Dans une lettre ouverte au roi Mohamed VI, l’APDHA et les autres organismes signataires, ont exprimé leurs inquiétudes face à la situation des "prisonniers politiques et d’opinion", y compris ceux du Rif, en cette période de crise sanitaire due au covid-19.
La situation est « très préoccupante », estiment les associations signataires qui craignent pour la vie de ces prisonniers « exposés à des situations d’extrême vulnérabilité, étant donné que aussi bien des fonctionnaires que des détenus, ont été déjà testés positifs dans certaines prisons du pays. »
Pour ces raisons, l’APDHA demande au roi Mohammed VI de libérer les prisonniers politiques et d’opinion, et notamment ceux du Rif, "comme il l’a fait à des centaines de prisonniers ordinaires il y a quelques semaines".
Selon l’association, ce sont des décennies de « répression, d’ignominie et d’abandon » qui ont amené les habitants du Rif à se faire entendre à différents moments de l’histoire. Le dernier événement en date, s’est produit le 28 octobre 2016, "après le meurtre de Mohsin Fikri, un vendeur ambulant de poissons qui, voulant récupérer sa marchandise saisie par les policiers marocains, s’est fait écraser par le camion à ordures dans lequel les agents avaient jeté la marchandise".
Le mouvement populaire "Al Hirak", né à la suite de l’enterrement du jeune marocain à laquelle ont pris part plus de 50 000 personnes, a multiplié les actions de revendications à travers des assemblées dans les rues, les souks et sur les places. Pour l’essentiel, il réclamait un hôpital multidisciplinaire dédié au cancer dont le taux était « très élevé » dans la région, une université à Al Hoceima, l’arrêt de la discrimination en termes de pêche, d’agriculture, d’emploi, de transport et les communications…
En réponse à ces marches pacifiques, "des arrestations, des enlèvements, des tortures, des viols, des emprisonnements et des condamnations" allant de 2 à 20 ans. C’est le cas de Nasser Zefzafi, chef du mouvement le plus visible, accusé de "complot pour attenter à la sécurité de l’État", de Nabil Ahmjiq, Ouassim Boustati et Samir Ighid.
"De nombreux militants ont été contraints à l’exil pour éviter de se retrouver dans les prisons marocaines", déplorent les signataires qui par cette lettre, expriment leur solidarité avec leurs "frères et sœurs du Rif".