Safia El Aaddam, « fille d’immigrés », dénonce le racisme en Espagne

6 juin 2022 - 17h40 - Espagne - Ecrit par : P. A

Née à Tarragone de parents marocains, Safia El Aaddam, 27 ans, a entamé les démarches pour obtenir la nationalité espagnole depuis qu’elle a appris que sans ce document, elle ne pourrait jamais exercer son droit de vote en Espagne. Pour dénoncer entre autres ces discriminations, elle vient de publier son premier ouvrage titré « Fille d’immigrés » (Hija de inmigrantes).

Les parents de Safia, d’origine marocaine, sont arrivés en Catalogne il y a 40 ans. Safia, elle, a vu le jour à Tarragone il y a 27 ans. La jeune femme se bat depuis l’âge de 18 ans pour obtenir la nationalité espagnole sans laquelle elle ne pourrait exercer son droit de vote. Jusque-là, elle n’a toujours pas la carte nationale d’identité (DNI) espagnole, mais assure que la procédure est presque à son terme, fait savoir Huffington Post.

Pendant toutes ces années où elle ne pouvait pas voter, Safia est devenue très active sur les réseaux sociaux. Sous le surnom de « Fille d’immigrés », elle dénonce sur Instagram les discriminations subies par de nombreux étrangers en Espagne. En 2019, elle lance les campagnes « Je te donne mon vote » et « Voter est un privilège », regroupant des résidents sans droit de vote et des Espagnols abstentionnistes.

À lire : Espagne : une Marocaine dénonce le racisme de son professeur

Très engagée, Safia El Aaddam vient de publier son premier roman, au titre assez évocateur : Fille d’immigrés. « Dès mon plus jeune âge, j’ai réalisé que j’avais cette étiquette de fille d’immigrés parce que j’avais hérité du statut d’immigré, du statut légal et du racisme social envers mes parents, même si je suis née dans ce pays », explique-t-elle. Et d’ajouter : « Vous assumez un rôle et des responsabilités qui ne sont pas de votre âge, le stress permanent dû à la peur des institutions entre autres. À l’âge adulte, vous vous voyez comme une fille sans défense… »

Safia dénonce par ailleurs le racisme institutionnel envers les étrangers. « Quand le fils du Maure parle amazigh et espagnol, il n’est pas assez intégré. Mais quand le fils d’un Français parle français et espagnol, c’est un vrai mérite », déplore-t-elle. « On essaie de renier ses racines et sa culture pour ne pas subir tant de rejet et de violence. […] C’est à l’école que les filles de migrants et de personnes de couleur subissent les premières violences et discriminations. Structurellement, le système est raciste, donc l’éducation est raciste aussi, et les enseignants sont racistes », insiste Safia.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Espagne - Racisme - Femme marocaine

Aller plus loin

Le racisme envers les Marocains continue en Espagne, le cas de Saad Belhaj

Les discriminations raciales continuent en Espagne. Le cas de Saad Belhaj, un jeune marocain à qui il a été refusé une colocation à cause de son origine, ramène sur le tapis ce...

Espagne : sous pression pour licencier ses employés marocains

Le propriétaire d’un bar en Espagne aurait reçu une note manuscrite anonyme dans laquelle il lui est exigé de licencier son personnel étranger, notamment marocain, et de ne...

Le racisme et le harcèlement subis par Bilal Hassani, racontés par sa mère

Le chanteur d’origine marocaine Bilal Hassani, qui a représenté la France à l’Eurovision en 2019 et qui a participé à Danse avec les stars, diffusée sur TF1, continue de faire...

Espagne : une Marocaine dénonce le racisme de son professeur

Basma Belrhalia Laouar, étudiante marocaine en journalisme à l’Université de Murcie (UMU), a dénoncé sur Tik Tok le comportement raciste de son professeur de langue au lycée de...

Ces articles devraient vous intéresser :

Code de la famille : les féministes marocaines face à l’opposition de Benkirane

Le secrétaire général du Parti justice et développement (PJD), Abdelilah Benkirane, a vivement critiqué le mouvement féministe qui milite pour l’égalité des sexes dans le cadre de la réforme du Code de la famille, estimant que son combat vise à...

« Sexy ! » : le harcèlement de rue dénoncé par une tiktokeuse au Maroc

Une célèbre tiktokeuse vient de visiter le Maroc et elle en vient à la conclusion que c’est le pays le plus sexiste au monde. Elle a toutefois salué l’hospitalité marocaine.

L’actrice Malika El Omari en maison de retraite ?

Malika El Omari n’a pas été placée dans une maison de retraite, a affirmé une source proche de l’actrice marocaine, démentant les rumeurs qui ont circulé récemment sur les réseaux sociaux à son sujet.

Maroc : des soupçons d’adultère conduisent à un drame

Le corps sans vie d’une jeune femme a été retrouvé au domicile de sa famille dans les environs de Berrechid. Soupçonné d’homicide, son mari en fuite a été arrêté par les éléments de la Gendarmerie royale relevant du centre territorial de Deroua.

Les Marocaines pénalisées en cas de divorce ?

Des associations féminines sont vent debout contre la réforme d’Abdelatif Ouahbi, ministre de la Justice, imposant aux femmes ayant un revenu supérieur à celui de leur conjoint de verser une pension alimentaire à leurs ex-maris après le divorce.

Haine envers les Marocains : prison ferme prononcée par la justice

Le parquet de Valence spécialisé dans les délits de haine a requis trois ans de détention contre un homme accusé de diffusion d’informations mensongères sur les réseaux sociaux ciblant les musulmans, notamment Marocains.

Maroc : mères célibataires, condamnées avant même d’accoucher

Au Maroc, les mères célibataires continuent d’être victimes de préjugés et de discriminations. Pour preuve, la loi marocaine n’autorise pas ces femmes à demander des tests ADN pour établir la paternité de leur enfant.

Ramadan et menstrues : le tabou du jeûne brisé

Chaque Ramadan, la question du jeûne pendant les menstrues revient hanter les femmes musulmanes. La réponse n’est jamais claire, noyée dans un tabou tenace.

Le racisme gangrène les stades marocains

Lors du match contre le Hassania d’Agadir au Maroc tenu au complexe sportif Mohammed V le 23 avril dernier, en championnat national, des supporters du Raja de Casablanca ont proféré des slogans jugés anti Amazighs par dix-huit associations.

Au Maroc, des campagnes contre les migrants africains créent la polémique

Une campagne lancée par des militants marocains sur les réseaux sociaux, intitulée « Non à l’installation des Africains subsahariens », est de plus en plus populaire. L’initiative appelle explicitement à l’expulsion des migrants originaires d’Afrique...