RAP marocain : Quand la Jeunesse se rebelle

11 décembre 2006 - 23h57 - Culture - Ecrit par : L.A

Le rap a conquis les grandes villes du royaume. Utilisant la langue crue de la rue, les rappeurs revendiquent des messages de contestation politique et sociale pour un Maroc meilleur. Corruption, misère, chômage, tout y passe. H-Kayne, Bigg, Fnair ou Zanka Flow sont devenus les stars d’une jeunesse qui n’a surtout plus l’intention de taire ses problèmes. Plongée dans le monde de la « street music » marocaine.

Le rap, une nouvelle forme de contestation sociale et politique ? Tout porte à le croire. Tout d’abord, il y a les textes. Depuis Nass El Ghiwane, on n’a jamais assisté à des messages subversifs portés par une musique. Nos rappeurs qui, en majorité, n’ont pas plus de 25 ans, contestent une réalité sociale glauque et des politiques stériles. « Welli bghaw ychafro liya bladi Ntiri fdin mhoum » (ceux qui veulent voler mon pays, je flingue leur race), lance Bigg, le rappeur casablancais, issu du quartier « middle class » de Roches noires dans sa chanson « lkhouf ». Ou encore « tanmiya bachariya, ness laâqa lik ou ness laâqa liya » (l’INDH, la moitié du magot pour toi et le reste pour moi). D’autres parleront de « misiriya » (la misère), de « drari makhedama maredama » (des jeunes sans boulot), de « blade lhegra » (le pays de l’humiliation), de « lferh fgloubna mameblassi » (pas de place de joie dans nos cœurs), « fhad lblad akhouya makaynche kif tenssa » (dans ce pays mon frère, pas moyen d’oublier)…

Jamais depuis la bande à Batma, des chanteurs ne se sont prêtés à cet élan de protestation, porté par une jeunesse encore plus nombreuse et plus exigeante. Une jeunesse qui a accès aux nouvelles technolgies (Internet et logiciels piratés) et aux chaînes satellitaires. Les groupes de rap cartonnent. A la dernière édition du Boulevard, Bigg n’a rien eu à envier au très attendu groupe français « La caution » et a réussi même l’exploit d’éclipser leur prestation. Le public est tout simplement venu ce soir-là pour lui. La soirée hip hop du Festival de Casablanca est un franc succès. C’est que les rappeurs fonctionnent en dehors du système de production classique et profitent de la moindre opportunité. Ils mettent leurs chansons en ligne et des milliers de jeunes Marocains téléchargent leurs chansons qui deviennent du coup populaires. Leurs clips, leurs concerts et même des extraits d’interviews improvisées circulent gratuitement dans « Youtube » (le site de partage de vidéos en ligne). Ils parviennent dès lors à défier tout un système en usant de paroles loin d’être orthodoxes, des paroles qui dérangent. Des jeunes qui, à travers ces textes, aspirent avant tout à vivre dans un Maroc plus digne.

La bataille sur l’origine du rap national ?

Dans l’ancienne Médina du côté de la rue commerciale de Bab Jdid, les rappeurs se rassemblent dans un café. Des jeunes sapés à la Eminem discutent des derniers tubes de rap américain et de la prochaine « battle of the streets » (le combat des rues), une sorte de joute pour désigner celui qui fera la meilleure rime. Tous s’expriment dans un bon français Entre rappeurs, D.J’s et breakdancers, le quartier populaire du centre-ville de Casablanca abrite des dizaines d’artistes, inspirés directement de cette musique qui a vu le jour dans les métropoles américaines. Ici, la majorité des jeunes sont branchés planète hip hop : tee-shirts extra-larges, pantalons taille basse, grosses ceintures, casquettes à l’honneur des « cities », New York, Detroit ou Los Angeles. « C’est dans notre quartier que le rap marocain a vu le jour. Au départ, on se regroupait entre rappeurs et danseurs et l’on faisait des shows, juste pour nous éclater. Puis il y a eu, en 1999, le premier championnat de rap et de breakdance au complexe culturel Sidi Belyout qui va propulser le hip hop dans tous les autres quartiers de la ville », raconte fièrement Samir, 26 ans, M.C de son état (maître de cérémonie, titre que peut se donner un rappeur).

