Sécurité renforcée autour des écoles marocaines

25 décembre 2007 - 19h33 - Maroc - Ecrit par : L.A

Kenza, 13 ans, a peur d’aller à l’école. Après avoir été agressée et dépouillée de son cartable et GSM, elle refuse de se rendre ou de revenir seule du collège. Pourtant, l’école est en principe un lieu où l’on devrait se sentir en sécurité. Seulement, ces dernières années, les établissements scolaires sont la proie de délinquants. Les faits divers et les histoires que se racontent les familles sont légion. Régulièrement, des articles de presse paraissent sur le sujet. Le phénomène est en tout cas sérieux et préoccupent personnel pédagogique, psychologues et parents.

Pour la majorité, ces délits s’expliquent par la détérioration de la situation économique et sociale, l’oisiveté des jeunes et la hausse du crime organisé. Autant d’éléments qui exposent les écoles à de graves problèmes. De fait, aucun établissement, qu’il soit situé en quartier populaire ou dans des zones plus huppées, n’est épargné. Si le fléau est encore plus flagrant dans les grandes villes, les petites agglomérations ne sont pas à l’abri.

C’est en tout cas l’avis de Mohammed Qnouch, président de la Fédération nationale des associations de parents et tuteurs d’élèves du Maroc (FNAPTE). « L’insécurité qui règne autour des écoles est un véritable scandale », déclare-t-il indigné. Hormis l’insécurité routière, les élèves et les enseignants sont régulièrement exposés à des manifestations de violence : vols, agressions à l’arme blanche, racket, vente de drogue et harcèlement sexuel…

Etudiante dans un établissement de la mission française, Yasmine raconte : « J’étais assise attendant mes parents. Un jeune s’est approché de moi, s’est accroupi et m’a montré un couteau. Je lui ai donné mon Ipod et il est parti. Cela s’est passé en quelques minutes. Personne n’a rien vu ». La scène se répète à l’infini devant nombre d’écoles, collèges et lycées de la ville. Situation qui a poussé des associations de parents d’élèves à s’organiser. Car, malgré les nombreuses plaintes déposées auprès des autorités judiciaires, aucune mesure n’a vraiment été adoptée. La police serait en manque d’effectifs et ne peut, par conséquent, mobiliser devant chaque école des agents.

Face à cela, l’Association pour le respect et la protection des usagers du lycée Lyautey (Arpull) a mis en place un système de sécurité qu’elle gère elle-même. Ainsi, des vigiles veillent en permanence aux alentours du lycée, dissuadant les délinquants et rassurant les élèves. La plupart des familles approuvent l’initiative et participent à hauteur de 130 DH/an par enfant. A noter que la démarche bénéficie du soutien des autorités qui voient en cela une amélioration de la liaison entre la police et l’école et une complémentarité dans la lutte contre la criminalité. Mais, selon Denis Germain, président de l’Arpull, « il ne s’agit pas d’isoler l’école, de l’entourer d’une clôture de protection, mais de l’intégrer dans son environnement ». Depuis l’instauration de ce service, les chiffres de la délinquance ont baissé aux alentours de l’établissement. A noter que l’association mène par ailleurs des actions de sensibilisation pour inciter les élèves à ne pas exhiber des objets de valeur.

Self-défense

La Fédération nationale des associations des parents d’élèves a interpellé les responsables pour assurer la sécurité des enfants dans l’entourage de l’école. Malgré la décision du ministère de l’Education nationale de l’externalisation des services de sécurité, les dispositifs tardent à se mettre en place. Pour certains établissements comme le lycée El Ouaha, les autorités ont attribué des agents en charge de surveiller l’entrée de l’école, d’intervenir en cas de soupçon pour fouiller les sacs des élèves afin qu’ils n’introduisent pas d’objets ou de substances dangereux dans l’école. Certaines associations de parents d’élèves ont mis en place, de leur propre initiative, un système de sécurité. C’est le cas du collège de jeunes filles Khenata Ben Bakar à Casablanca où les petites se faisaient régulièrement harcelées. En parallèle, la plupart des établissements privés (les missions étrangères, les écoles privées El Malaïka, El Jabr…) ont établi des programmes de prévention face à l’évolution de l’insécurité.

Représailles

Les victimes hésitent très souvent à porter plainte car la procédure n’est pas simple. De plus, l’identification de l’agresseur par la victime ne s’opère pas à travers une vitre comme il est d’usage ailleurs, notamment en France, mais à visage découvert. Ce qui rebute les victimes qui craignent des représailles. Aucune statistique ne révèle donc de manière réelle l’ampleur du phénomène. Par ailleurs, le commerce de drogue expose les écoles à un grave danger. Pour les parents, la police devrait être plus présente autour des lycées pour dissuader les dealers.

L’Economiste - Jihane Kabbaj

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Etudiants - Education - Défense - Armement - Criminalité

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc s’équipe : avions, chars et systèmes de défense en 2025

Le Maroc investit depuis une dizaine d’années dans le renforcement et la modernisation de son armée, augmentant d’année en année son budget militaire jusqu’à atteindre 133 milliards de dirhams cette année, contre 124 milliards en 2024, soit une...

Zones industrielles militaires : les grands projets du Maroc

Le Maroc s’active pour la mise en place d’une industrie de défense robuste. Il dévoile sa stratégie axée sur la création de zones industrielles.

Nord du Maroc : les gangs de retour sur les routes ?

Sur la toile, des activistes appellent les Marocains à faire preuve de vigilance lorsqu’ils circulent sur certaines routes du nord du Maroc.

Des conditions strictes pour enseigner dans le privé au Maroc

Le ministère de l’Éducation nationale a récemment autorisé les enseignants du public à donner des cours supplémentaires dans le privé, sous certaines conditions. Pour arrondir leurs fins de mois, ces professeurs devront obtenir une autorisation...

L’arabe obligatoire dans une école en Belgique

Un établissement catholique flamand propose un cours d’arabe obligatoire à ses élèves de dernière année, une initiative inédite en Belgique.

Au Maroc, la santé des élèves menacée

Au Maroc, des associations de protection des consommateurs ont lancé un appel aux autorités compétentes afin qu’elles renforcent les contrôles en ce qui concerne la qualité des fournitures scolaires en cette période de reprise des classes. Objectif,...

L’armée marocaine va recevoir ses hélicoptères Apache

Le Maroc se dote d’une arme de pointe. Un hélicoptère AH-64E Guardian Apache aux couleurs de l’armée marocaine a été repéré dans une usine Boeing aux États-Unis. C’est l’un des 24 appareils commandés par le royaume pour un montant de 4,25 milliards de...

Pénurie de médecins au Maroc : Le système de santé à bout de souffle

La pénurie de médecins persiste au Maroc. Par ailleurs, la réduction de la durée de formation en médecine suscite actuellement une vive protestation de la part des étudiants.

ADN au Maroc : vers un fichage incontrôlé ?

L’utilisation à des fin illégales des empreintes et des échantillons d’ADN des Marocains, prélevés dans le cadre des enquêtes criminelles, préoccupe des parlementaires qui ont interpelé le gouvernement à ce sujet.

Le Maroc muscle ses dépenses militaires

Le Maroc met le paquet sur sa défense. Le budget général de l’administration de la défense nationale pour 2025 a connu une hausse significative, comme l’a révélé Abdelatif Loudiyi, ministre délégué chargé de l’administration de la défense nationale,...