Les Marocains modernisent leur consommation

6 juin 2007 - 00h00 - Maroc - Ecrit par : L.A

Suivant l’évolution au niveau mondial, la consommation des Marocains change. L’alimentaire perd de plus en plus de l’importance face aux dépenses de santé, de transport et de loisirs.

Les Marocains consomment-ils mieux aujourd’hui ? Mangent-ils léger ? s’habillent-ils tendance ? Ou encore s’équipent-ils en nouvelles technologies de l’information ? Ce sont là quelques questions auxquelles le Centre marocain de conjoncture (CMC) a tenté de répondre dans une étude sur l’évolution de la consommation au Maroc. Si dans les pays développés, la consommation a pris une tendance plus moderne par l’augmentation des dépenses pour la santé, et l’équipement ménager, élevés désormais au rang de besoins stratégiques qui dépassent les besoins alimentaires, au Maroc, l’on constate que cette tendance n’est pas encore confirmée. Mais, selon l’étude du CMC, dont les résultats ont été publiés en mai 2007, des prémices de changement commencent à apparaître dans les habitudes de consommations des Marocains.

De plus en plus, les dépenses alimentaires sont reléguées au second plan, privilégiant davantage les soins médicaux pour lesquels les ménages sont prêts à consacrer des sommes importantes de leur budget. Il faut dire que cette situation nouvelle est rendue possible grâce à l’élargissement de la couverture médicale à une large partie de la population marocaine avec notamment l’entrée en application de l’assurance maladie obligatoire (AMO), ce nouveau système de remboursement des frais médicaux, géré par la CNSS pour le compte des salariés du secteur privé et la CNOPS pour le compte des fonctionnaires.

Le Marocain dépense moins pour se nourrir

Malgré quelques petits problèmes d’ordre technique et de couverture, le nouveau système constitue une petite révolution qui a permis aux Marocains de se soigner sans trop perturber l’équilibre de leurs budgets. Il est clair que si le Marocain dépense un peu plus pour sa santé, c’est que le pays se développe et la population adopte des comportements plus cohérents avec l’évolution du monde. Naturellement, quand on veut préserver la santé, on doit aussi consommer mieux. L’ère d’une nourriture trop grasse ou trop sucrée, mais aussi trop abondante, semble désormais révolue. Pour être bien portant, le Marocain mange léger, consomme moins de sucre, agrémente ses plats en fruits et légumes, et réduit de plus en plus les portions alimentaires.

Ce qui fait qu’il dépense moins pour se nourrir. Néanmoins, il commence à dépenser un peu plus pour se maintenir en forme en s’inscrivant aux cours de sport et d’amincissement proposés par les nombreuses salles de fitness qu’on trouve un peu partout au Maroc, mais surtout à Casablanca. Fréquentées davantage par les femmes que par les hommes, ces salles offrent également des prestations de spa destinées à offrir aux Marocains le bien-être qu’ils recherchent.

Autre signe révélateur d’une vie moderne et branchée : les Marocains accordent aussi de l’importance aux équipements ménagers les plus sophistiqués comme les téléviseurs à écran LCD ou encore les appareils électroménagers à fonctionnement électrique et électronique. Réputés d’une taille orientée vers le gigantisme, mais d’une efficacité approuvée, ces appareils offrent également des designs à faire plaisir aux yeux et des fonctionnalités qui rendent la vie encore plus simple et plus agréable.

Seulement, leurs prix, malgré une tendance à la baisse, demeurent toujours élevés par rapport au pouvoir d’achat des Marocains. Ce qui fait que seule une minorité (10%), aux revenus assez conséquents, semble avoir les moyens pour s’offrir ces gadgets, dernier cri. D’une manière générale, l’étude du CMC fait état d’un équipement qu’on trouve dans la plupart des foyers : la désormais vieille cuisinière à gaz. Plus de 56% des ménages en sont équipés, et le gap entre la ville et la campagne tend progressivement à se réduire.Selon l’étude, la réduction de ce gap serait en partie rendue possible grâce aux Marocains résidents à l’étranger (MRE), qui rentrent chaque année au pays avec dans leurs bagages des équipements de tout genre, destinés à meubler l’intérieur de leurs maisons achetées ou construites au Maroc ou celles de leurs proches.

La course à l’équipement est aussi conditionnée par le niveau d’instruction et de formation du chef de ménage. C’est en tout cas ce que révèle l’étude, qui explique que plus le degré de formation est élevé, plus le taux d’équipement a tendance à augmenter. Pour un niveau supérieur, ce taux est de 77% et les achats touchent tous les équipements modernes comme les ordinateurs portables ou PC, les Playstations, et autres engins électroniques. Dans le cas contraire, le taux d’équipement ne dépasse pas 49% et les achats se limitent à quelques biens ménagers à fonctionnement dépassé.

Se déplacer semble aussi sérieusement préoccuper le Marocain. C’est pour cela qu’il semble prêt à dépenser la somme qu’il faut pour acquérir un véhicule. Selon l’étude, le Maroc est encore sous-équipé sur ce plan-là. Seulement 7,4% des ménages ont au moins une voiture, 10% un motocycle et 18% une bicyclette. Pour la voiture par exemple, 10% des ménages urbains en possèdent contre 2,5% en milieu rural. Mais, ce n’est pas pour autant que le Marocain abandonne le projet d’acquisition d’un véhicule. Il s’y prépare pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, et pour cela, il se constitue une épargne.

De nos jours, acquérir un véhicule n’est pas chose difficile. Les banques rivalisent d’idées et d’ingéniosité pour proposer des formules de financement adaptées à chaque budget. Les constructeurs automobiles aussi. L’arrivée sur le marché de voitures économiques, comme la Renault Logan, a permis aux familles aux revenus modestes d’acquérir une voiture qui répond le mieux à leurs attentes, mais surtout à leurs budgets.

Il n’y a qu’à voir les chiffres de vente pour se rendre compte du succès de cet engin devenu célèbre non seulement au Maroc mais dans le monde entier.

Globalement et selon une autre étude rendue publique par la Banque mondiale, les dépenses de consommation des Marocains ont atteint en 2005 quelque 40 milliards de dollars, soit environ 1.000 dollars par habitant, par an. Un chiffre énorme appelé à grimper encore davantage avec le niveau de vie qui devient de plus en plus cher.

Maroc Hebdo - A. Amourag

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