Comme aux Etats-Unis où la rivalité meurtrière entre la East coast et la West coast a même fait des victimes (Notorious Big et Tupac en sont les plus célèbres), à Casablanca, les rappeurs de l’ancienne médina, du Hay Mohammadi, du Maârif ou de Bourgogne rivalisent, eux, sur l’origine du premier rappeur. Ils jureront tous qu’ils ont été les pionniers du rap national. Fayçal Marjane, membre de « Piranha labo » de Salé, un collectif de rappeurs ou « crew » composé de plusieurs artistes dont Gamehdi, Netro, C4, NAB a un tout autre avis : « le rap marocain a commencé en 1993 avec Aminoffice, ex-membre du Double A et du Dragon blanc à Salé.

En parlant de double A, c’est le premier groupe marocain à avoir lancé un album sur le marché en 1996 ». Et le Boulevard des jeunes musiciens dans cette histoire ? On se rappelle bien qu’à partir de 1999, ce festival des musiques urbaines s’est ouvert aux nouvelles tendances musicales, dans la salle de la FOL (Fédération des œuvres laïques), puis après dans les stades du RUC et du COC. Fayçal a un commentaire sévère vis-à-vis de ce rendez-vous annuel : « Le Boulevard, ce n’est qu’un truc médiatisé qui ne représente ni le rap ni les rappeurs marocains. Les organisateurs exploitent le manque d’endroit où les jeunes peuvent se produire pour faire croire que c’est la plateforme numéro un des rappeurs marocains ».

En fait, dans les villes du royaume, des rappeurs chantent les frustrations du Maroc urbain d’aujourd’hui. Des dizaines de sites Internet, à leur tête raptiviste.net, sont dédiés au hip hop national. Des centaines de forums abritent les conversations d’amateurs du genre.
Dans la plupart des cas, c’est la « darija » qui est utilisée. Comme du temps du smurf des années 80, les danseurs de breakdance, accompagnés de rappeurs en herbe, investissent des espaces publics pour extérioriser leur passion. A Casablanca, ce sont les passages du centre-ville, mais aussi « le square d’Auto Hall près de Lalla Yacout, le jardin du Maârif et de la Ligue arabe ou encore la piste près de l’hôpital Mohammed V de Hay Mohammadi et même dans quelques ruelles de la ville où l’on se donne rendez-vous. C’est loin d’être une solution car les policiers ne nous laissent pas tranquilles », explique Rachid, 20 ans, danseur de breakdance. « Nous avons toujours été confrontés à un problème de mentalités. Au centre culturel de Sidi Belyout, nous avons dû galérer pour leur trouver une salle de danse où ils peuvent s’entraîner trois fois par semaine. Il y a encore une grande résistance culturelle à ce mouvement. La musique pour la plupart des gestionnaires de la chose culturelle dans ce pays se limite à la chanson marocaine moderne, celle de Mohamed Hayani, Abdelwahab Doukkali et Mohamed Fouiteh », déplore Hicham Abkari, responsable de l’animation culturelle de la ville de Casablanca.

Style et attitude

M. Abkari, qui a longtemps travaillé au centre culturel de Sidi Belyout, est derrière l’organisation du championnat de breakdance et de rap qui a été intégré par la suite au Festival de Casablanca. Chaque premier dimanche du Festival est dédié au rap et au hip hop. Toutes les stars du genre sont passées par la scène du Nevada, relevant du parc de la Ligue arabe : Bigg, H-kayne, Fnaire, mais aussi Casacrew, Zankaflow et Halemkane. Cette soirée est un des moments forts du festival. « Le hip hop est une culture urbaine qui est actuellement bien intégrée dans tous les quartiers des villes marocaines. C’est également le style qui a véritablement démocratisé l’expression musicale dans ce pays. Les musiciens du rap ont seulement besoin d’un P.C, d’un logiciel qu’ils peuvent d’ailleurs télécharger gratuitement et des paroles dans un dialecte des rues. C’est donc une musique abordable », explique M. Abkari. « L’un des points fort du rap et du hip hop, c’est qu’il est facile à composer. Un stylo et un peu de rythme dans la peau et te voila rappeur », renchérit M. Marjane.

