Immobilier au Maroc : l’attestation fiscale qui freine les transactions

3 octobre 2024 - 12h00 - Maroc - Ecrit par : P. A

L’exigence légale de la présentation d’une attestation fiscale avant toute transaction immobilière, entrée en vigueur le 1ᵉʳ juillet dernier au Maroc, fait des mécontents, aussi bien dans le rang des opérateurs économiques que des notaires.

La mesure vise à instaurer plus de rigueur et de transparence dans le secteur immobilier. Mais elle ne suscite pas l’adhésion des acteurs. Pour les opérateurs économiques, elle alourdit les procédures administratives et crée des surcoûts. « Nous avons des engagements avec des acheteurs qui reculent devant les délais de cession trop longs et avec des banquiers qui n’ont que faire des lourdeurs bureaucratiques et qui nous pénalisent financièrement », confie à Challenge un promoteur immobilier qui affirme que « cette question concerne tout le monde et pénalise tout le monde ».

Les notaires, quant à eux, jugent cette mesure trop contraignante, même si elle « a toujours existé », comme le rappelle un notaire, ancien membre de la chambre nationale du notariat moderne. Cette mesure « a toujours été appliquée scrupuleusement par les notaires, sous peine de solidarité fiscale, faisant que l’impôt du contribuable était payé avant toute transaction financière », confirme-t-il, précisant qu’« avant de conclure une transaction, on s’assurait toujours de la légèreté ou de la lourdeur foncière et fiscale du dossier, car il importait pour nous de faire respecter l’esprit et la lettre de la loi ».

À lire : Maroc : l’attestation qui plombe le marché de l’immobilier

Là où le bât blesse avec la nouvelle mesure, explique-t-il, c’est le fait que la gestion fiscale des transactions immobilières, autrefois dévolue à un inspecteur des impôts, est désormais confiée au Trésor public. Peu expérimentés dans cette matière, les agents du Trésor « mettent un temps fou à répondre et quand ils le font, c’est pour dire, souvent, que cela ne dépend pas de leurs compétences ou qu’il manque tel ou tel document qui, pourtant, figure au dossier, etc. », explique le notaire, déplorant que parfois, un dossier « met deux mois et demi, et même plus, sans aboutir ».

Pour pallier cette difficulté, il aurait été demandé aux notaires de finaliser ces dossiers à leur niveau avant de les soumettre au Trésor, informe le notaire qui voit en l’application de cette mesure « une mascarade dans laquelle se débattent notaires, opérateurs du secteur immobilier et cadres du Trésor public à leurs corps défendant ». Il déplore « le peu d’intelligence mis dans le processus d’application de cette loi », rappelant que les notaires ont toujours collecté l’impôt.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immobilier - Impôts

Aller plus loin

Maroc : l’attestation qui plombe le marché de l’immobilier

Les nouvelles mesures concernant l’attestation fiscale, en vigueur depuis le 1ᵉʳ juillet dernier au Maroc, portent un sérieux coup de frein aux transactions immobilières,...

Maroc : du changement pour les transactions immobilières

Au Maroc, des modifications ont été apportées à certaines dispositions du Code des droits réels, notamment l’article 4. Voici ce qui va changer pour les transactions immobilières.

Un divorce, un bien immobilier et un procès : la justice tranche à Sefrou

Le tribunal de première instance de Sefrou a tranché en faveur d’un homme qui a poursuivi son ex-épouse en justice pour revendiquer la moitié d’un bien immobilier.

Immobilier au Maroc : un équilibre très fragile

Au Maroc, les transactions immobilières affichent une tendance à la hausse depuis le début de l’année. Toutefois, le secteur reste confronté à la diversité des segments et...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : du changement pour les transactions immobilières

Au Maroc, des modifications ont été apportées à certaines dispositions du Code des droits réels, notamment l’article 4. Voici ce qui va changer pour les transactions immobilières.

Maroc : un nouveau programme pour des loyers plus abordables

Face aux difficultés d’accès au logement par les ménages à revenus moyens et les jeunes dans les grandes villes ou celles abritant des projets de grande envergure, les autorités marocaines prévoient de lancer un programme dédié au logement locatif...

À Rabat, les opérations de démolition passent mal

Les membres de la Fédération de la Gauche Démocratique au sein du conseil municipal de Rabat voient d’un mauvais œil les opérations de démolition et de relogement qui ont touché plusieurs quartiers tels que l’Océan et Douar El Askar et appellent à leur...

Les MRE très attendus cet été pour booster l’immobilier

Les initiatives gouvernementales et le retour massif des Marocains résidant à l’étranger (MRE) contribuent à la relance du marché de l’immobilier marocain.

MRE : attention à qui vous laissez votre logement

Un bien mis en location n’est pas toujours synonyme de revenus imposables. Du moins, pas selon les mêmes règles pour tous les occupants. Le Guide fiscal des MRE 2025 apporte une distinction claire : l’impôt sur le revenu au titre des revenus fonciers...

Le Maroc veut séduire les MRE avec un programme logement sur mesure

Le ministère de l’Aménagement du territoire national a lancé une vaste campagne d’information à l’intention des Marocains du monde. Intitulée « L’Urbanisme et l’Habitat au service des Marocains du Monde », cette initiative vise à faciliter l’accès des...

Trop d’impôts au Maroc ?

Au Maroc, alors que la pression fiscale est excessive, les citoyens et les entreprises ne perçoivent pas toujours les effets concrets des prélèvements d’impôts dans l’amélioration des services publics et des infrastructures.

Maroc : les démolitions sur les plages sont elles légales ?

Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur a été interpellé par Abdellah Bouanou, président du groupe parlementaire du Parti de la Justice et du Développement (PJD), sur le respect de la loi dans le processus de démolition de plusieurs résidences...

Maroc : bientôt une taxe de 50 dirhams sur les cigarettes jetables

Mauvaise nouvelle pour les vapoteurs marocains ! Alors que le prix du tabac restera stable en 2025, le gouvernement prévoit de s’attaquer au porte-monnaie des adeptes de la cigarette électronique.

Maroc : une taxe pour les plus riches

Le débat sur la taxation des plus riches refait surface au Maroc. Après un premier rejet, la Confédération démocratique du travail (CDT) relance l’idée d’une taxe sur la fortune à la Chambre des conseillers.