MRE : Une force de proposition dans le Maroc moderne

12 octobre 2005 - 11h16 - Maroc - Ecrit par :

Ils sont repartis massivement nos Marocains d’ailleurs après avoir sillonné plusieurs villes et régions pour des retrouvailles familiales, mais aussi pour des parcours fascinants à la découverte des trésors touristiques de leur pays qui recèlent nombreux signes et symboles.
La phase retour de l’opération de transit qui a pris fin jeudi dernier, s’est déroulée dans de bonnes conditions avec des délais d’attente avant embarquement très réduits et une assistance sociale et médicale quotidiennement assurée par des équipes permanentes qui opéraient dans les centres d’accueil et les aires de repos aménagés au profit de nos MRE.

Leur présence était fortement visible dans toutes les régions du royaume où l’animation culturelle et artistique, à la faveur de festivals, poussait l’ambiance à son paroxysme, avec des programmations riches et variées alternant musiques, chants, et concerts divers.
Leur séjour était aussi d’un appréciable apport économique pour plusieurs régions du royaume où les commerces, au rythme d’une activité fiévreuse, avaient changé leurs décors habituels, pour recevoir nos citoyens d’ailleurs qui s’offraient le plaisir d’acquérir et en grande quantité les divers articles étalés, pour des prix sacrifiés par rapport, jugent-ils, à ceux en cours dans les pays d’accueil.
Venus pour se ressourcer et enraciner l’identité, nos Marocains d’ailleurs ambitionnent de redorer l’image combien erronée que se font certains sur les conditions particulières propres à l’immigration et ses différentes évolutions.
A la différence de leurs parents qui incarnaient dans les années 60 et 70, l’image de travailleurs non qualifiés, embauchés essentiellement dans des secteurs liés aux gros travaux, nos jeunes MRE aux compétences multiples, constituent aujourd’hui un véritable réservoir de matière grise typiquement marocain.
Ces Marocains de deuxième et troisième générations qui aiment autant Nass el-Guiwane que les Blues Trottoir, le couscous que la tarte aux pommes, ont pu s’intégrer dans la société d’accueil tout en gardant la mémoire de leur identité socioculturelle.
Ils ont été pour la plupart élevés dans des conditions de vie extrêmement difficiles. Leurs parents, partis en Europe dans les années 60 et 70, étaient dans leur majorité analphabètes. Et c’est dans cet environnement qu’ils ont évolué en faisant cohabiter en eux deux mondes différents : les valeurs ancestrales et l’élan du modernisme qu’engendre l’essor technologique occidental.

Pour une meilleure
intégration

Pendant toute leur enfance, ils ont fait leur devoir sur la table de la cuisine dans des appartements surpeuplés. Ils ont pris de plein fouet la marginalisation et le mépris, assisté à la montée des discours extrémistes et supporté les clichés, les soupçons et les comportements de vigilance dont ils étaient constamment victimes.
Ils sont aujourd’hui des centaines de chercheurs, d’enseignants, d’informaticiens, de médecins, de sportifs, d’artistes et d’investisseurs qui ont réussi à s’imposer au fil des années, avec l’ambition de conquérir une place de mérite dans les sociétés d’accueil.
Emprisonnés dans des stéréotypes, marginalisés par les clichés, plusieurs d’entre eux se laissent convaincre de rentrer au bercail, et de s’élancer dans des projets d’entreprises et de gestion, mais ils sont confrontés, disent-ils, à « des procédures administratives peu motivantes ».
Quand on les interroge sur le phénomène de l’immigration, ils se montrent à la fois sceptiques quant à une solution rapide et efficace favorisant leur intégration, mais confiants en la volonté de SM le Roi Mohammed VI, qui ne cesse, à travers des gestes forts et concrets, d’assurer la continuité des liens sociaux, culturels et cultuels des ressortissants marocains d’ailleurs.
Dans une interview accordée à « Paris-Match » dans son édition du 8 novembre 2001, SM le Roi avait insisté sur l’énorme travail qui doit être entrepris de part et d’autre, pour consacrer le respect mutuel et une meilleure intégration de nos MRE. « Nous avons là un énorme travail de pédagogie réciproque pour privilégier le dialogue, rassurer ces jeunes et ces moins jeunes qui ne se reconnaissent plus dans le regard des autres. Ils y voient plus de suspicion que de compréhension, plus de rejet que de générosité. Il nous faut reconstruire et conforter ce fil qui doit privilégier le respect mutuel », avait dit le Souverain.
A cette volonté royale d’assurer une intégration agissante et productive de nos MRE, un autre geste, et non des moindres, est venu s’ajouter à leurs acquis, celui de la nationalité, qui désormais, peut être transmise par la femme marocaine mariée à un étranger à ses enfants.
D’autres perspectives se profilent pour ces « ambassadeurs » qui participent activement à l’économie nationale. Il s’agit de la mise en place d’une structure représentant la communauté marocaine à l’étranger et différents acteurs de la société civile, et qui devrait servir comme espace de dialogue entre les deux rives et comme force de proposition dans le grand débat sur le Maroc nouveau, un Maroc fort et moderne.

Ahmed El Midaoui - Al Bayane

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