MRE : Retour à l’imparfait

6 septembre 2004 - 18h59 - Maroc - Ecrit par :

Chaotiques. Tels ont été les derniers jours du mois d’août lors de l’opération retour des Marocains résidant à l’étranger (MRE). Cette année n’a pas échappé à l’exception. Malgré tous les efforts déployés par toutes les parties concernées, les trois derniers jours ont connu des retards et des désagréments qui ont provoqué la colère de plusieurs personnes.

Certains, à la vue de la foule massée devant les aires de repos et l’entrée du port, ont simplement préféré reporter leur départ. D’autres, par contre, ont pris leur mal en patience car ils devaient, impérativement, rentrer dans le pays d’accueil où ils devaient reprendre leur boulot le 1er septembre. D’autres encore étaient contraints par la rentrée scolaire de leurs enfants.

Cette année, la situation a été rendue encore plus compliquée par l’épais brouillard qui a enveloppé le détroit empêchant toute navigation pendant la nuit de vendredi à samedi (27 au 28 août). Une longue file d’attente s’était alors formée car aucun bateau ne pouvait s’aventurer dans l’épaisse brume. “La sécurité passe avant tout”, note un responsable au port de Tanger. Les souvenirs de l’accident mortel entre deux ferrys il y a quelques années et qui était dû à la brume est encore dans les esprits. Cette brume a aussi causé l’arrêt des opérations au port d’Algésiras.

Au petit matin, lorsque la brume s’est levée, un autre incident a provoqué l’arrêt des bateaux. Un capitaine avait alerté de la présence d’un homme dans les eaux de la baie d’Algésiras. Pendant les deux heures qu’a duré la recherche, six ferrys ont été maintenus en rade. A noter que cette année la mécanique de l’opération retour a été mieux huilée avec la mise en place de zones tampons près des parkings de Malabata et de Malallien. Leur objectif, réguler les flux pour éviter l’engorgement des routes.

En plus, les autorités ont rendu possible le tamponnage des passeports dans ces mêmes aires de Malallien, de Malabata et même de Larache. Le but est toujours d’assurer une fluidité maximale et une attente minimale dans les points de traversée, assure un responsable des services de police. Mais, selon certains, il est difficile de faire mieux actuellement. Le port de Tanger arrive à saturation. Sa capacité maximale de 30.000 voyageurs par jour est de plus en plus rudement mise à l’épreuve chaque année. “Le problème c’est que les MRE veulent rentrer tous en même temps, dans une fourchette de quelques jours”, note un responsable douanier. C’est ce qui provoque embouteillages et attentes. Ensuite, il y a la pression exercée sur le port de Tanger. Alors qu’à Sebta, ce sont plusieurs frontières qu’il faut passer avant d’arriver.

Les clandestins s’en mêlent

En cette période de pointe de fin août, les clandestins profitent de la “débandade” qui sévit dans les postes frontières. Ce qui n’est pas sans dangers.

Dernièrement, six clandestins ont été sauvés in extremis d’une asphyxie assurée. Cachés dans une remorque, en attente d’embarquer, ils ont manqué d’air et ont commencé à demander de l’aide. Finalement, des agents de la Protection civile les ont délivrés à la dernière minute. Moins chanceux, ces deux jeunes cachés par leur famille dans le coffre de leur véhicule. Après plusieurs heures d’attente sous un soleil torride, les agents de contrôle les découvrent sans vie. Le même cas s’est produit à la frontière où un homme et sa femme ont caché le frère de cette dernière dans le coffre. Le jeune est dans le coma et rend l’âme en chemin vers l’hôpital.

Ali Abjiou - L’économiste

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Sujets associés : Immigration - Opération Marhaba - MRE

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