Plan stratégique national pour la sécurité routière au Maroc

18 avril 2004 - 15h26 - Maroc - Ecrit par :

Les chiffres de l’insécurité routière au Maroc ne cessent de s’aggraver. En 2003, 3.878 personnes ont trouvé la mort et plus de 15.000 ont été gravement blessées dans des accidents de la circulation. Un bilan en hausse de 3% par rapport à l’année précédente, selon les chiffres du ministère marocain de l’Equipement et des Transports.

Le royaume chérifien compte 1,8 million de véhicules pour 30 millions d’habitants et, proportionnellement, le risque d’y trouver la mort dans un accident de la route est six fois plus élevé qu’en France et neuf fois plus qu’au Royaume-Uni.

Début avril, les autorités marocaines ont lancé une vaste campagne de communication et de sensibilisation à la radio et sur les chaînes de télévision, au travers de spots en arabe et en français qui invitent les automobilistes à respecter le code de la route. Des affiches présentant de jeunes accidentés handicapés ont également été placardées en milieu urbain.

Un "plan stratégique national pour la sécurité routière" a été officiellement lancé à Casablanca (100km au sud de Rabat) et concernera dans un premier temps le Grand Casablanca (environ 3,5 millions d’habitants), qui concentre à lui seul plus de 20% des accidents de la circulation et plus de 10% du nombre de tués.

Ce plan mettra l’accent sur la multiplication des contrôles routiers, dont l’efficacité est actuellement pénalisée par la corruption et les nombreux passe-droits, sur la sévérité renforcée des sanctions et la modernisation de la formation des apprentis conducteurs. Il s’agit d’endiguer ce que le ministre de l’Equipement et des Transports, Karim Ghellab, qualifie de "fléau", et qui coûte 8 milliards de dirhams (730 millions d’euros) chaque année à la collectivité.

D’après les statistiques officielles, la vitesse excessive est à l’origine d’un tiers des accidents mortels. La vétusté d’une grande partie du parc automobile marocain, mais aussi le comportement des conducteurs, mal formés, expliquent également cette hécatombe.

Il n’est pas rare de croiser sur les routes marocaines des "grands taxis" -Mercedes souvent de plus de 20 ans d’âge- surchargés, avec sept adultes à bord, et roulant très au-dessus des vitesses autorisées (100km/h sur routes nationales et 120km/h sur autoroutes).

Concurrents des "grands taxis" sur les liaisons interurbaines, les autocars sillonnent à des vitesses hallucinantes les routes nationales et n’hésitent pas à franchir les lignes blanches, parfois en triple file, pour doubler les tracteurs, mobylettes, charrettes qui eux-mêmes ont la plus grande réticence à circuler sur la droite de la chaussée.

De même, le comportement des piétons n’est pas exempt de reproches : non-respect des rares passages matérialisés pour la traversée de la chaussée, circulation en dehors des trottoirs, traversée intempestive des voies de circulation sur les autoroutes. Un comportement souvent suicidaire quand on sait que la seule règle de priorité respectée au Maroc est le passage en force...

Assez bien entretenu et de plus en plus fréquenté par les touristes européens, le réseau routier marocain (61.000km) a toutefois pris du retard dans sa modernisation, certains tronçons autoroutiers, comme celui devant relier Casablanca à Marrakech, jugé "prioritaire" pour développement économique et touristique, n’est toujours pas en service.

Le plan de renforcement de la sécurité routière engagé par les autorités marocaines porte sur les deux années à venir. Selon le quotidien "Aujourd’hui le Maroc", citant une étude de la Banque européenne d’investissements, si aucune mesure sérieuse n’est prise au niveau national, le nombre de tués sur les routes marocaines augmenterait de 32% d’ici à 2012, pour atteindre près de 5.000 morts.

AP

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Accident - Routier - Code de la route marocain - Ministère de l’Equipement et du Transport

Ces articles devraient vous intéresser :

Taxis contre Indrive : quand la rue marocaine devient un ring

La Coordination nationale et le Bureau régional de l’Organisation nationale pour les droits humains et la défense des libertés au Maroc appellent les autorités responsables du secteur des transports à trouver des solutions efficaces pour résoudre le...

Maroc : 1 200 km d’autoroutes supplémentaires d’ici 2030

La société nationale des autoroutes du Maroc (ADM) maintient ses ambitions en 2025, malgré les nombreux défis (croissance, endettement et modernisation) auxquels elle est confrontée. L’institution va poursuivre les importants projets d’infrastructure...

Trafic aérien : le Maroc met le paquet pour le Mondial 2030

Le Maroc s’active pour améliorer la qualité des services de transport aérien et renforcer la connectivité aérienne, dans la perspective de la Coupe du monde 2030 qu’il coorganisera avec l’Espagne et le Portugal.

Royal Air Maroc à nouveau critiquée pour la perte de bagages

Abdessamad Kayouh, ministre du Transport et de la Logistique, s’explique sur les retards observés dans la remise des bagages et la perte des bagages dans les aéroports marocains, surtout l’aéroport Mohammed V de Casablanca.

Tanger étouffe

La multiplication des embouteillages monstres étouffe peu à peu la ville de Tanger au point de rendre la conduite presque impossible.

Le Maroc prépare les aéroports de demain

Le Maroc prévoit de se doter d’un nouveau Schéma directeur aéroportuaire national à l’horizon 2045, le dernier élaboré en 2013 étant devenu obsolète.

Infrastructures : Le Maroc met le paquet sur les routes

Le gouvernement marocain met le paquet sur le développement des infrastructures routières. En 2023, un budget de 3,2 milliards de dirhams a été alloué à la réalisation de plus de 750 km de routes. Ce vaste programme d’investissement vise à stimuler...

Le Maroc vend ses navires aux enchères

Quelque 18 bateaux appartenant à la société de dragage Drapor qui s’est retrouvée en situation de liquidation judiciaire, sont actuellement mis en vente aux enchères dans les ports marocains, a annoncé Nizar Baraka, le ministre de l’Équipement et de...

Des travaux à l’aéroport de Casablanca qui vont peser sur les voyageurs

Les préparatifs des grands événements sportifs comme la coupe d’Afrique des nations (CAN Maroc 2025) et la coupe du monde de football 2030 poussent le ministère du Transport et de la Logistique à limiter de façon temporaire les activités de l’aéroport...

Le Maroc mise sur les trains

L’Office national des chemins de fer (ONCF) a réalisé ces dernières années d’importants investissements pour moderniser sa flotte de trains et réhabiliter certaines lignes ferroviaires, a indiqué le ministère des Transports et de la logistique.