Béziers : Mohamed, mort après un contrôle de police
Le parquet a ordonné, jeudi, une enquête pour "homicide involontaire" après le décès de Mohamed au commissariat de Béziers (Hérault). Il avait été interpellé par la police...
Plusieurs témoins ont contredit la version des trois policiers municipaux qui avaient interpellé Mohamed Gabsi, 33 ans, le 8 avril dernier à Béziers, lors d’un contrôle lié au confinement. Ils ont été placés en garde à vue jeudi.
Ces gardes à vue sont intervenues après l’ouverture d’une information judiciaire le 18 avril dernier pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l’autorité publique" et pour "non-assistance à personne en péril", fait savoir le parquet de Béziers. Houda Gabsi, la sœur du défunt exprime sa satisfaction : "Ce n’est que le début du combat, j’espère que mon frère n’est pas mort pour rien et que plus jamais cela ne recommencera", a-t-elle déclaré au journal Le Parisien.
Selon le procureur Raphaël Balland, les policiers municipaux avaient procédé au contrôle de Mohammed vers 22 h 20, mercredi 8 avril 2020, dans les rues de Béziers, où un couvre-feu est en vigueur à compter de 21 h. Cet homme condamné à huit reprises depuis 2005, est décédé après "plus de trois quarts d’heure de tentative de réanimation dans les locaux du commissariat de police de Béziers".
Selon les déclarations des policiers municipaux, la victime avait "refusé le contrôle et adopté à leur encontre un comportement très agressif, justifiant de procéder à son interpellation". Ce père de trois enfants sans emploi avait été alors transporté vers le commissariat de la police nationale à Béziers à l’arrière d’un véhicule sur le ventre, menotté, avec un des policiers municipaux assis sur ses fesses "dans le but de le maintenir".
Le témoignage de deux frères ayant assisté à la scène depuis leur appartement situé au rez-de-chaussée contredit la version des policiers donnée sur PV et en audition au mois d’avril dernier. L’un d’entre eux raconte avoir aperçu dans le véhicule de police un agent portant des lunettes de vue à genoux sur la tête de la victime et l’avoir entendu dire : "je vais te faire dormir". Au dire du témoin, le même fonctionnaire aurait lancé à un de ses collègues : "Laisse-moi le". Ensuite, les portières se referment sur le policier.
Selon le riverain, les suspensions du véhicule avaient bougé, puis le policier municipal était ressorti, essoufflé. Il déclarait en riant : "ça fait du bien". Le témoin poursuit sa narration : un autre agent aurait alors constaté que Mohamed avait vomi sur la banquette. Le frère du témoin confirme les déclarations. Il ajoutera que le même agent aurait enfoncé ses deux genoux dans le cou de la victime qui serait restée inerte, la tête pendant légèrement à l’extérieur de la voiture. Selon le parquet de Béziers, une analyse toxicologique avait révélé "un contexte d’intoxication aiguë suite à une prise massive de cocaïne" et le rapport d’une autopsie indiquait que la mort du trentenaire "pourrait résulter d’un syndrome asphyxique".
Aller plus loin
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Selon les résultats de l’autopsie communiqués par le parquet jeudi 4 juin, la mort de Mohamed, 33 ans, au commissariat de Béziers après son interpellation par des policiers...
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