Les jeunes marocains veulent créer leur propre parlement

28 février 2009 - 09h11 - Maroc - Ecrit par : L.A

En lançant le "parlement de la jeunesse", les jeunes Marocains espèrent améliorer la tolérance et renforcer l’intérêt dans la politique. Les partisans de cette initiative affirment que pour que ce projet soit efficace, il devra bénéficier de réels pouvoirs.

Le Forum Marocain de la Jeunesse (FMJ) espère instaurer un parlement de la jeunesse pour faciliter la mise en oeuvre des recommandations du Congrès International de la Jeunesse et du Congrès International des Jeunes pour le Troisième Millénaire. Lors d’un séminaire organisé samedi 21 février à Rabat destiné à lancer cette idée ambitieuse, le message a été envoyé aux partis politiques et aux instances d’Etat. Le forum envisage également de faire appel au Roi Mohammed VI pour qu’il aide à faire de ce projet une réalité.

Selon le FJM, ce parlement sera ouvert aux jeunes âgés de 18 à 30 ans. Ce sera une instance consultative, dont le but sera d’encourager l’activité politique au sein de la jeunesse. Ce projet vise à enseigner aux jeunes les valeurs de citoyenneté et de tolérance, à renforcer le sens de la responsabilité et de l’objectivité, et à diffuser la culture des droits de l’Homme et le pluralisme.

Des élections étant coûteuses et difficiles à organiser, les jeunes souhaitant se présenter comme candidats devront passer par une procédure de sélection conduite par des spécialistes. Dans un premier temps, les organisateurs espèrent que près de mille candidats se présenteront pour les 99 sièges au congrès national.

"Par ce projet, nous espérons renforcer le rôle de la jeunesse en tant que force pour faire avancer nos idées et contribuer à la construction d’une société démocratique", a déclaré le président du FJM Ismail Hamraoui à Magharebia. "Aucune instance ne s’intéresse spécifiquement aux questions de la jeunesse, alors que 40 pour cent des Marocains sont des jeunes. C’est ce qui a motivé notre projet. Il faut savoir que beaucoup de pays arabes possèdent une telle instance."

El Hamraoui a demandé aux responsables de s’intéresser de plus près aux questions touchant la jeunesse marocaine. Il a déploré la "médiocrité" du budget du ministère de la Jeunesse, qui ne représente que 0,6 pour cent du budget total de l’Etat.

Le service de communication du ministère de la Jeunesse et des Sports a affirmé que le ministre Nawal El Moutawakil était favorable à la création d’un parlement des jeunes et qu’il envisage de favoriser sa création.

"Ce projet est important car les jeunes ont insufflé une dynamique nouvelle dans le champ politique national par leur prise de conscience des questions fondamentales de la patrie et de la nation", a expliqué le professeur de science politique Abderrahim Manar Esslimi, qui participait à ce séminaire.

M. Manar Esslimi a demandé que de réels pouvoirs soient dévolus à ce parlement, pour qu’il ne connaisse pas le même sort que le parlement des enfants, qui reste à ce jour une instance purement symbolique.
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Faouzi Chaâbi, député du Parti pour le Progrès et le Socialisme, s’est également déclaré favorable à une initiative qui pourrait, selon lui, renforcer la confiance des jeunes envers la vie politique. "Le manque de participation politique des jeunes est dû à un état de désespoir chez cette frange de la société ainsi qu’aux politiques partisanes qui ne favorisent pas la démocratie interne", a déclaré M. Chaâbi. "Il faut savoir que les jeunes boudent la manière dont la politique est exercée par les partis politiques."

La directrice de l’Institut National pour la Jeunesse et la Démocratie Amina Soudi a souligné la nécessité d’ouvrir un vaste débat avec les responsables des formations politiques, afin que ce projet puisse être rapidement mis sur les rails.

Pour sa part, le FJM mettra en place une commission chargée de la communication avec le ministère de l’Intérieur pour encourager les jeunes à participer aux prochaines élections communales.

Source : Magharebia - Sarah Touahri

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