UE : Le statut spécial du Maroc présenté fin octobre

5 octobre 2004 - 17h37 - Monde - Ecrit par :

Ne fantasmons pas. Le Maroc membre de l’UE, ce n’est pas pour demain. Tout le monde en convient. Même si nous n’en espérons pas moins. Certes, le sujet s’éloigne de la traçabilité, qui était officiellement la raison de la rencontre de l’ambassadeur de l’UE avec les médias.

Curieusement, les propos de Sean Doyle n’ont pas vraiment retenu les regards, pourtant, ils méritent une sérieuse attention, surtout au moment où une double discussion est engagée en Europe : la constitution et la candidature turque. L’électeur européen, qui se tâte sur la Turquie, n’est évidemment pas près d’envisager l’éventualité de l’adhésion du Maroc.
Pour le Royaume, la possibilité de s’imaginer comme partie intégrante de la puissance européenne, est un puissant facteur de changement : dix, vingt, cinquante ans, peu importe, l’horizon se fixe tout seul... Certains journalistes en rêvent même les yeux ouverts. “Pourquoi l’Europe de l’Est et pas nous ?” “ Est-ce parce que nous avons une culture différente ?” “Y a-t-il discrimination ?” sont, par exemple, quelques questions posées par un journaliste très soucieux du problème.
Mais “les dix nouveaux entrants de l’UE ont eu besoin de 10 ans pour se mettre au niveau. La politique de bon voisinage permet au Maroc de définir lui-même son statut spécial et de mettre en œuvre les réformes pour se rapprocher des acquis européens”, explique l’ambassadeur.
Economiquement et politiquement, le “bon voisinage” sert à accélérer les réformes nationales pour se mettre au diapason européen. A condition d’en avoir les bases et c’est pourquoi tous les pays du pourtour européen ne sont pas dans le train. La Russie, citée au démarrage de cette offre, il y a trois ans, n’en fait plus partie aujourd’hui.
Pour le moment, le Maroc et l’UE sont plutôt en “mode coopération et aide au développement”, dans le mécanisme des aides, souligne Sean Doyle.
Selon lui, le statut spécial du Maroc, qu’il qualifie de leader dans le monde arabe et africain en matière de développement, défini par lui-même, devrait être présenté aux Etats membres fin octobre.

Un souci de sous

L’UE s’engage à aider le Maroc pour réaliser ses réformes dans le cadre de son statut spécial. Voilà pour le principe. Mais un souci de sous plombe l’ambition. Le budget européen est fixé tous les six ans. Et les 135 millions d’euros de dons apportés chaque année au Maroc ne sont pas suffisants pour “changer de mode”. “Nous n’avons pas pour le moment d’argent supplémentaire”, affirme Sean Doyle. C’est un point que le Maroc doit soigneusement considérer : il modifie assez considérablement la donnée. Toutefois, la Commission européenne a décidé mercredi dernier d’assainir son panel d’instruments financiers pour le rendre “plus simple et plus efficace” : le nouveau cadre se limitera à six instruments, dont quatre nouveaux. Ces derniers concernent l’aide de pré-adhésion, un instrument de voisinage et de partenariat, celui de la coopération au développement et de coopération économique, et enfin un instrument de stabilité. Les deux autres instruments existants, consacrés à l’aide humanitaire et à l’assistance macrofinancière, seront maintenus, a déclaré la Commission européenne.

Mouna KADIRI - L’économiste

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Union européenne - Coopération - Politique économique

Ces articles devraient vous intéresser :

Tomates : le Maroc dans le top 3 mondial

Le Maroc consolide sa position de troisième exportateur mondial de tomates. Grâce à son rapport qualité-prix avantageux, le royaume tente de dominer le marché européen.

L’Espagne pourrait perdre des millions de touristes au profit du Maroc

L’adoption par l’Union européenne d’une taxe sur le kérosène afin d’atteindre la neutralité climatique d’ici 2050, porterait un coup dur au secteur du transport aérien européen, alertent les compagnies aériennes qui craignent un transfert des touristes...

La justice européenne confirme la fin de l’accord de pêche avec le Maroc

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a mis un point final, ce vendredi, à une longue saga juridique en annulant définitivement les accords commerciaux, notamment ceux relatifs à la pêche, conclus entre l’Union européenne et le Maroc. Cette...

Royal Air Maroc se plaint de la concurrence

Abdelhamid Addou, le PDG de Royal Air Maroc, appelle à une révision des accords de l’Open Sky (ciel ouvert) entre le Maroc et l’Union européenne, en vigueur depuis 2005. Ceci, en vue d’atténuer ses effets pervers sur la compagnie marocaine et garantir...

L’Europe cherche à bloquer les transferts des MRE

Face à la hausse continue des transferts de fonds des Marocains résidant à l’étranger (MRE) vers le Maroc, l’Union européenne s’apprête à prendre une directive pour réduire ces transferts via les banques marocaines implantées en Europe.

Les Marocains parmi les plus expulsés d’Europe

Quelque 431 000 migrants, dont 31 000 Marocains, ont été expulsés du territoire de l’Union européenne (UE) en 2022, selon un récent rapport d’Eurostat intitulé « Migration et asile en Europe 2023 ».

Camions attaqués en Europe : le Maroc hausse le ton

Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a dénoncé lundi les récentes attaques d’agriculteurs européens contre des cargaisons de fruits et légumes marocains, faisant observer que l’Union européenne (UE) tire davantage profit de...

L’Europe veut bloquer les transferts des MRE

La directive européenne sur les banques étrangères exerçant dans l’Union européenne (UE) inquiète les autorités et les banques marocaines qui craignent une baisse drastique des transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) du fait de cette...

L’Europe veut bloquer les transferts des MRE

L’Union européenne veut mettre fin au transfert de fonds des Marocains résidant en Europe vers leur pays d’origine via les banques marocaines présentes sur le continent.

L’export d’oranges marocaines menacé

La filière des agrumes au Maroc est confrontée à d’énormes difficultés liées à la baisse de production du fait de la rareté des précipitations, ce qui affecte sa présence sur les marchés internationaux.