Quatorze jeunes musiciens de rock soupçonnés de "satanisme"

26 février 2003 - 04h15 - Maroc - Ecrit par :

Ils ont entre 16 et 30 ans et partagent, tous, la même passion pour le rock et le hard rock

Ils ont appris à manier la guitare et ont constitué des groupes de musique qui se sont produits, à plusieurs reprises, dans les complexes culturels de Casablanca, notamment dans le cadre de campagnes de bienfaisance. Ces jeunes Casablancais ne se doutaient pas qu’un jour, ils seraient accusés d’appartenir à une secte « Les adorateurs de Satan » pour avoir aimé et joué du hard rock. Pourtant, c’est bien ce qui s’est passé cette semaine, si l’on en croit les dires des concernés et de leurs familles.

14 de ces jeunes amateurs de la musique branchée pratiquant leur passion dans les groupes de black métal : « Nekros », « Reborn », « Killer zone » et « Infected Brain » ont été interpellés par la police, dimanche dernier vers 17 heures. Les agents de la sécurité ont saisi leurs instruments de musique, leurs CD et leurs vêtements sans oublier les posters de hard rock qu’ils collaient sur les murs de leur chambre à domicile. Au moment de leur arrestation, certains n’avaient même pas pu aviser leurs parents absents. Ces derniers n’apprendront ce qui venait de se passer que par le biais d’autres parents ayant été présents et, plus tard, par la police qui les a contactés pour les aviser que leurs enfants sont au commissariat central de Casablanca. Leur entourage n’en revient pas. Est-ce possible d’interpeller des individus pour la simple raison que leur look vestimentaire, tee-shirt noir avec des têtes de morts, leur coupe de cheveux et le port de boucles d’oreille sont inhabituels ?

Est-ce là, en effet, un motif de les accuser carrément d’être des adeptes d’un groupe obscurantiste qui se désignerait sous le nom d’« adorateurs de Satan ». Les rumeurs et une presse malfaisante ont prétendu que ces jeunes s’adonneraient à des rituels de sacrifice répugnants tel : égorger les chats et boire leur sang, ou d’autres pratiques aussi abominables. C’est une question pertinente que se posent les parents qui n’ont pas été autorisés à voir leurs enfants, depuis trois jours.

Hier après-midi, ils étaient, tous, devant le tribunal de première instance de Aïn Sbaâ Hay Mohammadi où devait s’ouvrir le procès, après son report de 24 heures. Des mères, des pères, des soeurs et des frères, préoccupés et dans la confusion la plus totale. L’arrestation de leurs enfants est un fait inattendu et surtout inexpliqué. « Nos enfants sont studieux, ils ont toujours pratiquéde la musique, sans que cela altère leur manière de vivre. Ils ne portent ni tatouage ni autres signes qui les associeraient d’une façon ou d’une autre, à une secte satanique. Tous ces rituels dont on nous a parlé et qui relèveraient de la sorcellerie ou autres nous sont totalement étrangers. Nos enfants sont disciplinés et respectent les principes de la religion, la musique n’a été pour eux qu’un hobby sans plus », affirment les familles. Pour celles-ci, ce sont les tapages créés par certains médias (cités par nos interlocuteurs) qui sont à l’origine du déclenchement de cette affaire absurde.

Pour le moment, les parents, téléphones portables à la main, attendent que leurs enfants les tranquillisent. Jusqu’à l’écriture de ces lignes, les délibérations en justice étaient en cours, en présence des avocats.

Source : www.allafrica.com

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Musique - Procès - Liberté d’expression - Nayda - Jeunesse

Ces articles devraient vous intéresser :

Au Maroc, des « saltos » mortels

Un médecin généraliste en service à l’hôpital Hassan II de la ville de Fnideq alerte contre le salto, les plongeons à haut risque exécutés depuis les hauteurs rocheuses des plages surtout en période estivale, qui coûtent la vie aux mineurs et aux...

Le chanteur marocain Abdellah El Daoudi en deuil

Le chanteur marocain Abdellah El Daoudi vient d’annoncer une triste nouvelle dans un message publié sur les réseaux sociaux.

Saad Lamjarred sanctionné par Youtube ?

Le chanteur marocain Saad Lamjarred explique les raisons qui seraient derrière la baisse inquiétante du nombre de vues de ses chansons sur la plateforme YouTube.

Tarik Khbabez, «  The Tank  » qui veut porter le Maroc à Los  Angeles 2028

Le kickboxeur Tarik Khbabez, revient sur son parcours, de ses débuts difficiles à son titre mondial. Le champion marocain de Glory évoque aussi son rêve de défendre les couleurs du Maroc aux Jeux olympiques 2028.

Salma Rachid sous le feu des critiques

Salma Rachid est la cible d’attaques sur les réseaux sociaux. De nombreux internautes fustigent l’arrogance de la chanteuse de la pop marocaine.

L’artiste Jaouad Alloul évoque son homosexualité et ses extravagances

Dans une interview, Jaouad Alloul, artiste pluridisciplinaire et entrepreneur créatif autodidacte d’origine marocaine, s’est livré comme jamais sur son nouvel album, sa crise conjugale et son rêve.

Stars marocaines : le culte du secret

De nombreuses célébrités marocaines choisissent de vivre loin des projecteurs. La chanteuse Ibtissam Tiskat et l’acteur Ezzoubair Hilal font partie de ceux qui privilégient une vie privée discrète.

Décès de Bourhim Outfnout, figure majeure de la culture amazighe marocaine

Deuil dans le monde artistique marocain. L’artiste amazigh Bourhim Outfnout, de son vrai nom Abderrahmane Bourhim, est décédé à l’âge de 87 ans.

Khtek, rappeuse marocaine, se confie sur sa maladie

Dans une interview, la rappeuse marocaine Khtek, de son vrai nom Houda Abouz, se confie sur sa bipolarité. La musique lui sert de thérapie, mais aussi de canal de sensibilisation.

Rabat célèbre Abdelouahab Doukkali, légende de la chanson marocaine

La jeune génération de chanteurs a rendu hommage au doyen de la chanson marocaine, Abdelouahab Doukkali, 84 ans, en reprenant ses chansons les plus emblématiques, lors d’un géant concert au Théâtre Mohammed V de Rabat vendredi.