Les islamistes marocaines se mettent à la page : Islamistes et branchées

9 juin 2003 - 12h35 - Maroc - Ecrit par :

La mode afghane pour les hommes et élégance orientale pour les femmes. L’industrie asiatique envahit le marché marocain. De la tunique afghane aux sandales en cuir, en passant par les chapelets et les tapis de prière

Tout en restant dans l’air du temps, les femmes voilées marocaines ont choisi de se couvrir les cheveux. La djellaba informe et le foulard sombre ne sont plus de rigueur.

Plus souvent, on rencontre des jeunes femmes actives, portant des tenues occidentalisées avec un voile soyeux cachant les cheveux. Cette nouvelle vague vestimentaire vient des pays du Moyen-Orient où les femmes orientales portent des jupes longues ou des pantalons larges pour cacher les contours du corps et des voiles fins pour couvrir leurs cheveux. Tout en étant élégantes, elles appliquent la religion islamique. L’émergence de cette nouvelle tendance a forcément fait le bonheur de telle enseigne spécialisée dans les foulards et les châles. Les jeunes femmes voilées ne vont plus aux kissariats (galeries marchandes traditonnelles) ou autres marchés populaires pour acheter des foulards assortis.

Palette

Aujourd’hui, elles peuvent trouver une variété de foulard et de châle avec une large palette de couleurs et un grand choix de formes. Souvent, elles optent pour des foulards assortis à leurs garde-robes. Pour des prix variant entre 30dh et 120 dh. De plus, elles ont les accessoires qui vont avec, comme les broches, les épingles. Il existe plusieurs manières d’attacher le foulard. Les jeunes femmes voilées innovent à chaque fois afin de rester élégantes. Bientôt, l’image stéréotypée de la femme voilée portant la djellaba informe et un foulard noir sera révolue. Pour les hommes, la mode se présente autrement.
En face de la Mosquée Ennour, au quartier Beauséjour à Casablanca, de nombreux commerçants étalent leurs marchandises. Sur leurs stands improvisés, on trouve de tout, des sandales en cuir aux serre-têtes, en passant par les accessoires de la prière, chapelets, tapis de prière et autres articles d’hygiène comme les cotons-tiges, shampooing, dentifrice, brosse à dents. À l’heure de la prière, les trottoirs qui longent la mosquée se transforment en une caverne de Ali Baba, et les passants doivent se frayer un chemin entre les marchandises. Paradoxalement, ces marchands ne se joignent pas aux prieurs, malgré leurs allures de frères musulmans. La plupart d’entre eux sont barbus, portent la tenue islamique afghane, chaussent des sandales en cuir. Avec un air sérieux et solonel, ils exposent leurs marchandises et attendent les clients, composés en majorité d’hommes. À la fin de la prière, les premiers clients affluent sur eux et le marchandage commence.

Tendance

Le marchand le plus prisé est Abdellah. C’est un habitué des lieux et son affaire est florissante. Il n’est pas près de céder la place. Son expérience dans ce domaine lui a appris comment attirer la foule. Il connaît les attentes et les besoins de ces clients. Il est spécialisé dans les habits masculins. Abdellah vend les fameuses tuniques afghanes avec les pantalons et les serre-têtes assortis. Ce jour-là , à la prière du Maghreb, il a vendu cinq au prix de 200 dh. « Comme vous voyez les couleurs disponibles sont le noir, le beige, le blanc, le kaki et le bleu ciel. Des couleurs très discrètes et appréciées par “mes frères”. Le prix est entre 250 et 200 dh. Ces tenues sont pratiques et sont très demandées. C’est la tenue de plusieurs frères musulmans qui ont des professions libres tel que commerçant ou entrepreneur. Par contre, “mes frères” travaillant dans le secteur privé l’adoptent le week-end », affirme ce commerçant.

En effet, cette nouvelle tendance arrive directement d’Afghanistan. Elle est apparue au Maroc aux années 80 grâce au « Moujahidines marocains » partis combattre pendant la guerre sainte sovieto-afghane. Elle s’est répandue vers les années 90, avec la poussée des islamistes qu’a connue le Maroc.

Cette tunique est faite de matière sobre comme le coton ou la popeline. Elle est souvent fabriquée par les Asiatiques, « Made in Taiwan » oblige. D’ailleurs, tous les articles destinés à cette cible proviennent de l’industrie asiatique et les prix défient toute concurrence.

Accessoires

Par exemple, les sandales en cuir coûtent entre 50 et 40 dh, les « gandouras » entre 90dh et 100 dh, les sous-vêtements entre 20 et 30dh. Ces articles sont disponibles dans différents endroits à Casablanca comme dans les kissariats, les marchés populaires et chez les marchands ambulants. La demande augmente en période de départ au pèlerinage à La Mecque, Aid Mouloud et autres fêtes religieuses.

Les accessoires de la prière ont également évolué. Ils ont été revus et réadaptés par nos amis Taiwanais pour être dans l’air du temps. Le vieux réveil qui sonne au rythme du chant du coq a été remplacé par un autre qui sonne à la voix d’un « Muezzin » appelant à la prière.
Ce réveil doré, au style rococo, coûte la conquête somme de 120 dh. Le son de la voix est aigu et singulier, mais nos frères musulmans préfèrent « un réveil islamique ». Cet accessoire est très demandé, surtout par les personnes âgées. C’est aussi le cadeau que les pèlerins ramènent fréquemment à leurs proches.

Autre accessoire revu, le tapis de prière. Il est actuellement muni d’une boussole pour indiquer l’orientation de la Mecque. Le prix de ce tapis révolutionnaire varie entre 130 et 140 dh.

Il est vrai que le commerce « islamique » est de plus en plus prospère. Les frères musulmans marocains veulent déjà se distinguer par leurs apparences vestimentaires. En somme, si les hommes islamistes marocains préfèrent la mode afghane, les femmes, elles se tournent vers l’élégance orientale.

Maroc Hebdo

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