Durant les années 80, la jeunesse urbaine a accouché de quelques groupes de Hard rock et de Metal. Une jeunesse en majorité nantie car capable de se procurer des instruments coûteux (guitares électriques, basse, batterie…). Le hip hop a cassé cette barrière financière. Encore plus, « cette musique attire les jeunes parce qu’elle parle aussi de femmes, de fringues, de chaînes en or et de belles caisses. Des rappeurs comme 50 cent ou Jay Z ont une certaine attitude et un style de vie qui ne laissent pas les jeunes Marocains indifférents », précise Simou, un rappeur de l’ancienne Médina. Dans ce quartier, on trouve de tout. Des rappeurs qui sont au lycée ou à l’université et d’autres qui vivotent en travaillant dans le commerce des montres ou des lunettes, des « ferrachas » (commerçants qui étalent leurs marchandises sur des bâches). « Le rap et la danse m’ont permis de ne pas tomber dans la délinquance. Même si mes parents se sont toujours opposés à ce choix. En fait, cette musique est ma drogue douce », plaisante Rachid, M.C et étudiant en économie.

Le genre a même créé ses stars, respectées pour leur « beat » et leur flow (rythme des paroles) mais également pour la qualité de leurs textes. Le groupe H-Kayne de Meknès en est le parfait exemple. En avril dernier, H-Kayne a participé au festival Garorock en France. Le mois dernier, la troupe a fait une tournée dans l’Hexagone (trois étapes) couronnée par une prestation en ouverture du groupe de fusion français « Dub Incorporation » au Bataclan, une première pour un groupe de rap marocain. Pour les cinq comparses de la capitale ismaïlienne, tout a commencé par un passage au Boulevard des jeunes de Casablanca. Ils allaient signer deux ans plus tard un contrat avec Platinium Music, représentant au Maroc de la major musicale Universal, avec à la clé deux albums : « 1 Son 2 BledArt » et « HK 1426 », actuellement commercialisés à la Fnac.

Des descendants des Ghiwane ?

L’autre grand monsieur du moment n’est autre que Bigg, Hazeb Taoufik de son vrai nom. Bigg alias « Al Khasser », un Casablancais de 23 ans, s’est illustré avec son album « mgharba hta lmoute » sorti en 2005 avec des tubes comme « Bladi Blad » et « Al khouf ». Des chansons cultes qui abordent le Maroc avec une langue crue que d’aucuns traitent de vulgaire. « La jeunesse marocaine ne se reconnaît pas dans la langue préformatée de la télévision nationale. Moi, j’utilise la langue de la rue, celle de tous les jours. Elle est peut-être choquante mais elle reste vraie », insiste Bigg qui prépare cette année une licence en droit privé.

Dans cet album qui contient 25 chansons, « Al Khasser » parle des années de plomb, d’INDH, de liberté d’expression, de corruption et des frustrations de toute une jeunesse. Puis, il y a le groupe marrakchi Fnaïr, les rappeurs hardcore tangérois de « Zanka Flow » et leur M.C « Muslim », les Casablancais « Casa Crew »… Le rap féminin existe également. A petite dose car l’univers du rap reste toutefois machiste. Fatiwiz, Souha, Wydad qui a fait partie de « Thug Gang », un groupe de Casablanca, Nawal, une ex des « Silent Weapons » ainsi que Loubna qui a chanté en duo avec Bigg, la chanson « gaâ nass limatou ». Elles n’hésitent pas à prendre le « mic » et enflammer les foules. Tout ce beau monde a en commun une même « darija » et des thématiques qui reviennent souvent, les injustices sociales, la marge dans les rues citadines, la « chefra » (corruption), la « hogra » (humiliation). D’autres textes traitent de la guerre en Irak, de l’hégémonie américaine ou de l’islam. Les influences musicales sont diverses. Cela va de la soul à la funk, mais aussi les musiques traditionnelles marocaines. Histoire de se différencier du rap qui se fait ailleurs. « Cela vient d’une certaine préoccupation identitaire.

