Les transactions immobilières sont en hausse au Maroc en ce début d’été, avec la forte demande des Marocains résidant à l’étranger (MRE) et notamment en Europe, qui affluent vers le royaume pour y passer leurs vacances.
Pas de doublon entre le nouveau Conseil supérieur des MRE et les autres organes existants.
Les travaux pour assurer la représentativité ont déjà commencé. Dès 2007, les MRE pourront voter et se faire élire.
De quoi sera fait le système de représentativité des MRE ? Nezha Chekrouni , ministre déléguée en charge des MRE, estime qu’il est encore trop tôt pour livrer des détails, sachant que les concertations ont commencé. Tout juste sait-on aujourd’hui que les consulats marocains à l’étranger serviront de base pour déterminer les circonscriptions. La Vie éco : Le Souverain a provoqué la surprise en annonçant l’octroi du droit de vote aux Marocains résidents à l’étranger.
Pourquoi effectuer pareil changement aujourd’hui ?
Nezha Chekrouni : Sa Majesté a toujours accordé une sollicitude particulière à la communauté marocaine à l’étranger. Vous avez évoqué le mot « surprise », mais je pense que l’orientation de S.M. Mohammed VI a été très claire depuis son intronisation. Il a multiplié les signes et l’audace en annonçant à chaque fois de nouvelles décisions, des orientations qui vont toujours dans le sens du renforcement de l’Etat de droit et la réalisation de la citoyenneté à part entière de tous les Marocains. Le discours royal comprend quatre décisions : la possibilité pour les MRE de se faire représenter à la première Chambre du Parlement, la création de circonscriptions législatives et électorales à l’étranger, la décision, très importante, de permettre aux nouvelles générations, de voter et de présenter leurs candidats aux élections à l’instar de leurs parents, et la création du Conseil supérieur de la communauté marocaine à l’étranger. Concernant ce dernier, je pense qu’il faut faire le parallèle avec la restructuration du Conseil royal consultatif pour les affaires du Sahara. Cela illustre que le Maroc est un pays d’ouverture, qui tient à ce que tous les citoyens puissent contribuer de façon importante à la prise de décision.
Concrètement, les MRE pourront-il voter dès 2007 ?
Sa Majesté a donné dans son discours des instructions et des orientations très claires au gouvernement pour travailler et s’atteler à la mise en œuvre de ses décisions. Nous sommes déjà en plein travaux dans ce cadre-là et nous avons entamé les étapes préliminaires et défini la méthodologie de travail qui sera soumise bientôt au Premier ministre.
Comment ce droit de vote va-t-il être appliqué ?
Combien de circonscriptions prévues ? Allons-nous nous retrouver avec une distribution similaire à celle de 1984 (*) ?
Les circonscriptions vont être définies en fonction d’un certain nombre de critères tels que le nombre de citoyens marocains résidents par pays. Donc on peut déjà prévoir qu’en Europe il y a aura le plus de circonscriptions législatives. On réunira des pays lorsqu’ils sont voisins et que le nombre de Marocains y est réduit. Il faudra bien sûr un peu de souplesse, l’essentiel pour nous étant de permettre à tous nos compatriotes à l’étranger de pouvoir exercer ce droit sur un pied d’égalité avec tous les Marocains.
Combien de MRE seront élus à la Chambre des représentants ?
Ce sont des détails qui sont encore en discussion.
Tous les pays sont-ils pris en compte ?
La poignée de Marocains résidant au Togo pourra-t-elle voter par exemple ?
Il n’y aura pas d’exception. Personne ne sera marginalisé. Le principe de la participation aux élections est un droit fondamental et s’exerce pour tout le monde et de la même manière. Personne ne sera écarté. Vous dites que les consulats vont servir de base pour la détermination des circonscriptions, pouvez-vous être plus explicite... J’ai donné l’exemple de l’Europe, il reste bien sûr à approfondir le débat au sein du ministère, et avec tous les autres ministères concernés, dont celui de l’Intérieur, par exemple.
Qu’est-ce qui explique le choix de la représentation au sein de la Chambre des représentants et non pas la Chambre des conseillers ou le Conseil économique et social ?
C’est la Chambre des représentants qui est la plus appropriée puisque c’est un vote qui se fera au suffrage universel : il ne s’agit pas de la représentation de corps ou de secteurs professionnels mais de celle de la Oumma, et les Marocains résidents à l’étranger font partie de la nation marocaine. Par conséquent, leur représentation à la première chambre est opportune. Evidemment, on peut aussi concevoir d’autres types de représentation. D’ailleurs, la preuve c’est que Sa Majesté a annoncé la mise en place d’un Conseil supérieur de la communauté marocaine à l’étranger. Ce conseil aura la vocation d’être un organe consultatif et constituera certainement une interface avec la communauté, apportant sa vision sur les plans économiques, socio-politiques et autres.
Le conseil ne risque-t-il pas de faire doublon avec la Fondation Hassan II ou le ministère délégué chargé des Marocains résidents à l’étranger ?
Le conseil sera une instance consultative, représentative des Marocains résidents à l’étranger alors que le ministère, comme la Fondation, sont des institutions étatiques. Le ministère est un département gouvernemental, chargé de la politique et qui a pour objectif d’élaborer les projets de loi et la vision nationale qui permettra notamment aux émigrés Marocains de jouir de tous leurs droits. Quant à la Fondation Hassan II, elle supervise d’autres volets, notamment la question culturelle et la dynamisation de la société civile. Là, les Marocains auront leur propre conseil qui sera leur porte-parole : toutes ces institutions sont complémentaires. On s’inscrit dans une vision globale, de citoyenneté, de partage et de concertation et un partenariat véritable entre l’Etat et l’ensemble de la société civile Il s’agit quand même d’un gros changement puisqu’on va introduire dans le paysage politique marocain des gens avec une autre expérience de la politique. On pense déjà à toute la richesse que ces Marocains résidents à l’étranger vont nous apporter à ce niveau, mais aussi à la richesse que l’on peut transférer à travers eux car ils auront un rôle double à jouer : apporter un sang neuf et contribuer davantage au développement de leur pays mais aussi jouer un rôle de plaidoyer pour leur propre pays, d’autre part. Et comme le témoigne l’INDH, le potentiel humain est notre richesse, et je pense que notre communauté marocaine résidant à l’étranger constitue une force fondamentale qui aura sa propre valeur ajoutée.
Houda Filali-Ansary - La Vie Economique
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