"J’étais en train d’entrer dans ma voiture, quand j’ai entendu les cris d’une femme. Je regarde dans mon rétroviseur pour voir ce qui se passe, puis je sors de ma voiture et j’entends cette fois un homme qui crie : ’Non, non, non !’ À ce moment-là, je vois un mec suspect qui court en direction du métro Richard-Lenoir, je suis parti directement pour le suivre", raconte-t-il au journal Le Monde.
Pour lui, il est clair qu’il s’agit d’une agression. "Je me suis retrouvé sur le quai d’en face, je le vois de l’autre côté. Je lui ai dit : ’Toi, reste là !’, j’ai fait comme un flic", s’amuse-t-il. L’assaillant prend la direction du bon quai. Youssef arrive et lui demande ce qu’il a fait. Il sort une lame de cutter. "Il m’a dit quelque chose, mais je n’ai rien compris. Je crois qu’il ne parlait pas le français. Il était étonnamment calme. C’est comme s’il attendait tranquillement le métro. Il est monté dedans sans agresser personne et il est parti en direction de Bastille."
Alertée, la police arrive sur les lieux. Le jeune explique la situation à un agent. "Ensuite, je voulais aller voir les victimes, mais un policier m’a dit : ’Tu dégages !’ J’ai raconté que j’avais suivi le mec. Ils m’ont d’abord dit de laisser mon numéro de téléphone. Ensuite, un policier m’a dit de me mettre contre le mur, il m’a fait une fouille. Un de ses collègues lui a dit de me lâcher, que je n’avais rien fait."
Alors que Youssef est allé chercher son portefeuille avec sa pièce d’identité pour pouvoir témoigner, sa photo circulait. Il est présenté comme un deuxième suspect. Les choses se compliquent pour le jeune homme. Les agents de la Préfecture de police de Paris l’interpellent. "Ils m’ont emmené dans le métro. Ils m’ont demandé de regarder en direction des caméras pour prendre mon portrait, ils m’ont aussi pris en photo avec leurs téléphones. Puis ils m’ont mis des menottes", poursuit-il.
Youssef est placé en cellule dans les locaux de la police judiciaire, dans le 17e arrondissement. Pendant ce temps, le principal suspect a été arrêté. Le jeune homme d’origine algérienne sera libéré dans la nuit de vendredi à samedi après avoir été totalement mis hors de cause. Une source policière haut placée confie : "Son récit est tout à fait crédible, il n’est pas du tout connu de nos services".