C’est la conclusion que l’on pourrait tirer de la journée d’études, organisée, jeudi soir à Rabat, à l’initiative du club diplomatique marocain. Une rencontre marquant la Journée nationale de la diplomatie marocaine et le 49e anniversaire de la création du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération et à laquelle assistaient plusieurs diplomates marocains, des représentants du corps diplomatique accrédité au Maroc, des parlementaires, des membres de partis politiques et des chercheurs et universitaires.
"La problématique de la migration tend à être mêlée, dans la confusion, aux stratégies de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale, surtout après les événements tragiques du 11 septembre aux Etats-Unis ", a souligné la ministre déléguée chargée de la Communauté marocaine résidant à l’étranger donnant ainsi le ton à la conférence.
La communauté des Marocains, et plus globalement des arabes et musulmans vivant en Occident, vit en permanence dans la hantise de se faire appréhender par la justice pour un motif ou un autre. Certains n’hésitent pas à parler de délit de faciès. Les mises en garde contre les amalgames ne suffisent pas à tranquilliser ceux qui font quotidiennement face au regard de l’autre chargé de méfiance et préjugés.
"La communauté marocaine à l’étranger, quels enjeux ?". La thématique de la rencontre sous forme d’interrogation poussait, par ailleurs, à la méditation. Mme Nouzha Chekrouni, qui a inscrit dans sa stratégie d’action, l’ouverture et la communication avec la communauté des Marocains résidant à l’étranger, conclut à l’échec des politiques d’intégration dans les pays d’accueil.
Un échec qui s’explique, selon elle, par deux facteurs principaux à savoir le logement et l’emploi. Donc l’essentiel. Le départ vers l’étranger n’étant motivé, dans la majorité écrasante des cas, que par une recherche de travail et d’un cadre de vie meilleurs.
Un constat douloureux est également fait par la ministre. "La contribution des Marocains résidant à l’étranger (MRE) à l’essor économique qu’a connu l’Europe après la deuxième guerre mondiale n’a pas été appréciée à sa juste valeur".
Après le travail, souvent invisible, dans les plus grands chantiers d’Europe, les travailleurs immigrés marocains retournaient dans leur " ghetto " dans les banlieues des villes. Ils finissent leur vie dans l’indifférence. Des documentaires et autres films, réalisés par la troisième génération des fils de des immigrés tentent timidement de jeter la lumière sur cette étape de l’histoire européenne que beaucoup regardent avec indifférence.
Mais l’immigration a aujourd’hui changé de visage et les communautés des immigrants ont de plus en plus conscience de leurs droits. Mme Chekrouni devait ainsi rappeler que la migration des Marocains, qui a commencé durant les années 60 dans le but de répondre aux besoins de la reconstruction de l’Europe de l’après deuxième guerre mondiale, a pris depuis les années 70 une nouvelle forme à savoir la migration féminine et s’est poursuivie, durant les dernières décennies, par la fuite des cerveaux.
Elle a ajouté qu’avec le développement de la globalisation, qui permet la libre circulation des capitaux et de marchandises et interdit la libre circulation des personnes par l’instauration des visas, pose de nouveaux problèmes de migration notamment ceux de la diversité et de l’identité culturelle ainsi que de la montée de l’immigration clandestine qui est le résultat de la fermeture des frontières par les pays occidentaux.
Le Matin