Alors que la question de l’échange automatique des données sur leurs comptes bancaires, actions et biens détenus au Maroc avec l’OCDE refait surface, Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des Finances, a tenu à rassurer les Marocains résidant...
Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) sont-ils sur le point de lâcher le bâtiment ? Tendus traditionnellement vers cette niche, les MRE se tournent de plus en plus vers les nouvelles formes d’investissements notamment la bourse.
Signe de confiance ou diversification des placements des MRE, les données communiquées dernièrement par le CDVM pour l’année 2005 confortent bien ce constat quant au comportement de cette catégorie d’épargnants. Les investissements en actions cotées effectués par les étrangers et MRE (les données spécifiques aux MRE n’étant pas disponibles) ont augmenté de 46,5 % et atteignent les 90 milliards de DH. Cependant, Selon le CDVM, « cette hausse est due d’une part à l’augmentation de la participation de Vivendi Telecom International dans le capital de Maroc Telecom de 35% en 2004 à 51% en 2005 et d’autre part, à la performance générale de la Bourse de Casablanca qui a connu une évolution positive de 22,5% en 2005 ».
Il faut dire que l’introduction de Maroc Telecom à la Bourse de Casablanca a accéléré cette tendance. L’opérateur historique est détenu à hauteur de 59% par des étrangers ou des MRE. Plus d’un MRE sur cinq détenant des actions cotées conservées au Maroc ont dans leur portefeuille des actions Maroc Telecom.
Sur le fond, l’évolution de l’investissement étranger ou des MRE en actions cotées hors Maroc Telecom est en constante progression. Il a atteint 23,1% de la capitalisation boursière en 2005 contre respectivement 22,6% et 21,6% en 2004 et 2003. Ce qui témoigne de la confiance placée dans les valeurs cotées et dans leur potentiel de croissance.
Prépondérance des MRE
Parallèlement, le montant des investissements physiques non résidentes (étrangers et MRE) a atteint 502 millions de DH en 2005 contre 163,5 millions de DH en 2004, soit une progression de plus de 270 %.
À noter toutefois que les personnes morales de droit français ravissent la vedette car ils sont à l’origine des trois quarts du montant investi par les étrangers et MRE et de 25% de la capitalisation boursière. Autre indice qui confirme la confiance des investisseurs étrangers et MRE dans le potentiel de croissance des valeurs acquises : la nette prédominance des prises de participations stratégiques.
Celles-ci représentent en effet plus de 92% des actions cotées détenues par cette catégorie, pour un montant de 78 milliards de DH, soit une hausse de 45,5% par rapport à 2004. Le flottant détenu par les étrangers et les MRE, lui, bien qu’il ait connu une progression continue, ne représente guère plus de 2,6% de la capitalisation boursière contre 1,9% en 2004, ce qui explique que la part volatile des capitaux étrangers présents à la Bourse de Casablanca demeure très faible. Le marché n’est donc pas exposé à un risque de retrait massif et subit des flux étrangers.
L’autre aspect marquant des placements des MRE : le réel engouement pour les OPCVM. Comme pour l’année 2004, les personnes physiques demeurent prépondérantes dans l’investissement étranger en titres d’OPCVM. En effet, leur part représente 95% en 2005 contre 86% en 2004 soit respectivement 537 millions de DH et 466 millions de DH. Sans surprise, ce sont particulièrement les MRE qui optent pour ce type de placement sécurisé. Ces derniers accaparent la majorité du montant investi dans toutes les catégories d’OPCVM à l’exception de la catégorie « Obligations à court terme ». Ils détiennent 65% du montant total investi en titres d’OPCVM, soit 366 millions de DH en 2005 contre 349 millions de DH en 2004. Par ailleurs, les MRE détiennent principalement les OPCVM « Obligations à moyen et long terme », lesquels représentent 72% de l’ensemble de leurs investissements en titres d’OPCVM.
L’autre voie des « investissements MRE »
Aujourd’hui, si l’immobilier continue de prédominer dans les investissements réalisés par les MRE, d’autres activités montent en puissance. Il s’agit de la restauration, de l’hôtellerie, du transport et quelques activités agroalimentaires.
Jusque-là, aucune donnée chiffrée n’est disponible à ce jour concernant ces flux. À en croire une source au niveau de l’Office des Changes, la plupart des MRE ne pensent pas à retransférer les fonds en effectuant une cession de devises. Ces fonds restent le plus souvent logés dans un compte ordinaire avant d’être affectés à une transaction, notamment l’achat de résidence secondaire. Les banques comme l’Office en perdent la trace et ces fonds ne sont pas pris en compte dans les investissements des MRE. Ce qui explique d’ailleurs qu’il est impossible de décliner de manière précise les transferts en dépôts et investissements. Toujours est-il que les 2ème et 3ème générations s’intéressent de moins en moins au placement immobilier. Les jeunes mieux formés et plus qualifiés que leurs aînés penchent plutôt pour des investissements productifs en mettant à profit l’expérience acquise dans le pays d’accueil. Ils sont également à l’origine de joint-ventures avec des opérateurs étrangers.
Adama Sylla - La Gazette du Maroc
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