Les attentats dissuadent-ils les touristes ?

14 avril 2007 - 12h06 - Maroc - Ecrit par : L.A

Circulez, il n’y a rien à voir. Même s’il est encore tôt pour mesurer un éventuel impact des attentats de Casablanca et d’Alger sur les réservations des touristes ou sur l’intention de se rendre en Afrique du Nord, les professionnels du secteur ne tiennent pas à agiter le chiffon rouge.

Et pour cause, le Maroc et la Tunisie représentent la première destination touristique des Français partant en vacances en dehors de l’Europe. En 2005, le Maroc et la Tunisie enregistraient chacune environ un million de séjours de touristes français (chiffres de la Direction du Tourisme) et depuis, ces destinations enregistrent des progressions à deux chiffres.

"Face à ce genre d’événements, on préfère ne pas en rajouter et ne pas susciter chez les gens, des questions qu’ils ne seraient pas forcément posées d’eux-mêmes", estime-t-on à la Snav (syndicat national des agences de voyages). Idem au Ceto, (Centre d’étude des tours opérateurs), le silence est de rigueur. Et ceux qui s’aventurent à prendre la parole juge que les attentats n’auront vraisemblablement pas d’impact. "Casablanca n’est pas une destination touristique et la cible des kamikazes ne concernait pas non plus des hôtels ou des lieux fréquentés par des étrangers", estime un professionnel qui a souhaité conserver l’anonymat. "Si les explosions avaient eu lieu à Marrakech ou à Agadir, la réaction n’aurait pas été la même", poursuit-il.

Les touristes se sont adaptés

"Si j’étais un tour-opérateur, ce n’est pas ce que je dirais parce que l’on n’est pas à l’abri d’un malheur, même si la police touristique marocaine est extrêmement bien organisée", estime l’économiste Nicolas Bouzou, responsable du cabinet de conseil Astérès. Selon ce dernier, le tourisme représente 10% à 15% du PIB marocain. Un ralentissement de ce secteur d’activité serait un véritable revers pour l’économie marocaine "qui est en plein développement", juge Nicolas Bouzou.

Toutefois, les attentats dans cette région du monde ne se sont pas forcément traduits par une désaffection des touristes français : les actes terroristes commis en 2005 à Charm-El-Cheikh en Egypte sur des hôtels ne se sont pas accompagnés par une baisse de la demande de la destination. La destination était repartie très vite, selon la direction du tourisme. Du côté des professionnels, on note que, depuis le 11 septembre 2001, les vacanciers ont intégré la menace terroriste dans leur choix et que cela n’avait pas profondément modifié la carte des destinations préférées. Un attentat au Maroc ne veut pas dire qu’il y en aura d’autres qui suivront et d’autres lieux jusqu’à présent épargnés ne le seront pas forcément toujours.

"Ce qui n’est pas bon signe dans les attentats de Casablanca, c’est que cela signifie que les réseaux terroristes sont implantés des les quartiers populaires de la ville et c’est inquiétant", note Nicolas Bouzou. Selon ce dernier, c’est peut-être moins le tourisme que l’implantation d’activité qui pâtira des actions terroristes. "Dans les prochains jours, un grand centre doit ouvrir ses portes près de l’aéroport de Casablanca où seront installées les équipes délocalisées d’entreprises étrangères et notamment française". Le Maroc compte beaucoup sur ce secteur d’activité pour conforter sa croissance.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Casablanca - Tourisme - Terrorisme - Attentats de Casablanca - Menaces

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : le boom des appartements contraint les hôtels à revoir leurs tarifs

Au Maroc, une autre forme d’hébergement prospère au détriment des hôtels. Il s’agit des locations d’appartements touristiques qui ont pignon sur rue.

Tourisme : Le Maroc bat un record historique

Les recettes touristiques du Maroc ont atteint un nouveau record durant les sept premiers mois de 2024, notamment durant la période estivale.

Blanchiment d’argent : Le Maroc serre la vis et ça paye

La lutte contre les activités de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme connaît des progrès significatifs au Maroc. En témoigne le nombre de déclarations de soupçon reçues par l’Autorité nationale du renseignement financier (ANRF) en...

Le gouvernement marocain accusé de gonfler les chiffres du tourisme

Les députés de l’opposition ont chargé le gouvernement lundi au parlement, lui reprochant notamment d’avoir pris en compte 50 % des Marocains résidant à l’étranger (MRE) dans les 17,4 millions de touristes arrivés dans le royaume en 2024.

Maroc : l’Oriental, un nouveau rival pour Marrakech et Agadir

Le potentiel touristique de la région de l’Oriental est particulièrement fort. Journalistes, influenceurs et agents de voyage marocains et étrangers ont pu le découvrir lors d’un roadshow organisé par le Conseil régional du tourisme (CRT) avec le...

La flambée des prix plombe les vacances des Marocains

La hausse des prix des services touristiques pousse de nombreux Marocains à renoncer à leurs projets de voyage cet été, ou à réduire la durée de leurs vacances.

Des prix qui font fuir les touristes ?

La députée Fatima Tamni (Fédération de la gauche démocratique) a vivement critiqué la politique touristique du Maroc.

Maroc : un lac en péril

Le problème de l’assèchement du lac Tamda dans la province d’Azilal préoccupe le député Saïd Atghlast qui a adressé une question écrite à la ministre du Tourisme, de l’artisanat, de l’économie sociale et solidaire à ce sujet.

Le Maroc dégringole dans le classement mondial du tourisme

Coup de théâtre pour le tourisme marocain ! Le dernier rapport du Forum économique mondial révèle un recul inquiétant du Royaume dans l’indice de développement du tourisme et des voyages pour l’année 2024. Relégué à la 82ᵉ place sur 119 pays, le Maroc...

Un dangereux complot terroriste déjoué au Maroc

Le Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ) a réussi à déjouer un plan terroriste dangereux visant le Maroc, commandité par un haut dirigeant de Daech dans la région du Sahel.