnée perdante par les sondages pour ces élections et où Nicolas Sarkozy voit sa côte de confiance chuter sans cesse, il serait très ennuyeux pour le gouvernement de voir l’un de ses principaux ministres perdre la bataille.
Cette campagne est une première pour Rachida Dati : c’est la première fois que la Garde des Sceaux se confronte au suffrage universel. Une victoire lui confèrerait une vraie légitimité et lui permettrait de se présenter comme une femme politique choisie par les Français, alors qu’aujourd’hui, certains lui reprochent d’avoir juste été propulsée par le président de la République Nicolas Sarkozy et la critiquent sur ses réformes, comme celle de la carte judiciaire notamment.
Après l’annonce de sa candidature, la ministre de la Justice avait confessé lors d’une interview au quotidien Le Parisien : « J’ai hésité parce que j’étais consciente de la mission et de l’engagement que cette candidature implique. Ce sera de ma part un engagement entier, en prise directe avec les problèmes des Parisiens ». Son engagement dans cet arrondissement plutôt bourgeois n’est pas un hasard : « Que l’on vote pour moi dans le 7ème, cela permettrait de prouver qu’une certaine France n’est finalement pas agacée par moi », a-t-elle reconnu.
Sur son site de campagne, on peut lire ces quelques lignes : « Je suis candidate aux élections municipales parce que j’aime Paris. J’y vis depuis longtemps. Je partage votre attachement à notre arrondissement. C’est pour cela que j’y habite aujourd’hui. Le 7ème, c’est le respect de la tradition. Le 7ème, c’est la vitalité des quartiers. Le 7ème, c’est la cohésion des générations. Ces valeurs sont les miennes. Je m’engage dans le 7ème pour les défendre à vos côtés ». Pour le moment, Rachida Dati est donnée gagnante malgré les obstacles et des menaces de dissidence.
Coups bas, intrigues, trahisons : ce climat difficile aura en tous cas découragé plus d’un candidat issu de l’immigration. Azouz Begag a jeté l’éponge à Lyon alors qu’il souhaitait se présenter sous les couleurs du Modem (centre). Et il n’est pas le seul : nombreux sont ceux qui dénoncent le fossé entre le discours des dirigeants de partis et la réalité. La diversité est un concept à la mode, mais il serait peut-être temps de réellement l’appliquer pour ne pas voir les Français tourner le dos à la politique et surtout ne pas leur laisser penser que Rama Yade, Fadela Amara et Rachida Dati ne sont que des alibis.
Source : Gazette du Maroc - Warda Mohamed
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