Le cas de Saad révèle la persistance du racisme anti-marocain en Espagne
Le racisme prend de l’ampleur en Espagne. Chaque année, près de 2 000 cas de racisme, sous toutes ses formes, sont enregistrés dans le pays.
Saad Belhaj - Photo : La Nacion
Les discriminations raciales continuent en Espagne. Le cas de Saad Belhaj, un jeune marocain à qui il a été refusé une colocation à cause de son origine, ramène sur le tapis ce phénomène qui gangrène la société espagnole.
Saad Belhaj, 20 ans, a décidé de quitter ses parents avec qui il vivait dans une autre ville pour se rapprocher de son lieu de travail. Il cherchait un appartement à Almeria, en Andalousie, pour se rendre plus rapidement au magasin de sport où il est employé. Après plusieurs recherches, il a fini par trouver une chambre dans un appartement à partager avec trois colocataires, ce qui répondait à ses besoins et à sa bourse. Mais, après avoir signé le contrat de location et pris les clés de la chambre, l’un des colocataires, une fille, l’a appelé pour lui dire qu’il ne pouvait cohabiter avec elle parce que son père ne voulait pas qu’elle vive avec des « Arabes ou des gitans ».
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« J’étais choqué, glacé. Je n’ai jamais rien vécu de tel. Je ne savais pas comment réagir et je lui ai demandé une chance, d’apprendre à me connaître. Maintenant, j’y pense et je me dis que je n’ai pas à demander à qui que ce soit une chance parce que je suis fier de mes origines », a déclaré le jeune homme à La Nacion, soulignant n’avoir jamais été victime de racisme en raison de ses origines auparavant. Les larmes aux yeux, la fille l’a assuré qu’elle a essayé de convaincre ses parents qu’il « est un gentil garçon, qui s’habille bien et qui a un bon travail », mais son père n’a rien voulu comprendre. « Est-ce que parce que je suis Marocain, je ne peux pas avoir un bon travail et bien m’habiller ? J’ai halluciné », a ajouté Saad.
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Né au Maroc, Saad est arrivé dans la ville andalouse avec ses parents alors qu’il n’avait que trois mois. « J’ai passé toute ma vie ici. J’adore ce pays et je suis heureux ici. Les Marocains ne sont pas des voleurs ou des meurtriers. Je n’arrive toujours pas à croire que cela se passe encore aujourd’hui », se désole le jeune homme dont la mésaventure a été racontée par sa collègue de travail, Elena, sur Twitter, dénonçant un « racisme pur et simple ». Le tweet, devenu viral, a reçu plus de 28 000 likes en deux semaines. Plusieurs internautes ont reconnu dans leurs commentaires avoir été aussi victimes de racisme à Almeria alors qu’ils étaient à la recherche d’un logement.
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« J’espère que le racisme prendra fin un jour », a écrit l’un d’eux. « Il y a quelques semaines, j’ai dénoncé une annonce qui ne cherchait que des locataires européens, mais il y a une impunité totale dans le domaine du logement », a dénoncé un autre. Selon le rapport annuel 2018 de l’ONG espagnole SOS Racismo, qui accompagne et assiste les victimes de discrimination raciale ou de xénophobie en leur donnant des conseils juridiques, 359 plaintes de violence raciale ont été enregistrées dans neuf provinces au cours de l’année de référence.
L’échange de Saad avec sa colocatrice :
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