Elisabeth Baume-Schneider, ministre suisse de Justice et Police entend œuvrer pour le désengorgement du système d’asile à travers l’accélération du traitement des demandes vouées à l’échec. Elle a dans ce sens initié un projet pilote qui prévoit des procédures express pour les migrants en provenance du Maroc, de Tunisie, d’Algérie et de Libye. Le projet est mis en œuvre à Zurich depuis quelques jours. L’essai pilote durera jusqu’à la fin du mois de février et sera ensuite évalué. Il est question d’examiner les demandes d’asile des requérants d’Afrique du Nord en vingt-quatre heures. Alors qu’ils sont seulement 2 % à obtenir un statut de protection, ils représentent 22 % du total des procédures, excepté les Libyens qui sont, eux, admis au titre de réfugiés dans 10 % des cas. Le faible taux d’acceptation s’explique notamment par le fait que des ressortissants d’autres pays d’Afrique du Nord citent faussement la Libye comme pays d’origine afin d’augmenter leurs chances d’être acceptés, justifie le Secrétariat d’État aux Migrations (SEM).
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« L’objectif de cette procédure accélérée est d’envoyer un signal négatif aux personnes qui n’ont généralement aucune chance d’obtenir l’asile en Suisse », a déclaré le SEM à la radio publique suisse SRF. Selon l’Office suisse pour les réfugiés, il semble toutefois irréaliste de clarifier correctement les faits relatifs aux demandes d’asile dans un délai aussi court. « On peut également se demander si les demandeurs d’asile peuvent parler de toutes les questions pertinentes dans les 24 heures, comme les expériences de violence ou d’exploitation, qui pourraient les rendre vulnérables. Le risque de décisions incorrectes entraînerait à son tour davantage de plaintes et, en fin de compte, la procédure pourrait prendre plus de temps », a déclaré par courrier électronique le porte-parole Lionel Walter à SWI swissinfo.ch.
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L’autre raison qui justifie l’accélération de la procédure pour certaines nationalités est le succès des tentatives précédentes visant à freiner les demandes d’asile. Introduite en 2012 pour les demandeurs d’asile originaires de Serbie, de Macédoine et de Bosnie-Herzégovine, et en 2013 pour ceux originaires du Kosovo et de Géorgie, la procédure accélérée de 48 heures affiche de bons résultats. « Depuis les mesures mises en œuvre par la Suisse suite au nombre élevé de demandes de protection internationale déposées par des demandeurs des Balkans occidentaux au troisième trimestre 2012, le nombre de ces demandes enregistrées est particulièrement faible. Cela peut indiquer que l’ensemble des mesures mises en œuvre reste particulièrement efficace et a envoyé un message fort aux demandeurs potentiels des pays des Balkans occidentaux », indique un rapport de 2015 du Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO).
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En Suisse, le nombre de demandes d’asile ne cesse d’augmenter ces dernières années. En 2022, le pays a enregistré environ 24 500 demandes en 2022, soit 64 % de plus qu’en 2021. Ce chiffre n’inclut pas les quelque 75 000 réfugiés ukrainiens. Cette année, plus de 12 000 demandes d’asile ont été enregistrées rien qu’au premier semestre, soit une augmentation de 43 % et la plus élevée depuis une décennie, à l’exception de 2016. Ce nombre pourrait augmenter pour atteindre environ 27 000 demandes d’ici la fin de l’année, selon le SEM.