Un procès simulacre

13 mars 2003 - 00h22 - Maroc - Ecrit par :

Nos organes judiciaires ne cessent d’étonner l’opinion publique par leurs innovations dévastatrices.
Après la « pierre sacrée » visant la presse, la « cellule dormante » accrochant les Saoudiens terroristes d’Al Qaïda, voilà nos jeunes citoyens hard-rockers devenus « adorateurs de satan » subissant des peines de un à douze mois de prison ferme.

S’interroger sur les motivations profondes d’un tel comportement ascensionnel dans la répression et la sanction exemplaire de tout « dérapage » (sic), dans l’orthodoxie de pensée et de conduite, laisse perplexe.
Aucune compréhension, aucune clémence, aucune référence à la fameuse présomption d’innocence, les preuves ... N’en a cure !
Que veut-on démontrer, par ce procès, à qui s’adresse-t-on ? A ceux qui se cachent derrière le fait que notre justice, - quoique coercitive par habitude - est cependant indépendante, il est aisé de rappeler que ce sont les Procureurs (dont le ministre de la Justice est le chef hiérarchique) qui ordonnent les poursuites et traduisent les prévenus devant les tribunaux.
L’opinion publique - la presse unanime le constate - est indignée, scandalisée de ce genre de procès simulacres, dignes du moyen âge et de l’inquisition qui se déroulent sous nos yeux, dans un Etat de droit, alors que de tout bord l’on se gargarise de discours lénifiants sur la transition démocratique, l’avancée de la liberté, d’opinion et d’expression, de la tolérance et de la modernité, mais qui, dans le quotidien, sont vides de sens et sonnent faux.
Comment redonner confiance à notre jeunesse, la motiver, l’intégrer dans la vie associative et nationale, si on la livre en pâture aux sécuritaires bornés à cause d’un non-conformisme vestimentaire, une passion peut être excessive, pour un genre de musique qui n’est pas du goût de tout le monde.
Notre justice serait-elle aveugle à ce point, ou est-elle ankylosée ?
Doit-on donner raison à ceux qui, ostentatoirement, ne cessent de professer que la séparation des pouvoirs est un leurre ; elle est ce qu’en font ceux qui l’exercent.
Est-ce troubler l’ordre public, que sous des pulsions juvéniles, des jeunes s’évadent par la musique, même satanique, et s’habillent en croque-mitaines, à l’instar de ce qui se pratique sous d’autres cieux et retransmis quotidiennement par nos télévisions.
Vivre à l’écoute de son époque, vouloir « s’éclater » même par excès, est le lot de la jeunesse, ce n’est ni un danger ni une menace pour personne.
Le vrai danger provient des instigateurs des poursuites judiciaires, car ceux-là, à travers notre jeunesse, menacent l’avenir du pays.
Il est plus urgent de rappeler, à plus de mesure, les organes judiciaires que de confectionner une nouvelle loi scélérate anti-terroriste.

Hamid Lahbabi
WWW.ALBAYANE.MA

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Musique - Liberté d’expression - Nayda - Prison - Jeunesse

Ces articles devraient vous intéresser :

L’état de santé de la chanteuse Khadija El Bidaouia s’aggrave

Nawal, la fille de la chanteuse Khadija El Bidaouia a annoncé qu’en raison de la propagation du cancer du poumon dont souffre sa mère, les médecins ont décidé d’arrêter la chimiothérapie.

"Lbouffa" : La cocaïne des pauvres qui inquiète le Maroc

Une nouvelle drogue appelée « Lbouffa » ou « cocaïne des pauvres », détruit les jeunes marocains en silence. Inquiétés par sa propagation rapide, les parents et acteurs de la société civile alertent sur les effets néfastes de cette drogue sur la santé...

Violences au L’Boulevard : voici les explications du comité d’organisation

Au lendemain des actes de violence et de vandalisme survenus lors du festival L’Boulevard, le comité d’organisation a réagi, expliquant les causes de ce débordement. De nouvelles mesures sécuritaires ont été dévoilées.

Flou autour des circonstances du décès de Cheikha Tsunami

La chanteuse Cheikha Tsunami, grande icône du Chaâbi, s’est éteinte mardi 17 octobre à l’Hôpital militaire de Rabat, à l’âge de 45 ans. Les circonstances de son décès restent floues.

Le chanteur marocain Abdellah El Daoudi en deuil

Le chanteur marocain Abdellah El Daoudi vient d’annoncer une triste nouvelle dans un message publié sur les réseaux sociaux.

Le Magazine Marianne censuré au Maroc

L’hebdomadaire français Marianne (numéro 1407) a été interdit de distribution au Maroc, en raison d’un dessin caricatural jugé offensant pour le prophète Mohammad.

Ali B : un nouvel abum pour faire oublier ses ennuis judiciaires

Après avoir été éclaboussé par une affaire d’agressions sexuelles sur des candidates de l’émission The Voice of Holland, le rappeur néerlandais d’origine marocaine Ali B préparerait son retour sur la scène musicale. Il serait sur le point de sortir un...

TikTok, vecteur de débauche au Maroc ?

De nombreux Marocains continuent d’appeler à l’interdiction de TikTok, dénonçant la publication par les jeunes de contenus violents ou à caractère sexuel sur cette application qui, selon eux, porte atteinte aux valeurs du royaume.

Eurovision : triomphe de Loreen, doigt d’honneur pour la Zarra (photo)

La Suédoise Loreen a triomphé au Concours de l’Eurovision de la Chanson avec sa mélodie intitulée “Tattoo”, inscrivant ainsi une nouvelle page dans les annales du concours. La chanteuse d’origine marocaine a remporté la compétition pour la deuxième...

Pufa, la "cocaïne des pauvres" qui déferle sur le Maroc

Pufa, la « cocaïne des pauvres » s’est installée progressivement dans toutes les régions du Maroc, menaçant la santé et la sécurité des jeunes. Le sujet est arrivé au Parlement.