Immobilier au Maroc : Vers la fin des contrats de réservation ?

13 novembre 2024 - 22h00 - Maroc - Ecrit par : P. A

Le Conseil de gouvernement va examiner ce jeudi le projet de loi modifiant et complétant la loi N°25-90 relative aux lotissements, groupes d’habitations et morcellements. Le texte prévoit entre autres un durcissement des sanctions à l’encontre des lotisseurs concluant des contrats de réservation.

Pour Mohamed Lazrak, notaire à Rabat et ancien secrétaire général du Conseil national de l’ordre des notaires du Maroc, le durcissement des sanctions à l’encontre des lotisseurs concluant des contrats de réservation, prévu dans le nouveau texte, reste insuffisant. « Avec ce nouveau projet de loi, nous passerons de sanctions pécuniaires à des sanctions pénales, notamment une peine d’emprisonnement d’un an à 5 ans. Or, les lotisseurs procèdent au fur et à mesure de la réalisation des lotissements, à la conclusion de contrats de réservation au profit de futurs acquéreurs. Il s’agit désormais, en vertu du nouveau projet de loi, d’une sanction pénale », explique-t-il auprès de Médias24.

À lire : Des pratiques douteuses mettent à mal l’immobilier au Maroc

Selon lui, l’initiative est certes bonne, « mais elle ne prend pas en considération la difficulté de financement des lotissements. Les prêts bancaires ne permettent aux lotisseurs de couvrir que 70 % de leur besoin de financement. Hormis les deniers personnels, les lotisseurs misent en effet sur les avances à hauteur de 10 % à 15 %, déboursées par les futurs acquéreurs, moyennant les contrats de réservation de lotissement. Il ajoutera : « Nous resterons dans l’anarchie puisque même avec la loi actuelle qui, elle, prévoit des sanctions pécuniaires pour ce type de contrat (amende de 100 000 DH à 1 million de DH), la réservation de lotissement demeure une pratique courante sur le terrain. 99 % des lotisseurs s’adonneraient à cette pratique ».

À lire : Immobilier au Maroc : l’attestation fiscale qui freine les transactions

Si le nouveau texte permettra de punir ceux qui réservent des lotissements fictifs, elle ne devrait pas toutefois « être généralisée à tous les opérateurs », indique le notaire, estimant qu’« il serait judicieux de plutôt réglementer les réservations de lotissements en cours de réalisation au lieu de les interdire. On peut par exemple limiter le montant de l’avance, exiger une garantie bancaire ou bien accorder des hypothèques au profit des futurs acquéreurs de lotissements ». La loi modificative prévoit également l’augmentation de 3 à 5 ans du délai pour l’autorisation de création d’un lotissement, avec possibilité de suspension du délai en cas de survenue de circonstances imprévues. Le lotisseur sera également contraint de fournir une garantie financière pour couvrir les frais liés à d’éventuelles réparations un an après la réception provisoire. Cette garantie lui sera restituée après la réception définitive des travaux.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immobilier - Lois - Conseil de gouvernement

Aller plus loin

Investissement immobilier à Dubaï : attention aux mirages pour les Marocains

Les campagnes publicitaires en ligne sur l’investissement immobilier à Dubaï attirent, mais les résidents ne doivent pas foncer tête baissée, au risque d’être pris au piège. Les...

Vers une meilleure protection des biens immobiliers des MRE au Maroc ?

Le groupe haraki à la Chambre des représentants œuvre pour le renforcement de la protection des biens des Marocains résidant à l’étranger (MRE).

Immobilier au Maroc : l’attestation fiscale qui freine les transactions

L’exigence légale de la présentation d’une attestation fiscale avant toute transaction immobilière, entrée en vigueur le 1ᵉʳ juillet dernier au Maroc, fait des mécontents, aussi...

Marrakech : coup de froid sur le marché immobilier

Le marché immobilier de la ville de Marrakech montre des signes de ralentissement. Au troisième trimestre 2024, les prix ont globalement reculé de 0,5 %, une baisse qui cache...

Ces articles devraient vous intéresser :

« Le mariage avant l’école »

Les propos d’Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), et par ailleurs ancien chef de gouvernement sur le mariage et l’éducation des jeunes filles font polémique.

Taxe sur terrains non bâtis au Maroc : le ministre de l’Intérieur durcit le ton

Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, a donné des instructions fermes aux gouverneurs des provinces et des préfectures aux fins d’enclencher les procédures de constatation, d’imposition et de recouvrement de la taxe sur les terrains urbains non...

MRE : ce que vous devez déclarer si vous louez un bien au Maroc

Si vous êtes Marocain résidant à l’étranger et percevez un loyer au Maroc, la loi fiscale vous impose certaines obligations. Voici ce que prévoit le guide fiscal.

Aide au logement : un véritable flop dans le Nord du Maroc ?

Le nombre de bénéficiaires du programme d’aide directe au logement a atteint 16 300 à la date du 2 juillet, a récemment annoncé Fatima Zahra Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville,...

Maroc : une nouvelle taxe sur les locations qui fait mal

La récente instauration d’une taxe de 20 % sur les revenus locatifs des propriétaires bailleurs au Maroc visant à simplifier la fiscalité et à élargir l’assiette de l’impôt va produire un impact négatif sur l’immobilier, plus précisément sur les...

Aide au logement : un vrai succès chez les MRE

Près de 20% des potentiels bénéficiaires du nouveau programme l’aide au logement lancé par le roi Mohammed VI en octobre dernier sont des Marocains résidant à l’étranger (MRE).

Aide au logement : Un vrai succès chez les MRE

Fatima Zahra Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, confirme l’intérêt des Marocains résidant à l’étranger (MRE) pour le nouveau programme d’aide directe au logement.

Maroc : des promoteurs immobiliers sous haute surveillance

Le ministère de l’Intérieur dirigé par Abdelouafi Laftit mène une lutte contre l’évasion fiscale dans le secteur de l’immobilier. Dans son viseur, les promoteurs immobiliers qui ne paient pas la taxe sur les terrains non bâtis (TNB) et certains...

Immobilier au Maroc : ces logements fantômes qui aggravent la crise

De nombreux logements vacants sont recensés au Maroc. Le gouvernement d’Aziz Akhannouch travaille à trouver une solution à cette problématique.

Copropriétés au Maroc : les impayés qui ruinent l’immobilier

Au Maroc, la copropriété fait face à de graves difficultés, notamment le non-paiement des cotisations. De quoi impacter négativement le secteur de l’immobilier marocain.