Nouzha Chekrouni plaide pour les émigrés

30 avril 2005 - 11h18 - Maroc - Ecrit par :

Victimes de phénomènes de déracinement, de marginalisation et d’exclusion, les immigrés marocains basés à l’étranger sont aujourd’hui la cible, malgré eux, d’une traque organisée en occident et qui vise à lutter contre le terrorisme et la criminalité transnationale.

C’est la conclusion que l’on pourrait tirer de la journée d’études, organisée, jeudi soir à Rabat, à l’initiative du club diplomatique marocain. Une rencontre marquant la Journée nationale de la diplomatie marocaine et le 49e anniversaire de la création du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération et à laquelle assistaient plusieurs diplomates marocains, des représentants du corps diplomatique accrédité au Maroc, des parlementaires, des membres de partis politiques et des chercheurs et universitaires.

"La problématique de la migration tend à être mêlée, dans la confusion, aux stratégies de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale, surtout après les événements tragiques du 11 septembre aux Etats-Unis ", a souligné la ministre déléguée chargée de la Communauté marocaine résidant à l’étranger donnant ainsi le ton à la conférence.

La communauté des Marocains, et plus globalement des arabes et musulmans vivant en Occident, vit en permanence dans la hantise de se faire appréhender par la justice pour un motif ou un autre. Certains n’hésitent pas à parler de délit de faciès. Les mises en garde contre les amalgames ne suffisent pas à tranquilliser ceux qui font quotidiennement face au regard de l’autre chargé de méfiance et préjugés.

"La communauté marocaine à l’étranger, quels enjeux ?". La thématique de la rencontre sous forme d’interrogation poussait, par ailleurs, à la méditation. Mme Nouzha Chekrouni, qui a inscrit dans sa stratégie d’action, l’ouverture et la communication avec la communauté des Marocains résidant à l’étranger, conclut à l’échec des politiques d’intégration dans les pays d’accueil.

Un échec qui s’explique, selon elle, par deux facteurs principaux à savoir le logement et l’emploi. Donc l’essentiel. Le départ vers l’étranger n’étant motivé, dans la majorité écrasante des cas, que par une recherche de travail et d’un cadre de vie meilleurs.

Un constat douloureux est également fait par la ministre. "La contribution des Marocains résidant à l’étranger (MRE) à l’essor économique qu’a connu l’Europe après la deuxième guerre mondiale n’a pas été appréciée à sa juste valeur".

Après le travail, souvent invisible, dans les plus grands chantiers d’Europe, les travailleurs immigrés marocains retournaient dans leur " ghetto " dans les banlieues des villes. Ils finissent leur vie dans l’indifférence. Des documentaires et autres films, réalisés par la troisième génération des fils de des immigrés tentent timidement de jeter la lumière sur cette étape de l’histoire européenne que beaucoup regardent avec indifférence.

Mais l’immigration a aujourd’hui changé de visage et les communautés des immigrants ont de plus en plus conscience de leurs droits. Mme Chekrouni devait ainsi rappeler que la migration des Marocains, qui a commencé durant les années 60 dans le but de répondre aux besoins de la reconstruction de l’Europe de l’après deuxième guerre mondiale, a pris depuis les années 70 une nouvelle forme à savoir la migration féminine et s’est poursuivie, durant les dernières décennies, par la fuite des cerveaux.

Elle a ajouté qu’avec le développement de la globalisation, qui permet la libre circulation des capitaux et de marchandises et interdit la libre circulation des personnes par l’instauration des visas, pose de nouveaux problèmes de migration notamment ceux de la diversité et de l’identité culturelle ainsi que de la montée de l’immigration clandestine qui est le résultat de la fermeture des frontières par les pays occidentaux.

Le Matin

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Nouzha Chekrouni - Rencontre - Immigration - MRE

Ces articles devraient vous intéresser :

Retraités MRE : ce que vous gagnerez (fiscalement) en rentrant au Maroc

Pour de nombreux Marocains résidant à l’étranger, l’heure de la retraite sonne souvent comme un retour aux sources. Une perspective que le Maroc entend bien encourager, notamment par un dispositif fiscal particulièrement attractif pour les pensions de...

Agression de MRE en Europe : le parlement marocain interpellé

Un parlementaire du parti de l’Istiqlal vient d’appeler Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération africaine, à agir pour combattre les attaques racistes répétées ciblant les Marocains résidant à l’étranger (MRE).

L’aide au logement connait un succès auprès des MRE

Depuis son ouverture le 2 janvier, le site d’assistance pour l’aide au logement connaît un succès croissant, notamment auprès des Marocains résidant à l’étranger.

Accueil des MRE : le Maroc se plie en quatre

Nasser Bourita, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, a déclaré mardi à la Chambre des conseillers que toutes les dispositions sont prises pour une organisation réussie de l’Opération...

Importation de devises par les Marocains résidant à l’étranger : Ce qu’il faut savoir

Pour les Marocains résidant à l’étranger (MRE), l’importation de devises au Maroc nécessite certaines formalités essentielles qu’il faut absolument connaître. Que vous rentriez avec des devises sous forme de billets de banque ou d’instruments...

L’économie marocaine dopée par les MRE

Le dernier rapport de la Banque mondiale sur les migrations et le développement indique que 20 % des transferts d’argent de la région MENA proviennent des Marocains résidant à l’étranger (MRE).

Au Maroc, les MRE ont-ils vraiment leur mot à dire sur l’avenir du pays ?

Le Maroc a pris des mesures pour garantir la participation des Marocains résidant à l’étranger (MRE) au processus politique. Le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit fait le point.

Aïd al-Adha : ruée de Marocains vers l’Espagne

Alors que de nombreux Marocains résidant à l’étranger (MRE) rentrent au Maroc pour y passer les congés de l’Aïd al-Adha, certaines familles marocaines font le chemin inverse.

Admission temporaire : ce qui change si vous transférez un véhicule à un autre MRE

Jusqu’ici, les règles entourant le transfert d’un véhicule sous admission temporaire (AT) entre deux Marocains résidant à l’étranger (MRE) étaient peu claires, voire rarement appliquées. Le guide douanier 2025 met fin au flou en introduisant des...

Ce qui pourrait changer pour le mariage des MRE

Des modifications du Code de la famille marocain (Moudawana) sont envisagées. Sept propositions d’amendements, préalablement approuvées par le Conseil supérieur des oulémas, ont été présentées fin 2024 au Roi Mohammed VI par le ministre des Habous et...