Routes meurtrières au Maroc : Les autorités se mobilisent

26 décembre 2008 - 20h25 - Maroc - Ecrit par : L.A

Les chiffres sont accablants. La route tue, au Maroc, et tue beaucoup : 3838 morts en 2007 et une hausse de 11,69% du nombre de tués au cours des neuf premiers mois de 2008, un triste constat pour le gouvernement qui entend lutter énergiquement contre cette calamité.

"Le fléau des accidents de la circulation constitue un danger majeur pour la santé publique dont les conséquences aussi bien économiques que sociales sont désastreuses", déplore le Comité national de prévention des accidents de la circulation (CNPAC, public).

A titre de comparaison, selon le CNPAC, "le véhicule au Maroc tue 13,5 fois plus qu’en France, 18,2 fois plus qu’en Suède". Piètre consolation, les autres pays du Maghreb arabe (Algérie, Libye, Mauritanie et Tunisie) "présentent un niveau quasiment similaire en terme de risque".

"Trop, c’est trop", lançait récemment le quotidien L’Economiste. "Les routes marocaines sont meurtrières", "une réputation qui se confirme au fil des bilans".

Pays d’un peu plus de 30 millions d’habitants, le royaume compte un parc automobile estimé à 2,5 millions de véhicules, 35.661 km de routes bitumées et des autoroutes qui permettent d’aller de Tanger (nord) à Marrakech, bientôt (2010) à Agadir (sud) et à Oujda (nord-est, 2011).

Le coût socio-économique des accidents de la circulation est énorme : 11 milliards de dirhams (environ 1 milliard d’euros) par an, l’équivalent de 2% du PIB du pays, souligne le ministre de l’Equipement et des Transports Karim Ghellab dans un entretien à l’AFP.

Selon lui, les causes premières des accidents sont la vitesse et le non respect du code de la route.

70% des accidents sont dus à un mauvais comportement du conducteur, 20% à l’état des véhicules et 10% aux infrastructures, précise-t-il.

Quelques kilomètres au volant d’une voiture sur les routes marocaines suffisent à se faire une idée de l’anarchie ambiante.

Animaux en semi-liberté sur les bas-côtés, vendeurs ambulants sur les autoroutes, cyclistes à contre-sens, éclairage des véhicules défaillant ou inexistant, camions surchargés, vitesse excessive, non respect des distances de sécurité, etc...

Même chose en ville, où règne souvent une aimable anarchie. Les conducteurs qui grillent les feux, ne respectent pas les stops sont légion, l’usage de la ceinture de sécurité est aléatoire, comme le port du casque (pourtant obligatoire) pour les usagers des deux-roues. Et les piétons ne se comportent pas mieux, traversant à peu près n’importe où, n’importe quand.

Pour lutter contre cette situation dramatique, le gouvernement marocain a dès 2004 lancé des plans de trois ans, dits "programmes stratégiques intégrés d’urgence" (PSIU).

Selon Karim Ghellab, le premier PSIU a "permis de stabiliser les chiffres de l’insécurité routière et de rompre avec la tendance à la croissance" du nombre de victimes enregistrée au cours des dix précédentes années. Et ce, malgré une augmentation significative du parc automobile.

En 2008, pourtant, les chiffres repartent à la hausse, avec une augmentation du nombre de victimes "extrêmement importante, de l’ordre de 10%", confirme le ministre.

Pour inverser cette courbe, le gouvernement attend beaucoup d’un nouveau code de la route en discussion au parlement, d’un renforcement des contrôles routiers, de visites techniques plus rigoureuses, de l’installation de radar fixes et mobiles, ainsi que d’une réforme de l’examen du permis de conduire destinée à interdire fraude et corruption.

Les autorités veulent également sensibiliser la population à travers une campagne de messages à la radio et à la télévision intitulée "Changeons de conduite".

Karim Ghellab ne sous-estime pas l’ampleur de la tâche. "Il s’agit d’une véritable réforme sociétale, confie-t-il, et les résistances sont à la hauteur de l’objectif".

Source : AFP

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Karim Ghellab - Accident - Routier - Code de la route marocain - Ministère de l’Equipement et du Transport

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : 1300 km de nouvelles lignes TGV

Le ministre du Transport et de la logistique, Mohamed Adeljalil, a présenté mardi à la Chambre des conseillers, le point des actions menées par l’Office national des chemins de fer (ONCF) en vue de renforcer et de moderniser le transport ferroviaire...

Au Maroc, les nouveaux camions peuvent encore polluer

Initialement fixée à janvier 2025, l’adoption par le Maroc de la norme environnementale européenne Euro 6 pour l’homologation des véhicules neufs commercialisés sur le marché national ne sera effective qu’à partir du 1ᵉʳ janvier 2027, confirme le...

Maroc : 40 milliards de dollars pour changer le visage du transport

Le Maroc s’apprête à mettre en œuvre la vision stratégique lancée par le roi Mohammed VI, afin de « placer le pays sur la voie d’un développement économique et social durable et global ».

C’est la fin des auto-écoles sauvages au Maroc

Le ministre du Transport et de la logistique, Mohamed Abdeljalil, a annoncé une série de réformes concernant les auto-écoles, tant au niveau des conditions d’octroi, de suspension et de retrait des licences que de la formation des instructeurs.

Ryanair a bien été menacée par le Maroc

Interpelé sur les « répercussions de la vente de billets pour des vols intérieurs en devises étrangères par la compagnie aérienne privée Ryanair », le ministre des Transports et de la logistique, Mohamed Abdeljalil, a reconnu que la low-cost irlandaise...

Tanger étouffe

La multiplication des embouteillages monstres étouffe peu à peu la ville de Tanger au point de rendre la conduite presque impossible.

Location de voitures au Maroc : Nouvelles règles plus sévères

Depuis ce lundi 15 avril, les agences de location de voitures au Maroc ont l’obligation de se conformer à un nouveau cahier des charges relatif aux conditions d’investissement dans le secteur.

Maroc : le casse-tête des projets immobiliers à proximité des aéroports

Le député Mohamed Larbi Merabet a interpelé le ministre des Transports et de la logistique, Mohamed Abdeljalil, au sujet du retard dans le traitement par l’Office national des aéroports (ONDA) des dossiers des projets immobiliers situés à proximité des...

Le projet d’extension de l’aéroport de Tanger se précise

Dans le cadre du projet d’extension de l’aéroport Tanger-Ibn-Battouta, en prévision de la Coupe du monde 2030, le gouvernement marocain a engagé le processus d’expropriation de plusieurs parcelles de terrain dans la préfecture de Tanger-Asilah.

Maroc : les taxis refusant des clients seront sanctionnés

Les chauffeurs de taxi qui refusent de transporter les usagers sont désormais dans le viseur du ministère de la Justice. Ce dernier prévoit de qualifier ce refus comme un délit ou une infraction. Une nouvelle qui réjouit les clients, mais met en...