Surnommé « Turbo », Reda Abakrim a disparu des radars de la police après l’assassinat le 17 juin 2007 à Poissy de Brahim Hajaji. Un règlement de comptes entre trafiquants selon la police qui avait souligné qu’il s’agirait d’une guerre de territoire. Même en fuite, la cour d’assises en juin 2020 a condamné Reda et deux de ses complices à une peine de 21 ans de réclusion criminelle. Ce trafiquant franco-marocain est considéré par les jeunes de sa génération comme un exemple de réussite dans le milieu du trafic de stupéfiants et autres travers de la loi, rapporte Le Parisien.
Âgé de 38 ans, « Turbo » a grandi à La Coudraie.« Son père travaillait comme ouvrier à l’usine Peugeot de la commune. Reda y a été élevé avec ses deux frères et sa sœur, précise un ancien du quartier. Pour protéger ses enfants de l’influence de la cité, le père de famille a acheté une maison aux Mureaux. Mais le jeune Reda avait déjà pris l’allure d’un trafiquant, confie un proche resté sous anonymat. « A 13 ans, il dealait déjà à l’entrée de La Coudraie. Puis, il a fait des passages de résine de cannabis entre l’Espagne et la France. Il était très malin et individualiste. Il voulait réussir et disait qu’à 18 ans, il devait avoir son premier million d’euros en poche. Et il y est arrivé, c’est dingue. Il l’a même fêté ».
Connaissant les ficelles à tirer dans le milieu, « il a très vite monté les grades pour se hisser au niveau de caïd de La Coudraie », raconte un ancien policier des stups. « C’est à ce moment-là qu’on l’a surnommé Turbo, parce qu’il était capable de faire sortir une tonne de résine de cannabis du Maroc par jour », confie un informateur des stups. Avant de se faire connaître comme étant un trafiquant à surveiller de près, Reda a fait sa première apparition dans les archives de la police à l’âge de 12 ans pour un incendie, puis pour vol, violence, menace, extorsion. Son casier judiciaire fait mention de six condamnations pour « vol aggravé, outrage et refus d’obtempérer ». Mais aucune pour infraction à la législation sur les stupéfiants, poursuit le journal.
En 2007, il s’enfuit lorsque l’enquête sur le meurtre de Brahim se rapprochait de lui. Il se réfugie au Maroc et étend les tentacules de son business de drogue vers la France. Alors que les enquêteurs français apprennent aussi qu’il aurait acheté des bateaux pneumatiques pour faire passer sa marchandise sur la mer Méditerranée afin de rejoindre l’Espagne, il s’évapore dans la nature, sous de fausses identités. Malgré sa situation assez délicate, il s’offrait tous les plaisirs que pouvait lui permettre sa position de baron du trafic de drogue. « Au Maroc, il vivait dans une villa avec des gardes du corps. Abakrim se permet une vie sociale, se marie et s’installe à Dubaï où il circule en Rolls-Royce, vivant dans le luxe le plus absolu.
C’est en janvier 2010 que l’enquête sur la disparition de Brahim connaît un rebondissement. Bilel, son ancien lieutenant, sous pression, révèle aux forces de l’ordre l’endroit où Brahim a été enterré. Le corps sera retrouvé en état de décomposition avancée. L’autopsie révèle que le jeune homme a été exécuté de trois balles de calibre 7,65 tirées dans le bassin et dans la tête. Bilel très bavard confie que Mohamed A., Reda Abakrim et Karim B. était avec lui, le jour de l’assassinat de Brahim. Les complices, à l’exception de « Turbo », seront arrêtés, mais ils ne donneront pas tous la même version de ce jour où Brahim a été exécuté.
La France attend impatiemment l’extradition de « Turbo » afin qu’il réponde des charges qui pèsent contre lui. Mais avec sa nationalité marocaine, le voir en France peut s’avérer impossible, surtout qu’il a été arrêté au Maroc pour usage d’un faux passeport.