Ces artistes marocains qui échappent à l’impôt

27 août 2025 - 13h00 - Culture - Ecrit par : S.A

Bon nombre d’artistes marocains ne déclarent pas leurs revenus réels, notamment ceux issus des fêtes privées, des spectacles artistiques, des contrats publicitaires ou des revenus numériques générés via des plateformes telles que YouTube et Facebook, échappant ainsi à l’impôt. Un énorme manque à gagner pour le Trésor public.

Alors que la loi marocaine fait obligation pour toute activité professionnelle, commerciale ou artistique, de s’acquitter de ses devoirs fiscaux, nombreux sont les artistes exerçant selon des formules non structurées, avec des contrats oraux ou des accords parallèles, qui échappent à toute obligation fiscale. Des informations font état de ce que des cachets faramineux ont été perçus par certains chanteurs durant la saison des mariages. Il s’agit plus précisément de la rémunération que reçoit l’artiste en une seule soirée atteignant plusieurs dizaines de milliers de dirhams. Ce cachet n’est enregistré dans aucun cadre officiel. La diffusion de vidéos sur les réseaux sociaux documentant des fêtes privées, révélant l’ampleur des sommes échangées dans l’ombre a d’ailleurs relancé le débat sur cette question. Certains internautes crient à l’indignation. Selon eux, l’absence de contrôle compromet le principe de justice fiscale.

À lire : Des chanteurs en colère contre Maroc Télécom

Certains artistes dégagent des bénéfices nets dépassant parfois 200 000 dirhams par mois provenant des revenus publicitaires sur les plateformes numériques, tout en restant hors du champ des déclarations fiscales, a précisé à Al3omk une source professionnelle. Selon elle, cette situation reflète un vide réglementaire laissant une large marge de non-conformité à la loi. Elle explique que la majorité des artistes exercent en tant qu’indépendants, ce qui rend difficile le suivi de leurs transactions financières, notamment lors des fêtes privées ou des contrats officieux. Ces pratiques violent le principe de justice fiscale et affaiblissent la capacité de l’État à mobiliser les ressources financières nécessaires au financement des services publics, a-t-elle estimé, insistant sur le fait que l’absence de contrôle strict dans le secteur artistique constitue une faille qui nécessite une réforme urgente.

À lire : Mariages marocains : des cachets à 100 000 dirhams de l’heure

Selon des observateurs, ces pratiques ne relèvent pas simplement d’une infraction administrative, mais touchent au fondement même du système fiscal, fondé sur le principe d’égalité dans le partage des charges publiques. Ils font remarquer que le citoyen ordinaire et le petit fonctionnaire s’acquittent de leurs impôts de manière directe et régulière, alors que certains artistes bénéficient d’un « privilège non déclaré », incarné par l’absence de surveillance stricte. Pour eux, la correction de ce dysfonctionnement passera par des réformes législatives et institutionnelles, reposant sur l’intégration du secteur artistique dans le système économique officiel, par l’imposition de contrats écrits, l’assujettissement des revenus numériques à la déclaration fiscale et le renforcement du rôle du contrôle et de la reddition des comptes.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Youtube - Facebook - Impôts - Musique

Aller plus loin

Des chanteurs en colère contre Maroc Télécom

Écartés du festival des plages 2024 organisé par Maroc Télécom sur les plages de M’diq, Al Hoceima, Martil, Tanger, Saïdia et Nador, de nombreux artistes marocains dénoncent et...

Maroc : coup de gueule des chanteurs

Bon nombre de chanteurs marocains ont exprimé leur colère contre l’exclusion et la marginalisation dont ils se disent victimes. Concerts et festivals sont organisés cet été sans...

Du rififi chez les chanteurs marocains

Dans une story sur son compte Instagram, l’artiste Hajar Adnane a affirmé ne pas être à l’origine de l’information selon laquelle certains artistes, dont Saida Charaf, «...

Mariages marocains : des cachets à 100 000 dirhams de l’heure

Wael Jassar, chanteur libanais de pop arabe, séjourne actuellement au Maroc, dans le cadre de la célébration d’un mariage à Tanger. Ces dernières années, de nombreuses stars...

Ces articles devraient vous intéresser :

L’émouvant hommage de Samira Saïd à Naïma Samih

L’artiste marocaine Samira Saïd a rendu un vibrant hommage à son amie et collègue Naïma Samih, décédée dans la nuit de vendredi à l’âge de 73 ans, des suites d’une longue maladie.

Samira Said et Saad Lamjarred très critiqués

Le compositeur marocain Nabil El Khalidi a dénié à la chanteuse Samira Said et au chanteur Saad Lamjarred le statut d’artiste de renommée mondiale. Il estime par ailleurs qu’aucun artiste arabe, ancien ou nouveau ne l’a été.

Maroc : du nouveau pour l’impôt sur le revenu

Selon le projet de loi de finances 2025, le gouvernement prévoit d’augmenter de 30 000 à 40 000 dirhams la première tranche de revenu annuel exemptée d’impôt. Une mesure qui devrait permettre d’exonérer les revenus des salaires mensuels inférieurs à 6...

Le fisc marocain fait la chasse aux terrains non bâtis

Les walis et gouverneurs ont reçu des consignes pour accélérer la mise à jour des registres fiscaux relatifs aux terrains urbains non bâtis. Ces instructions font suite à la découverte de cas d’exemptions temporaires indûment accordées à certains...

Impôts : le Maroc cible les résidences secondaires

Des dizaines de milliers de propriétaires de résidences secondaires au Maroc ont reçu des notifications fiscales de la Trésorerie générale du Royaume, réclamant le paiement d’arriérés de taxe d’habitation et de taxe de propreté.

Hassan II, 25 ans après sa mort : une légende toujours vivante

25 ans après son décès, le roi Hassan II reste une figure centrale dans l’imaginaire collectif marocain. En témoignent les vidéos documentant ses discours et conférences de presse qui cumulent des millions de vues sur YouTube, Facebook et X...

Vous vendez un bien au Maroc ? Attention à cette révision fiscale qui peut coûter très cher

Vendre un terrain ou un appartement au Maroc peut réserver une désagréable surprise. Des semaines après la signature, le fisc envoie une facture supplémentaire à de nombreux vendeurs. Certains se retrouvent même à perdre de l’argent sur la transaction....

Fisc : Le Maroc ajuste l’IS et l’IR dans la Loi de finances 2024

Au Maroc, des ajustements ont été apportés à l’Impôt sur les sociétés (IS) et l’Impôt sur le revenu (IR) dans le cadre de la Loi de finances 2024.

Buzz, fric et clashs : La (mauvaise) recette des artistes marocains

De plus en plus d’artistes marocains se tournent vers les réseaux sociaux, notamment Instagram et TikTok, pour interagir avec leur public et générer des revenus. Cette tendance suscite toutefois des critiques, certains pointant du doigt le recours à...

Le fisc marocain traque les influenceurs fraudeurs

La Direction générale des impôts (DGI) vient de lancer un contrôle des influenceurs des réseaux sociaux, ainsi que certaines professions libérales.