201 000 € d’indemnités pour l’innocent emprisonné 5 ans

5 juin 2009 - 17h29 - France - Ecrit par :

Accusé d’avoir été un trafiquant de drogue, un ex-Rémois a passé cinq ans en prison avant d’être innocenté. Il vient d’obtenir une indemnisation de 201 000 €. Détenu cinq ans avant d’être innocenté, Abdelfettah Rachdad, a obtenu 150.000 € pour son préjudice moral, 51.374 € pour son préjudice matériel.

C’EST la fin d’un éprouvant marathon judiciaire commencé en 1998 derrière les hauts murs de la maison d’arrêt de Reims. Emprisonné 1 825 jours avant d’être innocenté par une décision de relaxe de la cour d’appel de Nancy , Abdelfettah Rachdad vient d’obtenir réparation de sa longue détention provisoire.

Violation des droits de la défense

La cour d’appel de Bordeaux, ville où il est parti s’installer après sa sortie de prison en 2003, lui a accordé diverses indemnités d’un montant total de 201 374 € : 150 000 € pour le préjudice moral, 51 374 € pour le préjudice matériel couvrant la perte de chance de n’avoir pu travailler et ses frais de défense. « C’est une bonne décision. Elle accorde un montant supérieur à la jurisprudence habituelle », commente son avocat, Me Simon Miravete.
Aujourd’hui âgé de 46 ans, Abdelfettah Rachdad a grandi au quartier Croix-Rouge. Une jeunesse tumultueuse, marquée par des séjours en prison pour des vols et des escroqueries, « mais jamais pour de la drogue ». « A un moment, j’en ai eu marre. La prison m’a fait réfléchir. J’ai voulu m’en sortir. »

En 1991, il part au Maroc pour trouver du travail. C’est alors qu’à Reims, dans les mois qui suivent, plusieurs trafiquants de drogue le mettent en cause alors qu’il se trouve pourtant de l’autre côté de la Méditerranée. Son nom est balancé dans trois dossiers différents. Courant 1992, il est condamné en son absence à trois peines de cinq ans ferme chacune.
Abdelfettah Rachdad est arrêté par la police en 1998, lors d’un

séjour familial à Reims. Il est rejugé et condamné à six ans ferme pour l’ensemble des dossiers sans pouvoir être confronté à ses accusateurs. Bien décidé à faire reconnaître son innocence, il entame une longue procédure qui va l’amener devant la Cour européenne des droits de l’Homme – condamnation de la France en 2003 pour « violation des droits de la France » – puis devant la commission de réexamen de la Cour de cassation qui fait droit en 2005 à sa demande d’un nouveau procès.
Finalement rejugé en 2007 par la cour d’appel de Nancy, Abdelfettah Rachdad obtient cette relaxe qu’il espérait tant, après avoir passé cinq ans jour pour jour derrière les barreaux, du 22 janvier 1998 au 22 janvier 2003. « Avec les remises de peines, j’ai fait cinquante-six mois, plus quatre mois car j’avais une contrainte par corps des douanes. »
Il explique avoir « tenu le coup en participant à la vie associative de la prison ». « J’ai créé des cours d’alphabétisation et d’informatique pour les autres détenus. Je me suis inscrit par correspondance à la fac. Je ne me suis jamais laissé aller. » Malgré ces cinq années de prison « pour rien », Abdelfettah Rachdad déclare avoir « toujours cru en la justice ». « J’ai eu raison de m’accrocher, de batailler, d’aller jusqu’au bout », disait-il au lendemain de sa relaxe à Nancy. « Vivre avec un statut de coupable quand vous savez que vous n’avez rien fait, c’est une situation qu’un être normalement constitué ne peut pas accepter. »

Source : Fabrice Curlier - L’Union

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Droits et Justice

Ces articles devraient vous intéresser :

Un ancien ministre interdit de quitter le Maroc après ses propos sur le roi Mohammed VI

Les autorités marocaines ont interdit à l’ancien ministre Mohamed Ziane de quitter le royaume, après ses déclarations contre le roi Mohammed VI dont il dénonçait l’absence prolongée.

Maroc : les crimes financiers ont baissé de 47% en 2021

La lutte contre les crimes financiers et économiques au Maroc porte peu à peu ses fruits. En 2021, les affaires liées à ces délits ont fortement régressé de 47,30%, selon le rapport annuel de la présidence du parquet.

Redressement fiscal : Sound Energy fait appel

La compagnie gazière britannique Sound Energy annonce avoir fait appel devant le tribunal administratif, en vue de contester le redressement fiscal mené en 2020 par l’administration générale des Impôts, qui lui a réclamé 2,55 millions de dollars d’impôts.

Affaire "Hamza Mon Bébé" : Dounia Batma présente de nouvelles preuves

La chanteuse marocaine Dounia Batma confie avoir présenté de nouveaux documents à la justice susceptibles de changer le verdict en sa faveur.

Maroc : des biens et des comptes bancaires de parlementaires saisis

Au Maroc, les parquets des tribunaux de première instance ont commencé à transmettre aux nouvelles chambres chargées des crimes de blanchiment d’argent les dossiers des présidents de commune et des parlementaires condamnés pour dilapidation et...

Maroc : le casier judiciaire électronique enfin lancé

Le ministère de la Justice a procédé mardi, au lancement de quatre nouveaux services numériques dont le casier judiciaire électronique.

Au Maroc, le mariage des mineures persiste malgré la loi

Le mariage des mineures prend des proportions alarmantes au Maroc. En 2021, 19 000 cas ont été enregistrés, contre 12 000 l’année précédente.

Enfants hors mariage : « la fête d’une nuit est à payer pendant 21 ans »

Comme pour les couples mariés, les enfants nés hors mariage au Maroc seront pris en charge par les parents. Une disposition est prévue dans le nouveau Code pénal pour reconnaitre leur droit, a annoncé le ministre de la Justice Abdellatif Ouhabi.

Maroc : Vague d’enquêtes sur des parlementaires pour des crimes financiers

Une vingtaine de parlementaires marocains sont dans le collimateur de la justice. Ils sont poursuivis pour faux et usage de faux, abus de pouvoir, dilapidation et détournement de fonds publics.

Le droit des femmes à l’héritage, une question encore taboue au Maroc

Le droit à l’égalité dans l’héritage reste une équation à résoudre dans le cadre de la réforme du Code de la famille au Maroc. Les modernistes et les conservateurs s’opposent sur la reconnaissance de ce droit aux femmes.