Mais cette tendance à mixer le rap aux genres marocains est également le résultat d’une certaine pression idéologique. Ce qui me pousse à penser que ce choix contribue à un enfermement culturel, même si la façade, c’est-à-dire la musique, est urbaine et moderne », analyse M. Abkari. La référence au groupe mythique d’El Ghiwane est manifeste. Dans « Bladi blad », Bigg leur rend hommage en clôturant sa chanson avec le fameux passage de « iâcht debbana flebtana ». Le parallèle est tentant entre le groupe de Boujmiî et Batma et les rappeurs d’aujourd’hui, du moins dans le volet contestataire des textes. « Les Ghiwane sont pour moi d’une grande inspiration. Ce sont des "rojalas" (des gens intégres et courageux). Au-delà du respect que je leur dois pour leur musique, je les salue pour leurs positions et leurs attitudes », explique Bigg. C’est que ces jeunes ont compris qu’ils ont actuellement la possibilité de parler, de s’exprimer librement. L’affaire des « satanistes », avec toute une société civile solidaire de ces rockers, leur a montré la voie. Le rap qui donne au texte une place prépondérante est un medium idéal. « On se base sur le négatif pour chercher le positif. Les rappeurs marocains, comme les jeunes de ce pays, veulent que les choses changent. Ils ont besoin d’espoir pour ne pas aller se suicider en essayant de passer clandestinement en Europe. En fait, le rap, c’est un appel au secours », raconte M.C Samir.

Le rap marocain, une musique underground ? Ils sont plusieurs à le penser. Pour la simple raison qu’il passe rarement à la radio et à la télévision, seule « hit radio » programme le genre tout en évitant les morceaux les plus « hardcore ». Internet a permis à cette musique une plus large diffusion. Des téléchargements gratuits mais également la diffusion de clips. Dans le site « Youtube », on retrouve des clips de Casacrew, Zankaflow, de petits groupes de Berkane, de Beni Mellal, de matchs de freestyle dans des quartiers de Casablanca. La caméra numérique a révolutionné le secteur et les rappeurs, des jeunes bien sûr, l’utilisent à fond. On retrouve également un clip de « Bladi Blad » de Bigg sur fond d’images de brutalité policière dans les campus universitaires au Maroc. Un clip que Bigg n’a jamais réalisé. Une réappropriation qui se fait de plus en plus dans le Net. Une révolution que personne ne peut contrôler. « C’est extraordinaire comme histoire. Je n’ai jamais réalisé un clip de ma vie. Et je trouve ce clip particulièrement bien foutu. Des amis m’ont appelé après l’avoir vu pour me dire si je n’avais pas peur de représailles », raconte Bigg en rigolant.

Quel avenir pour le rap marocain ?

Internet reste alors le meilleur moyen de diffusion du hip hop en l’absence d’un marché musical organisé et de festivals dédiés au genre. Les groupes de rap mettent quelques centaines de C.D dans le marché. Mais, c’est plus pour la promotion que pour dégager des bénéfices. Ils vendent leurs C.D dans les boutiques de fringues hip hop, chez des disquaires, dans les librairies, les salles de jeux et les lycées. « Je n’hésite pas à mettre mes C.D en vente à Derb Ghallef. Le mouvement hip hop a besoin du piratage pour se faire connaître », dévoile Bigg.

En tout cas, les M.C’s restent optimistes pour l’avenir du rap au Maroc. Le secteur devient de plus en plus générateur de revenus. Soirées de gala, publicités, tournées au Maroc et à l’étranger et royalties, les rappeurs sont en train de se faire une petite place dans le secteur musical. « Je suis très optimiste pour l’avenir de cette musique dans ce pays. Dans quelques années, un rappeur pourra vivre de son art », conclut « Al Khasser » qui hésite encore entre devenir juge ou notaire après l’obtention de sa licence en droit… Quant à sa carrière de rappeur, il n’est pas près de l’abandonner.

Le journal Hebdo - Hicham Houdaïf

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