Fadila Laanan, femme politique belge d’origine marocaine, n’a pas porté plainte contre les agressions racistes dont elle a été victime par le passé. Dans une interview, l’ex-ministre belge de la Culture, de l’audiovisuel et de la Jeunesse s’en explique.
Victime d’agressions racistes pendant ses fonctions en 2004, l’ex-ministre n’a jamais porté plainte, indique le journal la Dernière heure. Première raison pour expliquer sa position : « Les époques étaient bien différentes », dit-elle. Elle donne ensuite quelques détails. Tout est parti d’un courrier anonyme, relatif à l’interdiction de consommation d’alcool et de viande de porc au sein des institutions françaises ainsi que, l’obligation de port de voile pour le personnel féminin. Ce courrier raciste a été envoyé le 1ᵉʳ septembre 2004 par un membre de l’administration de la Culture et de l’audiovisuel de la Fédération Wallonie Bruxelles. Fadila Laanan affirme qu’il s’agissait de la discréditer en tant que toute nouvelle ministre francophone de la Culture, de l’audiovisuel et de la jeunesse, et première personnalité politique d’origine maghrébine nommée ministre dans l’histoire de la Belgique.
En son temps, Fadila Laanan dit ne pas prêter attention à ces allégations “satellitaires” à l’époque, mais voulait surtout se démarquer par ses compétences. Aujourd’hui, elle pense que la situation a progressé dans le mauvais sens, surtout avec l’apport des réseaux sociaux qui constituent de plus en plus des canaux pour des propos racistes. Mais elle constate que la nouvelle génération est plus habilitée à faire front contre tout type de discrimination.
Cependant, l’ex-ministre considère que la Loi “Mouraux” qui lutte contre le racisme et les discriminations n’est pas adaptée à ce qui se passe sur les réseaux sociaux. À l’en croire, la parole raciste n’est pas une opinion, mais un délit. Au sujet de l’absence de l’histoire du Maghreb dans les manuels scolaires, Fadila Laanan pense qu’il faut combler ce vide comme dans le cas du Congo. Elle insiste, affirmant que c’est la seule manière de rendre justice aux ancêtres maghrébins qui ont combattu en Belgique, lors de la 2ᵉ Guerre mondiale.